Ski Saint-Bruno : le froid glacial réduit l’achalandage

Le froid n’a que des avantages en matière d’activités de glisse; le froid extrême peut, lui, causer certains inconvénients à celles-ci. Parlez-en au propriétaire de Ski Saint-Bruno, Michel Couture, condamné à s’adapter aux caprices de Dame Nature.
« Très peu de gens sont sortis durant la période de congé de Noël et du jour de l’An », rapporte Michel Couture, dont le centre de ski a enregistré environ 30 % de moins d’achalandage que prévu.
Et pour cause! À peine avait-on commencé à vouloir profiter du congé des Fêtes que l’air glacial décourageait tout un chacun de mettre le bout du nez dehors. Malgré tout, « l’esprit hivernal reste toujours vivant. Aujourd’hui, les vêtements sont tellement légers, performants et permettent aux skieurs de faire face au facteur vent ».
Certes, poursuit Michel Couture, quand le thermomètre dépasse les -20 °C, les gens peuvent s’arrêter, faire des rentrées régulières à l’intérieur pour se réchauffer. « Aujourd’hui (jeudi 4 janvier), il fait -12° et les conditions sont très bonnes; -15° à -20°, c’est gérable. »

« Très peu de gens sont sortis durant la période de congé de Noël et du jour de l’An »- Michel Couture

Avec le froid, Ski Saint-Bruno a accepté de collaborer avec Hydro-Québec en réduisant sa demande en électricité. La station a interrompu la fabrication de neige artificielle à la fin 2017, jusqu’au début janvier.
« On trouve que c’est une bonne action collective de notre part et des autres stations de ski qui y participent. On sait que le besoin est important avec ces températures froides-là en électricité », a indiqué le propriétaire.
La vague de froid intense qui frappe ces derniers jours a obligé plusieurs entreprises, dont 25 stations de ski, à réduire leurs activités, de manière à permettre à Hydro-Québec de procéder à des opérations de délestage.
S’adapter au réchauffement climatique
Selon des observateurs, le réchauffement climatique semble être paradoxalement la cause du froid polaire que l’on connaît depuis quelques jours. « Je suis d’accord, avance Michel Couture. Je vois l’aspect cyclique et les fluctuations qui rendent la situation instable. Le 20 décembre d’il y a deux ans, on avait +20°. »
De fait, les changements de température parfois soudains ont obligé le centre de ski à se doter depuis quelques années d’un système de fabrication de la neige, ce qui lui permet de fonctionner normalement, mais pourvu que la température demeure au-dessous de zéro. « La neige que l’on fabrique est relativement dense, contrairement à la neige naturelle. Demain (vendredi 5 janvier), on annonce 5 à 10 cm, c’est un cadeau du ciel; ça joue sur la psychologie des gens, ce qui est magique. » Autrement dit, le froid apporte de l’achalandage, contrairement à la pluie, qui incite les gens à rester chez eux.
Michel Couture se montre un tantinet « piqué » lorsque les médias parlent de facteur vent ou, à titre d’exemple, de bombe météorologique à la suite de la tempête qui a frappé récemment l’est des États-Unis et du Canada. « Ça ne nous aide pas », souligne-t-il, en ajoutant qu’il aurait souhaité que les 10 cm de neige attendus (vendredi dernier) tombent un mercredi de manière à laisser plus de temps aux déneigeurs pour déblayer les routes et ainsi faciliter les déplacements des gens durant la fin de semaine.
La baisse de 30 % de la clientèle durant les deux semaines de congé des Fêtes semble être compensée par un début de saison prometteur. Le froid aidant, 56 cm de neige naturelle tombée à laquelle s’ajoutent 115 cm de neige fabriquée à date font dire à Michel Couture que le centre a gagné plusieurs journées de fonctionnement, en comparaison à la même période les années précédentes.
En plus de réserver des pistes pour les amateurs du ski, le centre offre des cours, notamment aux jeunes et aux enfants. « On poursuit la fabrication de la neige de manière à corriger les imperfections de la montagne. » Le but, enchaîne Michel Couture, est d’assurer aussi la poursuite des cours, et « se protéger pour rester opérationnel jusqu’en avril ».
Les aléas d’une activité saisonnière
À la fin de 2015, Ski Saint-Bruno avait annoncé un plan d’investissement sur trois ans avec un premier montant d’un demi-million de dollars. « Aujourd’hui, on est rendu à 1,5 million. » Michel Couture parle de l’installation de cinq nouvelles remontées mécaniques qui s’ajoutent à quatre autres : « C’est énorme comme investissement et on n’a pas terminé encore. »
Toujours est-il que l’activité saisonnière a son lot d’incertitudes tant sur le plan des conditions météorologiques qu’en matière de gestion et de disponibilité de la main-d’œuvre. Assurément, le centre peut compter sur plus de 1000 employés, dont plus de 500 comme moniteurs. À l’instar de plusieurs entreprises à travers le Québec, Ski Saint-Bruno connaît elle aussi des difficultés sur le plan du recrutement de personnel. « Nous avons besoin surtout de techniciens spécialisés dans la fabrication de la neige », mentionne Michel Couture. Il fait état d’un début de saison particulier pour fabriquer de la neige étant donné les conditions difficiles reliées au froid.
Ces inconvénients paraissent à première vue minimes vu l’emplacement enviable dont jouit le centre dans la région métropolitaine. Qui plus est, la station de ski urbaine qui attire chaque année quelque 400 000 personnes est également desservie par le transport en commun.
Question :
Êtes-vous un amateur des activités de glisse malgré le froid glacial?