Démission de Denis Laplante : «Une brique sur mon bureau»

Denis Laplante, directeur du Service de l’urbanisme, de l’environnement et du développement durable, au cœur des dossiers les plus difficiles, a déposé mercredi sa démission de la Ville de Saint-Bruno.

La situation est critique à Saint-Bruno-de-Montarville et la démission de Denis Laplante vient rendre la situation encore plus difficile.

« Je quitterai mes fonctions le 10 avril pour relever de nouveaux défis », a indiqué sans ajouter de commentaire Denis Laplante au journal. L’homme derrière les grands dossiers de la Ville comme le Plan de conservation des milieux humides, la Vision stratégique 2035, la révision du Plan d’urbanisme, les politiques nourricière et d’habitation. Il s’occupait également des dossiers concernant le parc industriel.

« Quand il est venu déposer sa démission, c’est une brique qui est tombée sur mon bureau. Denis Laplante était à un poste-clé au sein de l’administration municipale. Il était au cœur de plusieurs dossiers difficiles à Saint-Bruno, comme l’implantation du futur centre aquatique, la construction du projet COGIR, les poursuites intentées contre la Ville pour plusieurs projets immobiliers. Il s’occupait de l’urbanisme, mais aussi de l’environnement. Il y quelques mois, nous avons perdu son directeur adjoint, qui a été remplacé par quelqu’un, mais nous ne le connaissons pas assez bien pour lui octroyer le poste. Nous perdons en tous les cas la mémoire corporative de M. Laplante », explique au journal Sylvain Brouillette, directeur général (DG) de Saint-Bruno-de-Montarville.

« Je ne suis ni urbaniste ni superman. Je ne pourrai pas remplacer M. Laplante et je ne tenterai pas de minimiser l’impact de son départ. » – Sylvain Brouillette

Depuis son arrivée, M. Brouillette se démène pour rassembler ses troupes et instaurer un climat de travail sain. Soulignons que Guy Hébert avait démissionné de son poste de DG en mars 2019. Il occupe aujourd’hui les mêmes fonctions à La Prairie.

En octobre, nous apprenions que trois directeurs de services manquaient à l’appel pour des raisons de santé. Le directeur adjoint à l’urbanisme s’était quant à lui retiré.

Alors que tout le monde était de retour, c’est aujourd’hui le directeur de l’urbanisme, de l’environnement et du développement durable qui décide de faire « une réorientation de carrière. C’est la raison qu’il m’a donnée et que je ne commenterai pas », a indiqué M. Brouillette aux questions du journal.

Sans se détourner du sujet, le DG sait que désormais il est urgent de trouver une solution. « Je ne suis ni urbaniste ni superman. Je ne pourrai pas remplacer M. Laplante et je ne tenterai pas de minimiser l’impact de son départ. Les dossiers vont prendre du retard. Je suis en train de décortiquer tout cela et il est possible que nous allions chercher une solution à l’externe. »

Entre l’arbre et l’écorce

Même s’il n’a pas voulu commenter la situation de la Ville où il règne un climat délétère entre les élus d’une majorité d’indépendants et le Parti montarvillois, dont le maire fait partie, M. Brouillette est la personne devant naviguer entre une administration sans objectifs clairs et un conseil municipal en guerre.

Martin Murray, maire de Saint-Bruno, n’a d’ailleurs pas voulu expliquer le départ de M. Laplante, soutenant qu’il ne s’ingérait pas dans le travail de M. Brouillette. « Il ne partira pas tout de suite et nous avons quelqu’un pour le remplacer. C’est en tous les cas une grande perte. Il était apprécié de beaucoup. C’est un professionnel exceptionnel avec qui il a été intéressant de travailler à tous points de vue », s’est limité à dire M. Murray.

M. Laplante ne partira en effet pas tout de suite, mais la fin du préavis arrivera vite. « M. Laplante a été très professionnel. Il sera avec nous environ trois semaines », a précisé M. Brouillette.

Pour Jacques Bédard, conseiller indépendant du district 7, ancien membre de l’équipe du maire au sein du Parti montarvillois, l’ingérence du M. Murray auprès des fonctionnaires est la voie qu’il a l’air de privilégier pour expliquer ce départ préjudiciable à la municipalité. « Le changement d’orientation entre l’administration qui se croit au pouvoir et la vraie administration semble fréquent. M. Laplante a déjà demandé au conseil qu’on lui donne des alignements fermes. Il faut noter que les conseillers municipaux ne sont pas à l’hôtel de ville à temps plein. Le maire s’ingère auprès des fonctionnaires quand le directeur général n’est pas là. À quel point M. Laplante était-il contrarié de cette situation? Nous avons d’un côté un DG à la recherche de solutions et de l’autre, un maire qui travaille contre la ville. Je ne reconnais plus Martin Murray. »

M. Bédard a soutenu au journal que des plaintes avaient été déposées auprès de la Commission municipale du Québec (CMQ) par des conseillers depuis plus de deux ans. « M. Besner est venu au micro du dernier conseil municipal pour que le conseil vote une indemnité de départ au maire; je crois que cela serait une sortie honorable. »

Pour Caroline Cossette, conseillère indépendante du district 3, et elle aussi une démissionnaire du Parti montarvillois, Saint-Bruno manque de ressources : « Le conseil commence à le comprendre. Il est nécessaire de limiter le nombre de projets et d’augmenter les ressources tant que possible. Il y a des gens qui se sont fatigués dans tout ça. Le département de M. Laplante a subi beaucoup de pression sur des dossiers très controversés. »