Un humoriste « relax » sous le ciel de Saint-Bruno

Jérémy Demay a accepté d’être le rédacteur en chef d’un jour aux Versants, où il a passé une partie de l’après-midi lundi. L’humoriste ne cesse de bien aller et il se lancera bientôt le défi d’aller faire rire ses anciens compatriotes français.

Depuis son Saint-Bruno-de-Montarville d’adoption, Jérémy Demay va bien, même très bien sur le plan professionnel : « Je suis plutôt du genre cool dans la vie. Quand je suis sur scène, je ne joue pas un personnage. Je suis vraiment comme je suis dans la vraie vie. »
L’humour, il l’a appris au Québec quand il est arrivé de France après avoir étudié en marketing à Marseille. « Je n’ai rien retenu de mes études. Mais je devais faire un stage à l’étranger et j’ai choisi la capitale de l’humour. Je ne suis jamais reparti. Cela fait 14 ans maintenant que je suis ici. J’ai une maison, j’ai une blonde, mes amis, ma vie. Je suis un peu comme Kevin Costner dans Danse avec les loups, je suis devenu plus québécois que français. »
Jérémy Demay est le premier humoriste français à avoir fait sa place au Québec. Il faut dire que son intégration est totale. Depuis qu’il a acquis la nationalité canadienne il y a cinq ans, il ne cesse de se sentir bien ici : « Je suis fier d’être québécois. J’adore ce pays. J’aime avoir la paix avec mes quatre voisins, j’aime le tutoiement fait toujours avec respect. Je ne renie pas la France, mais j’ai trouvé mon pays d’adoption. »
C’est d’ailleurs au Québec qu’il a tout appris du rythme qu’il a dans ses spectacles pour tenir en haleine son public : « J’ai un humour à la québécoise. Il y a ici quelque chose de particulier. La culture de l’humour est dans le cœur des gens. »
En 2008, il commence à se faire une réputation dans la Belle Province. Élu Révélation de l’année du Festival Grand Rire de Québec, et gagnant de l’édition 2008 de l’émission En route vers mon premier gala Juste pour rire, Jérémy Demay est lancé.
Les mésaventures de la célèbre franchise d’humour québécoise qui l’a fait naître professionnellement « ça a fait du bien! Cette période terrifiante de #MeToo, ça a permis de faire un refresh. Éliminer des gens qui n’avaient plus rien à faire là. Ça a été bénéfique pour l’humour. Les gens qui étaient là avant appartenaient à une autre époque. »

« Je suis un peu comme Kevin Costner dans Danse avec les loups, je suis devenu plus québécois que français. »

Pour Jérémy Demay, Gad Elmaleh, comme de nombreux Français, a été une référence dans l’humour. Depuis qu’il a été démontré qu’il copiait régulièrement des répliques d’autres humoristes, son lustre s’est terni, même auprès du public franco-canadien. « Je l’admire toujours quand même, car il a écrit beaucoup de choses originales, mais c’est dommage qu’il ne veuille pas admettre qu’il a triché. Dans le milieu, tout le monde le savait. C’est dommage pour l’homme, mais je ne pense pas que l’artiste en paie le prix. Il n’a pas fait de crime. Copier des gags, ça fait chier les humoristes, mais les gens s’en foutent. »

À Saint-Bruno-de-Montarville

Si vous habitez à Saint-Bruno, vous l’avez sûrement déjà vu du haut de ses deux mètres avec son petit vélo électrique sillonnant les rues pour aller boire son café au Cafellini, se faire une bouffe au Markina, prendre une crème glacée ou encore courir dans la montagne avec sa blonde : « C’est magnifique, il y a plein de ‘’bambis’’. Je suis fou de mon village. Je sais que c’est une ville, mais pour moi, c’est un village. Il y a des gens très respectueux. Ils sont très gentils. »
Même s’il ne s’intéresse pas trop à la politique, il a entendu dire que le parc Rabastalière pourrait accueillir un centre sportif. « J’adore le parc Rabastalière, c’est à 250 mètres de chez moi. Y faire un gros centre sportif, ce n’est pas cool. C’est sûr que ça va générer plein de trafic. Alors, pourquoi vouloir transformer ce parc agréable? Il y a beaucoup de personnes qui sont contre ce projet. Il me semble qu’un maire représente les gens de notre ville. Pourquoi, alors, ne pas organiser un référendum et laisser les gens choisir? »

L’aventure française

Même s’il aime à dire qu’il est « un gros paresseux », il se prépare actuellement, comme beaucoup d’humoristes québécois avant lui, à une aventure française : « J’envisage d’y aller en 2020. Un producteur français m’a approché ici, alors j’ai fait un spectacle il n’y a pas longtemps. J’étais terrifié. J’avais peur de l’échec, finalement les gens ont été très réceptifs. Je vais y retourner cet automne, en rodage, et je risque de faire des allers-retours plus réguliers en 2020, six mois par année. » Il deviendrait le premier humoriste d’origine française à rapporter en France l’expérience acquise au Québec. Il ne considère cependant pas la chose gagnée d’avance. « Il n’y a pas eu beaucoup d’humoristes québécois qui ont percé en France. Il y a eu Courtemanche, Anthony Kavanagh, ou encore Rachid Badouri qui, après huit ans, commence à se faire connaître, mais c’est à peu près tout. Pour Martin Matte, Louis-José Houde ou encore Jean-Marc Parent, ça n’a pas vraiment marché. » Jérémy Demay a encore près d’une année pour se préparer.