Se laisser conduire au mont Saint-Bruno

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les parcs de la Sépaq commencent à peine à être desservis par les transports en commun. L’offre laisse cependant la place aux initiatives privées.

Pour la première fois cet hiver, des navettes transporteront des passagers vers des parcs nationaux afin de leur permettre de goûter aux plaisirs de la neige et de s’émerveiller de la beauté des paysages glacés sans se soucier de déneiger une voiture.

Voilà comment Navette Nature, une entreprise montréalaise qui favorise les escapades en nature en minimisant l’impact environnemental pour s’y rendre, présente l’offre qu’elle proposera aux Montréalais pour se rendre en autobus aux parcs de la Sépaq. « Ce sera la première fois que l’on offre ce service en hiver pour le parc national du Mont-Saint-Bruno », explique la cofondatrice Catherine Lefebvre

« NANA », le diminutif de Navette Nature, en plus d’être un clin d’œil pour rappeler l’aventure des deux jeunes femmes à l’origine du projet, c’est le moyen le plus simple d’accéder sans voiture aux régions vertes du Québec. « Nous avons créé l’entreprise il y a quatre ans. Cet été, nous avons mis en place un projet-pilote pour aller au mont Saint-Bruno et ça a été concluant. Cet hiver, nous proposerons quatre départs vers le parc de la Sépaq le plus achalandé du Québec, l’hiver, avec le ski de fond. »

Les réservations sont possibles sur le site Internet de l’entreprise à un prix très abordable. « Notre rêve est que tous puissent accéder à la nature, peu importe leur âge, sexe, ethnie et situation sociale. C’est en constatant la beauté et la fragilité de la nature qu’on pourra apprendre à mieux la protéger », peut-on lire sur leur site. Mme Lefebvre ajoute « qu’il en coûtera 28 $ pour les adultes aller – retour (entrée du parc comprise), 10 % de moins pour les aînés et les étudiants, et 50 % de moins pour les enfants (qui ont l’entrée du parc gratuite). »

Les départs s’effectueront depuis la place Dorchester à Montréal, proche de l’office du tourisme où Mme Lefebvre a travaillé lorsqu’elle était étudiante : « C’est en travaillant comme étudiante au centre Infotouriste, au centre-ville de Montréal, que j’ai constaté l’absence de service de transport vers nos espaces naturels. Ça m’a poussé à cofonder NANA avec mon amie Sarah Bernard-Lacaille. »

« Notre rêve est que tous puissent accéder à la nature, peu importe leur âge, sexe, ethnie et situation sociale. »
– Catherine Lefebvre

Saint-Bruno ne sera pas la seule destination pour NANA depuis Montréal. Cinq parcs nationaux auront droit à une desserte avec l’entente de la Sépaq : Yamaska, Oka, Mont-Orford et Îles-de-Boucherville, en ajoutant bien sûr le parc national du Mont-Saint-Bruno.
Le service sera offert tous les jours, sur réservation du début janvier à la fin mars, les fins de semaine et durant la semaine de relâche.

L’exception de Saint-Bruno
« La Sépaq comprend très bien que les réseaux de transport collectif municipaux et intermunicipaux établissent leur desserte en fonction des besoins d’une masse critique d’utilisateurs et d’objectifs de rentabilité, auxquels l’éloignement de plusieurs établissements du réseau ne répond pas toujours. C’est dans cet esprit que la Sépaq collabore avec enthousiasme avec des organisations privées de transport collectif, telles que Navette Nature et Quatre Natures, afin de faciliter l’accès à ses établissements pour différentes personnes qui ne disposent pas de véhicule ou préfère s’en passer pour aller dans la nature », explique Simon Boivin, porte-parole de la Sépaq.

Le transport en commun est donc encore à développer pour accéder aux parcs de la Sépaq, mais celui de Saint-Bruno fait preuve d’exception. « Les établissements à proximité d’un grand centre urbain, comme les parcs nationaux du Mont-Saint-Bruno et des Îles-de-Boucherville, la Sépaq collabore avec les réseaux de transport qui ont de l’intérêt à la mise en place de lignes qui desservent ces destinations. La Sépaq est toujours ouverte à collaborer avec des réseaux de transport collectif pour favoriser la mise en place de navettes à destination de ses établissements, comme cela a été le cas avec le réseau de transport de Longueuil pour les parcs nationaux du Mont-Saint-Bruno et des Îles-de-Boucherville. »

Dans l’agglomération de Longueuil
La navette SkiBus (ligne 299), une ligne saisonnière régulière depuis la saison dernière, dessert la Sépaq et Ski Saint-Bruno, et fait désormais partie de l’offre régulière du RTL (Réseau de transport de Longueuil) dans l’agglomération de Longueuil.

La navette était proposée les samedis et dimanches dès midi, du métro Longueuil – Université-de-Sherbrooke vers Ski Saint-Bruno, avec un dernier départ de la station de ski à 22 h la saison dernière. Les horaires et dates de mise en service pour cet hiver seront bientôt connus. Le circuit faisant maintenant partie d’une ligne régulière du RTL, les clients y ont accès avec tout titre du RTL, métropolitain ou au coût de 3,25 $.

C’est un article dans le Journal de Saint-Bruno du 12 mars 2014 qui avait fait réagir le conseiller municipal de Saint-Bruno-de-Montarville, Jacques Bédard, avant d’avoir été élu pour un premier mandat. On pouvait y lire que Michel Couture, directeur général de la station, regrettait qu’il n’y ait pas de service d’autobus desservant son domaine, proche du parc de la Sépaq. Après son élection, M. Bédard, alors responsable des transports et siégeant au RTL, s’est penché sur la question. S’en sont suivis un projet-pilote et une ligne du RTL aujourd’hui.
La navette a été récompensée fin 2018 par l’organisme Trajectoire dans la catégorie Amélioration des services de transport collectif, au Gala Prix Guy-Chartrand.

Les réductions
La Sépaq rappelle également que le droit d’entrée et la location d’équipements sont gratuits pour les enfants et adolescents de 17 ans et moins.

Le conseil municipal de Saint-Bruno a même renouvelé, à la dernière séance du conseil municipal, l’offre qu’elle propose à ces citoyens depuis 2015. La municipalité assume, depuis cinq ans, pour l’ensemble des résidants qui en font la demande auprès du parc, l’équivalent de 50 % des droits des autorisations d’accès dans les parcs relatifs à l’émission d’une carte annuelle pour un seul parc, et ce, en vue de l’acquisition d’une carte annuelle pour le parc national du Mont-Saint-Bruno ou pour une carte annuelle « Réseau » pour tous les parcs.

En 2015, cette mesure a coûté à la Ville  54 000 $. En 2017, ce sont 4295 cartes qui ont été vendues, ce qui a coûté à la Ville 83 330 $.
L’an passé, le parc national du Mont-Saint-Bruno avait atteint une fréquentation record avec plus d’un million de visiteurs.

Ajoutant à toutes ces offres de transport l’arrivée d’une des plus grandes stations thermales qui devrait ouvrir juste à côté de l’entrée principale du parc de la Sépaq à Saint-Bruno, il est fort à parier que la fréquentation de cet endroit n’a pas fini de croître.