Une héroïne honorée à Sainte-Julie

La Julievilloise Caroline Allard a été honorée par la Ville pour avoir sauvé la vie d’un coureur au printemps dernier. Le journal Les Versants a rencontré cette citoyenne exemplaire afin de raconter son histoire.
La mère de quatre enfants est le genre de personne qui a le cœur sur la main et place le bonheur des autres avant le sien. Elle accumule les heures de bénévolat en plus de ses deux emplois en couture de vêtements de sport et en campagnes de financement. Caroline Allard n’aurait jamais pensé qu’une journée de printemps, elle sauverait la vie de quelqu’un.

8 avril 2017, 14 h 10

Peu avant son entrée en scène, les frères Dominic et Étienne Beaudoin, ce dernier en visite de Vancouver chez Dominic, joggaient ensemble. À la fin du parcours de cinq kilomètres qu’ils s’étaient fixé, Dominic s’était éloigné de son frère, qui avait arrêté un peu avant. C’est après une période indéterminée que Caroline Allard, revenant de l’épicerie, découvre Étienne Beaudoin étendu sur la piste cyclable et s’arrête pour l’interpeller. « Comme il ne répondait pas, je suis allée le voir et il était inconscient, raconte-t-elle. J’ai essayé de sentir son pouls, mais je ne le trouvais pas. »

« Ça m’a marquée, ça va toujours m’habiter. » – Caroline Allard

Automatiquement, elle a appelé le 911 pour faire venir les services d’urgence. Au même moment, un homme et deux autres femmes, des infirmières, sont arrivés sur les lieux, et le groupe a commencé des manœuvres de réanimation cardio-respiratoire (RCR). « Je ne sais pas pourquoi, c’est peut-être ma personnalité, mais pendant les manœuvres, j’ai mis sa tuque sous sa tête pour pas qu’il ait mal et je lui parlais tout le long! », s’exclame Caroline Allard.
Au beau milieu de l’action, un homme est arrivé en courant : c’était le frère de la victime. « Cela a ajouté une charge émotive énorme. » Après environ dix minutes de RCR, l’ambulance est arrivée. « Ça a été un travail d’équipe incroyable, on était quatre inconnus à se relayer. On comptait ensemble les compressions et les insufflations. » La victime a dû recevoir au moins cinq charges de défibrillateur avant de ravoir un pouls. En se retirant, Caroline Allard et Dominic Beaudoin ont pu se raconter leurs histoires respectives.
En rentrant chez elle, elle était convaincue qu’il n’allait pas survivre. Dans les jours suivants, elle relate l’histoire à ses proches, dont une amie infirmière. Cette dernière lui dit qu’il y avait un homme, un joggeur de 40 ans de Vancouver, aux soins intensifs, maintenu en vie artificiellement. J’étais encore sûre qu’il ne s’en sortirait pas parce que j’avais lu que moins de 15 % des gens qui font un arrêt cardiaque en dehors d’un milieu hospitalier réussissent à s’en sortir. »

14 avril

Le vendredi, Caroline Allard et son conjoint se préparaient pour Pâques lorsque le téléphone s’est mis à sonner, mais ils ont choisi de l’ignorer. Plus tard, son mari a insisté pour qu’elle écoute le message vocal : Dominic, le frère de la victime, lui annonçait qu’elle avait sauvé la vie à Étienne. Caroline Allard reprend cette partie de l’histoire, très émotive : « Je n’ai rien entendu d’autre tellement je pleurais et je me disais : ‘’ Mon Dieu, on l’a sauvé!’’ Je l’ai rappelé, j’ai parlé à Étienne, même si on faisait plus pleurer, et on s’est donné rendez-vous chez moi le dimanche. »

16 avril

La rencontre des deux individus était un autre moment émotif. Étienne Beaudoin est venu avec sa femme, leur fille de trois ans et leur bébé de trois mois. Ils se sont alors tout raconté de cette journée et sont devenus proches très rapidement. Il a dit à Caroline Allard : « Sans toi, j’aurais pu ne pas connaître mon fils, mes enfants auraient grandi sans père. »

23 novembre

Lors de la soirée reconnaissance, Étienne Beaudoin a enregistré une vidéo à l’intention de celle qui l’a sauvé. Il y raconte, avec sa fille sur les genoux, l’acte courageux que la Julievilloise a porté à son égard et la remercie à de multiples reprises. L’héroïne a reçu une ovation debout des gens dans la salle, aussi touchés qu’elle.
Encore aujourd’hui, Caroline Allard est secouée par ce qui s’est passé : « Je deviens encore émotive quand j’y pense. Ça m’a marquée, ça va toujours m’habiter. » La citoyenne tient également à ce que les autres personnes ne soient pas oubliées : « Je serais vraiment contente qu’ils se reconnaissent dans l’article et sachent qu’on a sauvé quelqu’un ensemble. »