Toutes les matières sont dans la nature à l'école Arc-en-ciel

L’École Arc-en-ciel à Sainte-Julie est la seule de la Commission scolaire des Patriotes, et peut-être même au Québec, à enseigner en plein air tous les mercredis à ses élèves de première année, beau temps, mauvais temps.
Tous les mercredis, le rituel est le même pour les élèves de première année primaire de l’École Arc-en-ciel à Sainte-Julie. « Nous quittons par autobus à 13 h 15, direction le parc national du Mont-Saint-Bruno. Nous revenons à 15 h. Il est très rare de rater ce rendez-vous que les enfants attendent toujours avec impatience. »
Au milieu de branches, de feuilles, d’écorce, de neige pour alimenter le cours d’art plastique, on parle de la température qui est le thème du cours de sciences. Après avoir plastifié quelques feuilles en cas de pluie, il est temps de passer au cours de français en lisant sous les nuages. C’est pour ces moments que Geneviève Landry, l’une des enseignantes à l’origine de ce projet-pilote, s’est démenée afin de mettre en place cette classe pas comme les autres. « L’objectif est de remplacer tout ce qu’on pourrait faire en classe, à l’extérieur. À ce jour, nous avons eu de la chance, nous n’avons qu’un jour de pluie, en automne, mais nous étions à l’abri sous les feuilles. »
Avec sa collègue Julie Aubé, Geneviève Landry a visionné un reportage sur l’éducation en Finlande. « Le plein air y occupe une place importante depuis longtemps. J’ai trouvé l’idée intéressante. »
En plein débat sur la gratuité scolaire, la mise en place du projet sans l’appui financier des parents semblait difficile. « Nous n’avions pas le choix de prendre un autobus scolaire pour nous rendre au mont Saint-Bruno. Même si l’école n’est pas très loin, nous en avons pour 2000 $ de frais de transport, et aucun budget pour ce genre d’activité », précise Mme Landry.
La Commission scolaire des Patriotes a confirmé au journal que le budget transport alloué aux écoles était réservé aux élèves pour venir à leur école le matin et rentrer chez eux à la fin des cours.
Motivées à dépasser ce premier obstacle, les deux dames ont présenté l’initiative scolaire à la directrice de l’établissement et aux parents d’élèves afin d’organiser une dizaine de sorties avec l’aide de partenaires financiers.
Elles se sont inspirées pour convaincre le plus grand nombre du livre de François Cardinal Perdu sans ma nature. « Il explique comment, à cause de la place qu’occupent aujourd’hui les écrans, les jeunes ne profitent pas assez du plein air. Il faut savoir qu’il y a des familles à Saint-Bruno-de-Montarville qui ne sont jamais allées au mont Saint-Bruno », regrette Mme Landry.
Tout le monde semble avoir été enthousiaste à l’idée et les commanditaires ont été plus généreux que prévu. « Alors, plutôt que d’organiser 10 ou 15 sorties, nous avons programmé 30 sorties, un rendez-vous tous les mercredis, sauf exception, beau temps ou mauvais temps. »
Depuis septembre, les parents peuvent suivre sur un site les aventures scolaires du mercredi de leurs enfants, photos et résumés des cours à l’appui.

« L’objectif est de remplacer tout ce qu’on pourrait faire en classe, à l’extérieur. » – Geneviève Landry

Besoin de partenaires

Rando Québec, qui a pour objectif, avec son programme Jeunes en sentier, de favoriser l’accès à la randonnée pédestre et à la raquette chez les jeunes afin qu’ils adoptent de saines habitudes de vie, est le partenaire principal de ces sorties. La Caisse Desjardins du Grand Coteau, Uniprix Annie Lachapelle et Isabelle Tondreau et le député Stéphane Bergeron ( NDLR subvention accordée avant les dernières élections provinciales) ont complété le manque de financement pour rendre l’activité possible.
Ces ententes ont fait que cette année, l’activité ne coûte rien à l’école ni aux parents, si ce n’est de mettre dans le sac d’école une deuxième paire de mitaines à leurs enfants. Mais pour l’an prochain, les deux enseignantes comptent bien chercher d’autres commanditaires. « Si c’est possible, on renouvelle l’expérience l’an prochain. »
Depuis septembre 2018, les mercredis après-midi au mont Saint-Bruno, des élèves s’adonnent ainsi aux plaisirs de l’enseignement en nature. Une première aussi pour la Sépaq à Saint-Bruno, qui voit dans cette expérience un projet-pilote à suivre de près.
Les initiatives d’éducation extérieure et de classes extérieures
En avril 2018, la Fondation Monique-Fitz-Back a réalisé un rapport d’analyse d’un sondage Web mené auprès des intervenants du milieu de l’éducation du Québec sur les initiatives d’éducation extérieure et de classes extérieures. L’un des objectifs de ce rapport est de valider le degré d’appréciation à l’égard d’actions cibles, afin d’aider les établissements scolaires à aménager des classes extérieures et de faire connaître l’approche d’éducation extérieure auprès des enseignants du primaire et du secondaire.
L’étude, menée par le groupe Léger, indique qu’à 88 % du temps, les terrains d’école sont le lieu d’activités et de projets pédagiques extérieurs le plus utilisé, sur l’échantillon global de 374 intervenants du milieu de l’éducation du Québec pouvant s’exprimer en français ou en anglais. Seulement 2 % des répondants indiquent faire ces activités extérieures dans un parc régional ou de la Sépaq. Parmi les trois principaux avantages que les intervenants sondés perçoivent à la pédagogie en plein air, on note que cela permet de varier les méthodes; rend les apprentissages plus concrets et leur donne vie, ou encore améliore le bien-être des jeunes. Seulement 1 % des répondants n’ont vu dans cette manière d’enseigner aucun avantage.
Enfin, il ressort, selon le personnel de direction sondé, que le programme d’aide financière « Enseigner dehors » est l’action qui est susceptible de susciter le plus grand intérêt chez les intervenants de leur établissement.