Une première hors de l’Asie

Saint-Bruno sera l’hôte de la première usine de récupération de terres rares à l’extérieur de l’Asie, ville choisie par l’entreprise en raison de sa localisation « stratégique ».

« On va traiter 1,5 tonne d’aimants par jour, pour produire environ 500 kg de terres rares quotidiennement », a expliqué aux Versants Kiril Mugerman, président de l’entreprise Géoméga, dont le siège social est situé à Boucherville.

Jusqu’à récemment, Géoméga était spécialisé dans l’exploration minière des éléments de terres rares. Lorsque M. Mugerman est devenu président de l’entreprise en 2015, il a choisi de lui faire prendre un nouveau virage. « J’ai décidé d’orienter l’entreprise dans le recyclage de terres rares. C’est comme ça qu’on est rentrés dans le domaine du recyclage d’aimants permanents », a indiqué le diplômé en géologie de l’université McGill.

Grâce à un procédé protégé par le secret industriel, Géoméga arrive à extraire des éléments de terres rares d’aimants permanents. Ces aimants sont utilisés dans une multitude de produits, que ce soit dans les téléphones cellulaires, les téléviseurs, voire dans les éoliennes.

La matière première utilisée par Géoméga provient à la fois des déchets produits par d’autres entreprises lors de la création d’aimants permanents et par la récupération d’articles en fin de vie.

« [On va]produire environ 500 kg de terres rares quotidiennement. » – Kiril Mugerman

« La plupart des entreprises qui font du recyclage de fer ne touchent pas les aimants, car elles ne savent pas comment les traiter. C’est là qu’on entre en jeu », a résumé M. Mugerman.

Cycle

Les terres rares récupérées – le néodyme, le praséodyme, le terbium et le dysprosium – seront vendues à d’autres entreprises. Ultimement, les substances seront retransformées en nouveaux aimants, et pourraient donc se retrouver dans un téléphone intelligent plus récent.

Selon M. Mugerman, son entreprise se démarque de celles présentes en Asie en raison du procédé unique qu’elle met de l’avant. « Elles utilisent toutes de vieilles méthodes qui sont vraiment polluantes. Nous, on a développé une méthode qui est à la fois économique et environnementale », assure le président de l’entreprise.

Localisation stratégique

Géoméga sera locataire d’un local situé dans le secteur industriel de Saint-Bruno, sur la rue Marie-Victorin. L’usine devrait entrer en fonction au cours de la prochaine année. Des discussions ont actuellement lieu avec la Ville afin d’obtenir les autorisations nécessaires. « La matière première qu’on va traiter va parfois arriver par bateau, d’autres fois par camion des États-Unis. La localisation de Saint-Bruno est très stratégique pour nous », a fait remarquer M. Mugerman.

De cinq à dix employés, des techniciens et des ingénieurs, travailleront à l’usine. M. Mugerman estime à environ 3 millions de dollars les investissements nécessaires au démarrage de l’usine. Géoméga a d’ailleurs reçu un prêt de 1,72 million de la part du gouvernement du Québec afin de soutenir la construction de l’usine et pour acquérir de nouveaux équipements.

Question aux lecteurs : Que pensez-vous de l’arrivée de cette industrie à Saint-Bruno?