Une maman de 4 témoigne sur l’aide alimentaire

À Saint-Bruno, le Centre d’action bénévole Les p’tits bonheurs vient en aide à ceux qui en ont besoin.

« Sans l’aide du Centre d’action bénévole, on ne mangerait pas et on ne ferait pas d’activités. C’est une question de survie. »

Parmi ces familles bénéficiaires de l’aide alimentaire du Centre d’action bénévole (CAB) Les p’tits bonheurs, il y a celle de Mélissa*, une mère monoparentale de quatre enfants, âgés de 9 à 19 ans. Deux vont au cégep. Détentrice d’un baccalauréat en traduction et d’une mineure en comptabilité, elle se qualifie de « travailleuse autonome multidisciplinaire ». Ensemble, ils demeurent dans un appartement dont le loyer s’élève à 1500 $ par mois. À quelques jours de Noël, la maman s’est confiée au journal Les Versants.

Aide alimentaire

Mélissa fréquente le comptoir alimentaire depuis les six derniers mois. À raison d’une fois par semaine. Parfois aux deux semaines. Sur place, elle peut choisir ce qu’elle va rapatrier à la maison afin de remplir le frigo et garnir les tablettes du garde-manger. Pour qu’au final ses enfants puissent déjeuner le matin avant de quitter pour l’école, ou encore pour que tous ensemble, ils puissent prendre le repas le soir à la maison. Des fruits et légumes, du yogourt, des pains (baguette, tranché…), du lait, de la viande… Selon elle, elle économise ainsi quelque 200 $ de nourriture par semaine. Le CAB demande une minime contribution. « Il y a vraiment de tout. C’est gênant de repartir sans presque rien donner en retour », commente-t-elle.

Ce n’est pas la première fois que Mélissa fait appel à l’aide alimentaire. Il y a six ans, sa famille s’est installée à Saint-Bruno. Quelques mois plus tard, son couple s’est séparé. « Il a gardé la maison », raconte la travailleuse autonome, qui fréquente parfois la friperie du CAB. « J’avais entendu parler de l’organisme et de son aide alimentaire. »

« Depuis la pandémie, je n’arrive pas à retomber sur mes pieds. C’est plus difficile qu’après mon divorce. Je n’arrive pas à remonter la pente. » – Mélissa

Un an après son divorce, en décembre 2017, elle communique avec le CAB et demande un coup de main. Toute seule, avec les enfants, elle n’y arrive pas. Sa situation personnelle et financière la rend éligible. Elle fait partie de « ceux qui ont droit » d’obtenir de l’aide. « Il faut savoir piler sur son orgueil », dira-t-elle à quelques reprises pendant l’entrevue.

À ce moment-là, les enfants savent que leur mère franchit les portes du comptoir alimentaire chaque semaine afin de les nourrir plus convenablement. « Ils étaient corrects avec cette idée. Ils trouvaient ça cool. »

Une première pendant un an

Pour Mélissa et ses enfants, ce premier coup de pouce alimentaire s’étend sur une année environ, jusqu’en décembre 2018. Période durant laquelle elle réussit à reprendre le dessus.

Or, cette fois, à la suite de la COVID-19, la femme a de nouveau besoin d’assistance. Elle ne peut pas travailler. Les enfants sont à la maison. Les choses se compliquent. La Montarvilloise retourne au CAB, qui l’accueille, puisque malgré son emploi décent, sa situation de mère monoparentale de quatre enfants qui défraie un loyer de 1500 $ le lui permet. « Je ne voulais pas y retourner, mais depuis la pandémie, je n’arrive pas à retomber sur mes pieds. C’est plus difficile qu’après mon divorce. Je n’arrive pas à remonter la pente. Tout coûte plus cher, tout augmente », déplore celle qui espère reprendre le dessus d’ici l’été prochain.

Cette fois, les jeunes ignorent que maman est retournée vers l’aide alimentaire. « Je ne leur en ai pas reparlé et ils ne savent pas d’où vient la nourriture. Je reviens à la maison avant eux. »

Au-delà de l’aide alimentaire

Faire appel au CAB Les p’tits bonheurs va au-delà de l’aide alimentaire. Par exemple, le 21 décembre, des bénévoles sont venus cogner à la porte de la famille pour lui offrir un panier de Noël. Garni de nourriture, de denrées, de gâteries pour les enfants… Une dinde ou un jambon, des fromages, des chocolats ou un gâteau trôneront peut-être au sommet des victuailles. Puis, des cadeaux emballés pour les jeunes s’ajouteront aussi au colis. Quand on dit que les dons remis à la guignolée de la paroisse retournent dans la communauté de Saint-Bruno, en voici un exemple.

Ce n’est pas tout. Avant la rentrée en septembre, les bénévoles se sont occupés des listes scolaires des quatre gamins de Mélissa. « Cette année, c’était mon tour de payer les inscriptions aux cégeps de mes plus vieux. Sans l’aide pour les listes scolaires, je n’y serais pas arrivée », admet-elle.

Sans cette épaule sur laquelle la mère de famille s’appuie le temps que les choses se replacent – elle touche du bois – Mélissa ne pourrait pas se permettre quelques sorties avec ses enfants. Une journée de ski. Une journée à La Ronde. Des petits bonheurs…

Une aide précieuse

Mélissa évalue qu’elle a économisé autour de 5000 $ à 6000 $ depuis les six derniers mois grâce au CAB Les p’tits bonheurs. « J’aime ces gens. Ils ne nous jugent pas et ne nous prennent pas de haut. Ils sont discrets. Pour cela, je suis reconnaissance. Mais aussi, c’est toujours les mêmes bénévoles. Aujourd’hui, je reconnais ceux qui étaient là en 2017 et 2018. Des gens de cœur. Tout l’orgueil et toute la gêne ne valent pas ce que l’on reçoit de leur part », exprime Mélissa.

* Nom fictif : notre intervenante a préféré conserver l’anonymat.