Une lueur d’espoir

Les quatre Montarvilloises, qui luttent depuis plusieurs années auprès du ministère de l’Éducation afin d’obtenir justice et réparation pour le traitement de leur cas, viennent d’obtenir une petite victoire grâce à la récente publication de rapports du Protecteur du citoyen.
Chacune d’entre elles avait déposé une plainte auprès du Protecteur du citoyen au printemps 2017, dénonçant le traitement de leur plainte par le ministère de l’Éducation à l’égard de la prise en charge et des mesures de vérification réalisées par l’Académie des Sacrés-Cœurs, mais aussi l’intervention limitée du ministère.
Les rapports furent rendus un an et demi après le dépôt des plaintes, alors que le délai est normalement de 60 jours.
« On a toutes les mêmes constats, ça veut dire que la situation a été généralisée et qu’ils s’adressent à tous les enfants qui fréquentent les écoles privées », souligne Christine Gingras, l’une des quatre mères qui ont porté le dossier.

Quatre recommandations

Le Protecteur du citoyen reconnaît les limites du pouvoir d’intervention du gouvernement, mais souligne l’absence d’un recours neutre et indépendant et d’une enquête approfondie.
Il a donc émis quatre recommandations à l’intention du ministère et à la Direction de l’enseignement privé. Il a demandé de mettre en œuvre une politique de traitement des plaintes à l’égard des établissements d’enseignement privé prévoyant une procédure applicable aux situations d’intimidation, et ce, afin d’instaurer un processus uniforme. C’est ce que veulent depuis longtemps les Montarvilloises et le député Jean-François Roberge, porte-parole de la CAQ en matière d’éducation.
Il recommande également au ministère de créer des balises qui permettent de déterminer à quel moment il devient justifié de transmettre le dossier au ministre pour décision quant à la tenue d’enquête. Il faut savoir que le ministre a le pouvoir de décider s’il y aura enquête sur un dossier si le processus de médiation n’est pas concluant.

« Le Protecteur du citoyen vient de valider qu’il y a une faille dans le traitement des plaintes au privé. »
– Christine Gingras

Le Protecteur du citoyen termine en demandant de réexaminer les quatre dossiers.
Les mères accueillent ce rapport avec bonheur. « Le Protecteur du citoyen vient de valider qu’il y a une faille dans le traitement des plaintes au privé, depuis 2012 que le gouvernement laisse croire le contraire, dit Christine Gingras. Donc ça fait voir que tous les élèves au Québec ne sont pas protégés également contre l’intimidation. »
Il représente pour elles une petite victoire dans une grande bataille. « Ça a fait voir que c’est un combat qui est semé d’embûches et là, on a eu une lueur d’espoir », d’ajouter Sonia Grenon.

En attente d’actions

Les Montarvilloises s’attendent à ce que le ministère de l’Éducation prenne acte du rapport publiquement et adopte des mesures rapidement, avant les élections. « À l’heure actuelle, avec tout ce qui est arrivé, c’est justifié que le ministre s’implique dans le dossier », estime Christine Gingras.
Jean-François Roberge n’est pas aussi convaincu. Il explique : « D’ici la fin août, je ne crois pas que le ministre fasse quoi que ce soit. Ça prend une modification législative et l’Assemblée nationale ne siège pas, donc c’est un rendez-vous manqué. C’est le prochain gouvernement qui bougera, ou ne bougera pas, dépendamment des résultats. »
La Fédération des établissements d’enseignement privé du Québec (FEEP) ne se sent pas interpellée par le rapport. « On est soumis à la Loi sur l’enseignement privé, donc c’est le ministère qui nous demande et qui revoit les plans de lutte à l’intimidation, et à qui on remet des rapports », justifie David Bowles, président du conseil d’administration de la FEEP.
Il n’y aura donc pas de changement dans le traitement des plaintes au sein des écoles privées, à moins que l’initiative ne parte du gouvernement. « À l’intérieur de nos écoles, il y a toutes sortes de processus et les plans de lutte à l’intimidation fonctionnent, c’est pourquoi les parents nous choisissent, selon les sondages; donc, on ne pense pas qu’il y a matière à changement », poursuit-il.
Le cabinet du ministre Sébastien Proulx n’a pas donné suite aux demandes des Versants.

Regroupement

Christine Gingras porte à l’attention des lecteurs un moyen d‘entrer en contact avec elles. Elle explique: «Si les gens veulent partager leur vécu, leur frustration ou leur motivation, nous sommes ouvertes. On a découvert qu’on se sent tous un peu démunis et que c’est très réparateur de se regrouper et d’impliquer les enfants, afin qu’eux aussi puissent goûter aux petites victoires. » Les personnes désirant joindre leur voix peuvent le faire à cette adresse courriel: securitedeseleves@gmail.com.