Un exploit signé la NASA

Perseverance sur Mars

La présence de Perseverance sur la planète Mars n’a pas fini de faire jaser. Les Montarvillois Robert Saint-Jean et Jean-François Larouche, de la Société d’astronomie de la Montérégie, abordent le sujet avec Les Versants.

Robert Saint-Jean a suivi avec intérêt la mission de Mars2020 et de l’astromobile Perseverance. Pour ce retraité de l’Agence spatiale canadienne, l’arrivée de Perseverance sur Mars atteste l’évolution rapide de la technologie. « Ce que nous avons observé la semaine dernière [le 18 février] depuis la planète Mars est un exploit assez remarquable. D’aller vers Mars est un exploit remarquable en soi. Nous avions déjà vu l’arrivée de Curiosity, en 2012, mais les choses ont tellement évolué! Le progrès effectué depuis… nous avons pris de l’assurance! », mentionne Robert Saint-Jean.

« Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. » -Jean-François Larouche

L’astronome amateur se dit impressionné par les détails et la qualité des images qui nous arrivent de la planète rouge. « Les images qu’on a reçues jusqu’à présent sont époustouflantes alors que la mission a à peine débuté! »

Le déploiement du parachute, le module de descente qui libère l’astromobile puis la dépose sur le sol martien et coupe les cordes qui la retenaient sont aussi des moments que Robert Saint-Jean n’est pas près d’oublier.

Jet Propulsion Laboratory

D’autant plus que le Montarvillois se dit interpellé par le destin de ce module de descente. C’est qu’en tant que travailleur à l’Agence spatiale canadienne, Robert Saint-Jean a eu l’opportunité de visiter les ateliers du Jet Propulsion Laboratory (JPL) il y a trois ans. L’engin était alors en construction. « Ça fait quelque chose de savoir que ce module que j’ai aperçu à Pasadena est maintenant un tas de ferraille sur Mars », illustre celui qui a été scientifique de mission pour l’Agence spatiale canadienne.

Ses responsabilités l’ont amené à travailler sur des missions satellites telles SMAT et SWOT. Le lancement de cette dernière est d’ailleurs prévu en 2022 et permettra entre autres de sonder 90 % des eaux de surface de la Terre.

De son côté, c’est avec beaucoup d’émotions que Jean-François Larouche a regardé les exploits des gens de la NASA. « C’est spécial de voir qu’ils sont capables d’envoyer un rover et de réussir son atterrissage à distance grâce à une technologie digne de la science-fiction! Pour la première fois, l’homme est capable de mettre ses antennes sur une autre planète. C’est vraiment fascinant de constater les prouesses technologiques! », explique Jean-François Larouche.

Son nom sur Mars

La mission de Perseverance revêt aussi un cachet particulier pour M. Larouche. Le Montarvillois a participé à la campagne de la NASA Send Your Name to Mars (Envoyer votre nom sur Mars), une tradition de l’agence spatiale sur les robots qui vont vers la planète rouge. Au total, ils sont 10 932 295 humains à y avoir participé. Le nom de Jean-François Larouche et ceux de ses enfants se retrouvent donc sur une puce électronique installée sur le robot. « Je trouve ça bien que la NASA permette au public externe de s’ouvrir à l’exploration spatiale. Pour le passionné d’astronomie que je suis, d’avoir la chance qu’il y ait un peu de moi sur la planète que j’observe au télescope, c’est une fierté supplémentaire », raconte-t-il.

Objectifs

La mission principale de Perseverance est de découvrir des traces de vie qui subsisteraient, « s’il y en a déjà eu au départ », sur Mars. Il y a également d’autres objectifs, secondaires ceux-là, tels l’étude de la géologie martienne et la découverte d’eau. Il y a aussi un objectif technologique, soit celui de faire voler le petit hélicoptère Ingenuity dans un air beaucoup plus léger que celui de la Terre (égal à seulement 1 % de l’atmosphère terrestre). « La NASA veut vérifier dans quelle mesure c’est possible. Mais c’est un exercice particulièrement difficile parce qu’il y a un délai de communication entre les deux planètes, rappelle M. Saint-Jean. Toute opération est programmée à l’avance; tout est fait à l’aveugle. Les scientifiques lancent les commandes et espèrent que ça fonctionne. »

Concernant cet hélicoptère que la NASA souhaite faire voler, M. Larouche ajoute : « Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. C’est carrément faire voler un drone sur une autre planète. Ce sera fantastique si c’est une réussite! » Et que dire du son de Mars. « Nous sommes dans une toute autre dynamique! Nous avons vraiment nos antennes là-bas! », reprend-il.

Quand on demande pourquoi la planète rouge attire autant l’intérêt des scientifiques, Robert Saint-Jean répond qu’il y a une question d’accessibilité. Il y a une fenêtre temporelle qui permet de se rendre sur Mars plus rapidement, d’où le voyage de sept mois de la mission Mars2020. Lors de son entrevue avec Les Versants, le Montarvillois Erick Dupuis, de l’Agence spatiale canadienne, avait aussi évoqué cette fenêtre dans le temps pour lancer des missions vers Mars. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle les Émirats arabes unis et la Chine ont aussi lancé leurs propres engins l’année dernière. Récemment, les sondes Al-Amal (l’espoir, en français) et Tianwen-1 sont entrées en orbite autour de Mars, respectivement les 9 et 10 février. Robert Saint-Jean précise : « Tous les deux ans, la Terre et Mars se rapprochent de façon remarquable. La dernière fois, c’était en octobre dernier. Dans ces moments, la communauté des astronomes amateurs devient très énervée. Il y a un beau rapprochement. Puis dans l’histoire géologique du système solaire, Mars est la planète qui ressemble beaucoup à la nôtre. »

Rouge comme Mars

Pour sa part, Jean-François Larouche estime que si la quatrième planète du système solaire marque autant l’imaginaire collectif, c’est par sa couleur rouge. « Quand on l’observe à partir de la Terre, on constate qu’elle est rouge. C’est sa particularité, au même titre que Saturne est reconnue pour ses anneaux et Jupiter, par ses bandes. Puis, on a toujours parlé de Martiens. Il n’a jamais été question de Jupiteriens ni de Saturniens. Les Martiens, c’est la vie. »

Puis qu’en est-il de cet astre dans le ciel, en 2021? « Mars est encore bien visible à l’œil nu après le coucher du soleil, mais sa taille apparente a fortement diminué depuis l’été dernier (présentement à 6,6 secondes d’arc comparativement à 22,7 en octobre 2020), ce qui rend son observation difficile au télescope pour les astronomes amateurs », informe M. Saint-Jean.