Saint-Basile modifie son projet de plantation d’arbres

Demain la forêt

L’initiative du programme Demain la forêt, de l’organisme à but non lucratif Tous les jours, n’a pas plu à tous, et la Ville de Saint-Basile s’est vue contrainte de remanier son projet de plantation d’arbres. Au lieu de 4 000, ce sont plutôt 2 100 arbres qui seront plantés sur le territoire.

À la suite des préoccupations exprimées par les citoyens du secteur des Oiseaux, des résultats de l’analyse effectuée sur le terrain par les responsables du programme, de la forte présence de phragmite (une espèce exotique envahissante) et du taux de survie limité des arbres en raison de la composition de certains sols, notamment, Saint-Basile-le-Grand a procédé à la révision du projet afin d’assurer son acceptabilité sociale.

« Ça arrive que nous remaniions un projet tout au long de sa réalisation, c’est normal. Nous avons l’habitude de nous adapter aux aléas physiques ou humains. » -Émilie Chiasson

Des arbres à faible déploiement seront plantés à proximité des lignes de lot des résidences; aucune plantation ne se fera à moins de quatre mètres de ces lignes. D’autres croîtront sur les terrains municipaux situés en zone agricole, mais non cultivés, ou en bordure de cours d’eau. La plantation s’est s’amorcée la semaine dernière.

Autres modifications

Dans certains secteurs, la Ville diminuera de moitié la densité de plantation, l’espacement entre les rangées d’arbres sera de six mètres et l’enlignement des rangées d’arbres s’effectuera en direction du mont Saint-Hilaire afin de préserver les percées visuelles. D’ailleurs, le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, a confirmé lors de l’assemblée du 3 juin que les essences de feuillus plantés derrière les demeures étaient de haute portée, permettant ainsi de voir à travers.

La directrice des communications du Jour de la Terre Québec, Émilie Chiasson, affirme que c’est une situation fréquente : « Ça arrive que nous remaniions un projet tout au long de sa réalisation, c’est normal. Nous avons l’habitude de nous adapter aux aléas physiques ou humains. »

Ce qui est moins habituel, par contre, c’est la contestation provenant de la population. Émilie Chiasson précise : « On vient vers nous pour le programme Demain la forêt, dont la mission est de réaliser des projets avec des municipalités, des entreprises, des organismes. Ce n’est pas une situation régulière, mais quand c’est le cas, nous adoptons le projet. »

Vue sur le mont Saint-Hilaire

L’un des arguments évoqués par les citoyens concernés, ceux qui habitent sur la rue du Cardinal, sur l’avenue des Hirondelles et sur la rue de la Bernarche, est cette perte de vue sur le mont Saint-Hilaire. « Quand je suis venue m’installer ici, quand j’ai acheté, c’était pour avoir une vue sur la montagne, pas sur un boisé », mentionnait une citoyenne lors de l’assemblée du mois de mai. « Ça arrive que nous remaniions un projet tout au long de sa réalisation, c’est normal. Nous avons l’habitude de nous adapter aux aléas physiques ou humains. » – Émilie Chiasson

Le 3 juin, la Grandbasiloise était de retour en assemblée, cette fois appuyée de plusieurs citoyens de son secteur, dont le journaliste sportif Camille Dubé, qui a entre autres animé le baseball des Expos de Montréal et coanimé La Soirée du hockey à Radio-Canada dans les années 80 et 90.

Une question d’entretien

Malgré les modifications apportées au programme de reboisement, la grogne se fait encore sentir chez certains. Christel Morache, par exemple, demande à la Municipalité un engagement quant à l’entretien de la bande de terrain derrière les maisons que les citoyens maintenaient en bon état depuis des années, et ce, même si cette partie est la propriété de la Ville. « Nous acceptons les arbres, mais nous prenons cette décision difficilement, de déclarer Christel Morache. Nous sommes prêts à prendre les arbres, mais entretenez! »

En assemblée, Yves Lessard a commenté la question de l’entretien : « Depuis des années, ces résidants entretiennent ce bout de terrain, entre autres M. Dubé. En quelque sorte, ils ont fini par s’approprier l’endroit, et ce, même s’il ne leur appartient pas. »

M. Lessard et quelques conseillers municipaux sont allés à la rencontre de ces gens; ils ont vu les lieux et ont échangé avec ces personnes. « Nous connaissons leur situation. Ils ont fait en sorte, toutes ces années, d’avoir une habitude de propreté. Mais notre responsabilité demeure de conserver, pour la collectivité, les terrains qui appartiennent à la collectivité. Maintenant, comment on les entretient, à quelle fréquence, quel accès avons-nous… tout ça reste à voir. Il s’agit de pouvoir se parler. »

Également soucieuse de l’entretien de la bande de terrain, Monique Lefebvre, de la rue du Cardinal, estime que « la communication et les explications amènent la compréhension ». Selon elle, il n’y a rien eu de cela. Dans ce dossier, la population du quartier des Oiseaux s’est fait imposer des choses. « L’environnement, ce n’est pas seulement des arbres », a-t-elle souligné devant les membres du conseil municipal, sous-entendant qu’il existe d’autres options environnementales.

Rappelons que Saint-Basile-le-Grand est majoritairement à vocation agricole; on y retrouve à peine des superficies boisées. La forêt actuelle du territoire est fragmentaire et ne représente que 7,4 % de sa superficie totale. Or, la littérature scientifique conseille un minimum de 30 % d’espaces boisés afin de maintenir la résilience et la vitalité des milieux naturels. « C’est d’ailleurs dans cette optique que la Municipalité a accepté de participer au programme de reboisement de certaines superficies dont la Ville est propriétaire, situées en zone agricole, mais non cultivées ou situées en bordure de cours d’eau », répond la Ville.

Programme gratuit

Il faut noter que le programme de plantation est entièrement gratuit, financé par plusieurs organismes à vocation écologique ainsi que des compensations de carbone. Cette action permet d’offrir un environnement sain et durable pour les citoyens d’aujourd’hui et les générations futures. Le programme Demain la forêt, de l’organisme à but non lucratif Tous les jours, est une initiative présentée par la Fondation Cowboys Fringants.

QUESTION AUX LECTEURS : Que pensez-vous de cette situation?