Une première visite au Québec de « FIFI »

Un bombardier B-29 à l’aéroport de Saint-Hubert

Le B-29 Superfortress, un avion connu pour son rôle lors du largage de la bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945, a atterri à l’aéroport de Saint-Hubert le 16 juillet dernier. Les amateurs d’aviation et d’histoire ont pu visiter l’attraction toute la semaine.
Pour « FIFI », il s’agit d’une première venue au Québec dans le cadre d’une visite auprès du public. En fait, c’est même son baptême de l’air canadien, puisque l’avion n’a jamais mis les ailes au Canada. Sa tournée se poursuivra tout au long de la saison estivale. Le B-29 fera escale à Gatineau cette semaine, ainsi que dans plusieurs villes d’Ontario en août : Peterborough, North Bay, Kitchener, London, Windsor et Hamilton.
Mercredi dernier, les premiers visiteurs étaient nombreux à franchir les grilles pour observer l’avion historique. « Pour un mercredi, c’est une journée très occupée!, observe le directeur de tournée de la Commemorative Air Force des États-Unis, Don Boccaccio. Selon lui, plus de 300 personnes ont foulé le site sur lequel le B-29 est stationné. Parmi eux, beaucoup d’enfants. Il faut croire qu’il y avait une demande pour nous accueillir ici, car les Canadiens n’ont jamais vu un tel avion. C’est unique! »

« C’est envoûtant! » -Don Boccaccio

L’une des raisons pour lesquelles « FIFI » est en ville, c’est parce que les pilotes ont besoin d’une piste de 6 000 pi pour atterrir. À l’aéroport de Saint-Hubert, l’une d’elles (piste 06G/24D) mesure 7 800 pi. Mais il y a aussi d’autres raisons, comme l’explique la directrice aux ventes et développement d’affaires pour l’entreprise H18, Annemarie Mercedes Heikenwälder : « Nous les avons convaincus que Saint-Hubert était la place dans la grande région de Montréal pour faire escale. Il s’agit d’un emplacement idéal, et aussi, nous avons l’expérience d’accueillir ce genre d’avions. »
En effet, auparavant, H18 a présenté quelques événements de ce type, entre autres en 2013, lors de la venue de 45 appareils 737 et 6 000 à 7 000 passagers dans le cadre des Jeux du Canada. « C’est Sherbrooke qui devait accueillir tous ces gens, et finalement, nous avons pris la relève. Nous avons parfaitement géré la situation! » D’autre part, en 2015, l’Association canadienne de l’aviation d’affaire tenait une convention dans la région, ce qui a fait en sorte que l’aéroport de Saint-Hubert a reçu la visite de 22 avions Challenger, Gulf Stream et Kodiak, de même que quelque 600 professionnels de l’industrie.
Au cours de la semaine durant laquelle l’appareil était en démonstration à Saint-Hubert, la population était conviée à visiter ce monstre des airs tous les jours. Des tours en vol de 60 minutes étaient aussi disponibles pour 10 personnes à la fois, avec des coûts oscillant entre 595 et 1695 $ (selon le siège occupé dans l’avion), en devises américaines. Très tôt mercredi, les places étaient déjà réservées pour les quatre tours prévus. « C’est assez hallucinant à quel point les gens sont prêts à embarquer pour vivre cette expérience!, mentionne un autre bénévole, le Montréalais – le seul de l’équipe – Michel Fréchette, qui témoigne qu’il y a plusieurs passionnés d’aviation dans le Grand Montréal. Mais le feeling qui est ressenti lorsque le premier moteur s’active… le bruit, la vibration, c’est quelque chose! »
Pour sa part, Mme Heikenwälder parle d’un grand intérêt de la part des Canadiens pour cet avion. « L’expérience à Saint-Hubert est un franc succès! », commente-t-elle, ajoutant qu’un vétéran de 95 ans est venu voir le modèle qui avait fait escale. « Il volait dans cet avion à l’époque. »
M. Fréchette compare ce B-29, surnommé Superfortress parce qu’il est « conçu comme une forteresse volante » à un autre bombardier. « Il est semblable au B-17, une autre forteresse volante qui a servi du côté européen et qui était engagée dans le Pacifique. »

Un peu d’histoire

L’avion en visite à Saint-Hubert se voulait un modèle très rare. Selon les explications de M. Boccaccio, ce qui en fait un modèle si unique, c’est qu’il était « le seul qui pouvait contenir et larguer la bombe jusqu’au-dessus du Japon ». Aujourd’hui, seuls deux exemplaires sont encore en état de vol. Il n’y en a qu’un des deux qui fait la tournée de ville en ville, et ce, depuis 1974! « À l’époque, ils construisaient deux appareils et demi par jour! Environ 4 000 B-29 ont été bâtis. Celui-ci a été trouvé dans une base aéronavale de China Lake, en Californie, parmi des centaines d’autres avions abandonnés. De tous, c’était celui qui avait le plus de potentiel. L’homme qui l’a retrouvé l’a rafraîchi et remis en état de marche. “FIFI” était le nom de sa femme », raconte Don Boccaccio.
C’est d’ailleurs le fils de Fifi, un pilote, qui a déposé « FIFI » à Saint-Hubert lundi dernier.
Le bénévole se dit passionné par cet avion, qu’il qualifie d’« emblématique ». Pour M. Boccaccio, il n’y a rien comme tel de voir ce véhicule des airs voler à travers le pays. « C’est envoûtant! »
Le journal a appris qu’à compter du 13 août, la Commemorative Air Force des États-Unis sera de retour; cette fois avec un modèle d’avion B-25, qui sera de passage à Saint-Hubert pour une semaine. « Il s’agit d’un plus petit appareil, à deux moteurs, mais qui a aussi servi durant la Deuxième Guerre », de conclure Annemarie Mercedes Heikenwälder.

QUESTION AUX LECTEURS :

Avez-vous visité le B-29?