Un plan de réforme qui mise sur le numérique et le projet de loi 11

Le 29 mars dernier, le gouvernement du Québec a présenté son « Plan pour mettre en oeuvre les changements nécessaires en santé ».

D’ici 2025, Québec entend mettre en place un système d’accès rapide aux services en clinique médicale, garantir plus de chirurgies, réduire la bureaucratie, solliciter davantage l’avis des patients, et éliminer les chambres à plusieurs occupants dans les CHSLD.

Misant sur une meilleure collaboration entre les secteurs privé et public pour pallier le manque de personnel, et sur l’interdisciplinarité au sein des groupes de médecine familiale (GMF), il souhaite également réviser à la baisse la rémunération des omnipraticiens pour favoriser « une meilleure gestion » de leurs horaires, grâce à l’accès aux données que permettra le projet de loi 11.

Projet de loi 11

Selon le gouvernement, la loi 11 permettra d’augmenter l’offre de services de première ligne par les médecins omnipraticiens, et d’améliorer la gestion de cette offre de manière optimale, un avis que la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) ne partage pas. Le Dr Claude Rivard, médecin de famille à Sainte-Julie, médecin en soins palliatifs à l’Hôpital Pierre Boucher et président de l’association Richelieu-Haut St-Laurent au sein de la FMOQ, estime que « Le projet de loi n’est là que pour donner légalement le droit au ministre d’utiliser les données de facturation transmises à la RAMQ (Régie de l’assurance maladie du Québec) et de faire littéralement des bulletins pour évaluer la productivité des médecins selon des critères établis par le ministère, et appliquer des pénalités ».

« Les Québécois méritent un meilleur système de santé. » – Christian Dubé

Interviewé au cours du mois dernier, le médecin omnipraticien a déclaré que « Le projet de loi 11 ne pourrait arriver à un pire moment (…) en deux ans, on a perdu des docteurs. Plusieurs ont pris leur retraite durant cette période. Avant, les GMF (Groupes de médecine familiale) reprenaient les patients des médecins qui quittaient leur clinique. Mais en raison de la COVID et de la mobilisation des ressources ailleurs, les nouveau médecins n’ont pu récupérer les patients de ceux qui quittaient. Or, ce contexte n’a pas l’air d’être pris en considération par le gouvernement. »

Un virage numérique

Le guichet d’accès à une première ligne permettra aux Québécois d’être pris en charge « par le bon professionnel, dans un délai raisonnable», tout en ayant la possibilité de « donner une évaluation du service qu’on vient de recevoir ». « Les Québécois méritent un meilleur système de santé », a insisté le ministre de la Santé, Christian Dubé, en point de presse.

Grâce au projet de loi 19, le gouvernement entend éventuellement permettre au réseau d’en finir avec le fax, et implanter un dossier santé numérique (DSN) auquel chaque patient et chaque établissement de santé aura accès. « L’utilisation anachronique du fax dans les hôpitaux est devenue le triste symbole d’un retard en matière de développement des technologies de l’information. Un grand chantier de modernisation numérique est nécessaire », peut on lire dans la publication intégrale de son plan de refondation.

Libérer quelques lits et en ajouter

Or, si M. Dubé qualifie d’ « ambitieux » les objectifs du programme, ce dernier n’annonce pas la promesse d’une prise en charge rapide dans les urgences, ni celle d’un médecin de famille pour tous, ou encore celle d’une admission en chirurgie dans un délai maximal d’un mois, ce qu’espèrent des millions de Québécois à ce jour. Les espoirs de la réforme se fondent ainsi sur le guichet d’accès, auquel le ministre soutient que la majorité des patients orphelins pourront avoir recours dès la fin de l’été, sur l’ajout de lits en centres hospitaliers, et sur la complétion du virage ambulatoire pour offrir des soins en CHSLD et à domicile plutôt qu’à l’hôpital.