Un retard culturel

À Saint-Bruno-de-Montarville, des millions de dollars seront investis pour la bonification des infrastructures sportives. Selon certains, les infrastructures culturelles seraient mûres pour une amélioration. 

« Le type de salle que nous avons ici ne peut pas permettre de spectacles à grand déploiement. Nous n’avons pas les installations pour ça. La grandeur de la scène a des limitations », reconnaît la conseillère municipale, Hélène Ringuet.

« Ce n’est pas prévu dans ce mandat-ci. » – Hélène Ringuet

Des limitations

Par limitations, l’élue évoque aussi le nombre de personnes que peut accueillir la salle du Centre Marcel-Dulude. « Ici, c’est 450 places. Nous ne pouvons pas aller au-delà de ça. C’est l’une des grosses limitations », dit-elle, ajoutant que certains artistes ne se déplacent pas en bas de 1000 ou 2000 spectateurs.

La responsable de la culture à Saint-Bruno-de-Montarville rencontrait Les Versants dans le cadre du dévoilement de la nouvelle programmation du Centre Marcel-Dulude. Questionnée sur les infrastructures culturelles, elle répond qu’il y a toujours place à davantage d’événements et d’infrastructures culturelles, et ce, peu importe la municipalité. Toutefois, il y a des priorités et des contraintes budgétaires. Comme se plaît à le répéter le maire, Ludovic Grisé Farand, « les besoins sont illimités, mais les ressources sont limitées ».

Plan d’action sur cinq ans

Mme Ringuet poursuit. « Il y a beaucoup de choses à faire. Nous en avons réglé beaucoup depuis que le nouveau conseil est en fonction. Les boisés et les infrastructures sportives ont mobilisé le temps de la fonction publique. La culture, c’est important à Saint-Bruno. Nous en discutons. Elle n’est pas reléguée aux oubliettes. Mais en termes de grosse infrastructure, ce n’est pas la priorité, une nouvelle grande salle, ni même dans les cartons, ni même dans notre Programme triennal d’immobilisations (PTI). Ce n’est pas prévu dans ce mandat-ci », clarifie la conseillère municipale, qui nous renvoie à la Politique culturelle et son Plan d’action arts, culture et patrimoine 2024-2028, adoptée en janvier.    

Pour expliquer les dizaines de millions de dollars accordés pour un complexe sportif avec centre aquatique et une patinoire couverte réfrigérée, le maire Grisé Farand est d’avis que la Ville avait du retard à rattraper. « Depuis 1972, depuis la construction de l’aréna, il n’y a pas eu de projet d’infrastructure sportive majeure à Saint-Bruno. Il était temps! » Les deux infrastructures viendront bonifier le parc Marie-Victorin, en faire une « cité des sports ». 

Un retard de 20 ans?

Pour la culture, l’investissement le plus récent pour une infrastructure d’envergure remonte à 1997. Soit la construction du centre socioculturel, devenu ensuite le Centre Marcel-Dulude. Le conseil municipal avait adopté un emprunt de 2,2 millions de dollars.

La bibliothèque municipale a été construite en 1982 et a subi une cure de rajeunissement il y a quelques années. Le centre communautaire a été bâti en 1986. « Des investissements dans la culture, ça fait très longtemps qu’il y en a eu à Saint-Bruno. Dans nos équipements culturels, je dirais que depuis 20 ans, ça fait dur à Saint-Bruno », commente Serge Moquin, lors d’une assemblée régulière à Saint-Bruno. Selon lui, Saint-Bruno a pris du retard à se doter d’installations récréatives, sportives et culturelles. Le citoyen déplore les millions accordés aux infrastructures sportives par rapport à l’absence de projets structurants en culture. Pour ce Montarvillois, les infrastructures culturelles se résument à la bibliothèque, au Vieux Presbytère et au Centre Marcel-Dulude. « Il y a un débalancement. Dans un équilibre correct, je me questionnerais à savoir si nous ne devrions pas investir davantage dans des équipements culturels », ajoute-t-il en s’adressant au conseil municipal. 

Selon les acteurs de la culture

Le journal a questionné quelques artistes locaux pour savoir ce qu’ils pensaient du sujet. « Ce serait génial d’avoir une salle au centre-ville de Saint-Bruno qui pourrait servir pour de petits concerts devant 250 personnes. Une vraie salle de concerts », commente le président de l’Harmonie Mont-Bruno, Raymond Bédard.  

« Il y a toujours eu un déséquilibre, soutient l’artiste peintre Jacques Landry. L’offre culturelle est principalement assurée par les organismes à but non lucratif. Le Plan d’action culturel pour les prochaines années, 2024-2028, annonce peu d’investissements à cet effet. Je note une meilleure écoute des gens de la Ville, cependant, les moyens financiers semblent limités. »

Pierre Duhamel déplore l’absence de salle d’exposition sur un seul plancher pour que les artistes puissent exhiber leurs œuvres. « Les petits vieux comme moi ont de la difficulté à monter les marches. Ils ne peuvent pas accéder aux expositions complètes du Vieux Presbytère », plaide l’artiste peintre. 

Récemment, la Ville a investi dans une rampe d’accès au Vieux Presbytère. Toutefois, M. Moquin déplore, lui aussi, qu’il n’y a aucun moyen « pour accéder à la moitié des surfaces d’exposition, au second étage ».