Un camp équestre non conforme aux règles
Le centre équestre Sunset Ranch a opéré un camp avec nuitées pour enfants de façon illégale sur le territoire de la Ville de Saint-Mathias-sur-Richelieu. Des familles provenant de Saint-Bruno-de-Montarville en ont été victimes.
La Ville de Saint-Mathias-sur-Richelieu indique au journal Les Versants avoir reçu des plaintes entre le 10 et le 21 juillet concernant la présence d’un camp d’équitation, d’un service de garde et d’un camp équestre, incluant une/ou des nuitées.
À la suite de la réception de ces plaintes, le Service d’urbanisme confirme avoir effectué des inspections pour « des éléments non conformes ». Un avis d’infraction a été envoyé le 26 juillet aux propriétaires concernant « l’usage non conforme » à la réglementation applicable, la propriété se situant en zone agricole permanente. « Seuls les usages agricoles sont autorisés à moins d’avoir obtenu, au préalable, un avis de conformité ou une autorisation de la Commission de la protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) », mentionne la Ville. Le camp équestre avec nuitées, étant un usage autre que l’agriculture, et ce, sans autorisation, ne se conforme donc pas. La Municipalité affirme avoir avisé la CPTAQ des infractions commises aux règlements.
Lors de la réception d’un avis de non-conformité, les propriétaires du ranch étaient dans l’obligation de se conformer à la réglementation applicable et devaient cesser toutes les activités en lien avec le sujet de l’avis. « Sans quoi, des procédures légales peuvent être entreprises par la Municipalité », avance la Ville.
À la suite de la réception de l’avis, les propriétaires « ont mentionné » à l’inspecteur la cessation de l’usage non conforme, soit le camp équestre avec nuitées. « Les randonnées à cheval, les cours d’équitation ainsi que l’aménagement et l’utilisation de sentiers à ces fins sont permis lorsqu’ils sont accessoires aux activités d’un centre équestre exploité par un producteur », relève un article du Règlement sur l’autorisation d’aliénation ou d’utilisation d’un lot sans l’autorisation de la CPTAQ.
Une quarantaine de parents intentent en ce moment un recours collectif contre le Sunset Ranch pour être remboursés en raison de services non rendus. Ceux-ci ont payé par Interac, sans facturation. Cheval Québec invite les familles à choisir désormais un établissement certifié par l’organisme ainsi qu’à porter plainte au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Le MAPAQ est allé inspecter les lieux. Il a toutefois refusé de transmettre le rapport d’inspection au journal..
Un voisin encombrant
Les propriétaires du ranch ont pris possession des lieux il y a quatre ans. Depuis plusieurs années, les voisins se plaignent, entre autres, de l’éclairage du ranch qui éclabousse leur demeure, notamment la nuit. « Je me lève la nuit et c’est comme si j’étais dans un stationnement de Walmart », fait part Pierre Gosselin, l’un des voisins réunis pour parler au journal. Le fait a été relevé « poliment » auprès des propriétaires du ranch, disent quelques voisins. « Ils ne voulaient rien savoir », résume l’entourage du lieu. « Je n’ai jamais vu quelqu’un qui s’est mis tout le monde à dos en l’espace de quelques semaines. Tout le monde s’est mis à les haïr », évoque M. Gosselin, qui demeure en ce lieu depuis 50 ans.
La Ville reconnaît que d’autres infractions sont encore au dossier à ce jour. Celles-ci concernent effectivement les lumières du manège à chevaux ainsi que l’installation de la piscine sans permis.
Une piscine sans clôture est à la vue et accessible à tous. La piscine a été installée « sans l’autorisation » de la Municipalité. La situation est donc en infraction avec les règlements en vigueur. La Municipalité dit être toujours dans l’attente de « leur demande de permis afin de régulariser la situation. »
Actuellement, le dossier est judiciarisé. « Dans tous les cas, soyez assuré que la Municipalité effectue les suivis adéquats pour régulariser les situations non conformes et entreprendra les démarches légales s’il y a lieu », déclare la Ville de Saint-Mathias-sur-Richelieu. « On est déçus du comportement de ces propriétaires et de l’impact que ça a eu sur la clientèle et les citoyens », émet de son côté Sylvain Casavant, maire de Saint-Mathias-sur-Richelieu.
S’effacer du décor
Les copropriétaires du centre équestre ne retournent pas les messages du Journal de Chambly. Le ranch est en vente et les propriétaires se départissent de leur matériel. Chevaux, selles et remorques font partie de l’équipement à liquider.
En parallèle, sur ses réseaux sociaux, la propriétaire des lieux offre ses services à titre de mentor d’accompagnement afin de réussir son entreprise en cinq étapes. « Renforcer notre état d’esprit à accueillir de la richesse. (Une abondance de richesse que tu ne vas pas y croire au début, mais je te garantis que tu feras en un mois ce que tu avais prévu faire dans ton année) » et « Faire fructifier ton argent. (Dix fois ton chiffre d’affaires de rêve) », sont notamment ce qu’elle met de l’avant.
Le 24 septembre dernier, le Sunset Ranch a transmis le message suivant : « Nous avons une triste nouvelle ce matin, des gens monstrueux s’en sont pris au ranch, et nous devons entamer des démarches pour faire cesser tout ça. Plusieurs entreprises en sont victimes et c’est malheureusement à notre tour de vivre cela. Les cours d’équitation seront donc sur pause le temps de régler cette triste et fâcheuse situation. Merci pour votre soutien envers nous, notre merveilleuse équipe et nos chevaux d’amour. On vous tient au courant aussitôt que les cours reprennent officiellement ».