Recours collectif de parents contre un camp équestre

Une trentaine de parents, dont certains proviennent de Saint-Bruno-de-Montarville, intenteront comme prévu un recours collectif contre le Sunset Ranch, situé à Saint-Mathias-sur-Richelieu. Le regroupement blâme notamment le camp équestre de ne pas les rembourser à la suite de services non rendus.

« Toute l’année, j’ai économisé pour inscrire mes deux filles à un camp dodo d’équitation. Sauf que ce rêve est devenu un cauchemar », déplore Iryna Levin, mère de quatre enfants. Elle mentionne que 48 heures avant de conduire ses enfants au camp de vacances, elle a reçu un courriel d’annulation. « À ma demande de remboursement, la propriétaire m’a bloquée partout et ne répond pas à mes courriels », soutient Mme Levin, qui ne se résigne pas à abandonner les 1160 $ qu’elle a investis pour ses enfants.

Il en va de même pour Mme Leblanc, qui, elle, réclame 580 $ après avoir vu aussi l’annulation du camp dodo d’équitation de sa fille. « Nous sommes demeurés sans nouvelles de sa part (la propriétaire) à la suite des nombreuses tentatives de la contacter après son courriel d’annulation », raconte Mme Leblanc.

Marie-Sarah Paré a inscrit sa fille au camp estival d’équitation pour trois semaines. Elle a payé la totalité à l’avance, soit 930 $. Après avoir validé ses droits auprès de l’Office de la protection du consommateur (OPC), elle a décidé d’annuler l’inscription. « Depuis ce temps, je n’ai aucune collaboration de la part des propriétaires. Le ranch ne veut pas rembourser et ne prend aucune action pour régler la situation. J’ai été bloquée partout par les propriétaires, et plus moyen de communiquer avec eux », s’indigne Mme Paré.

Plusieurs parents blâment les propriétaires du ranch, qui « ignorent nos demandes, font la sourde oreille et ne donnent plus aucune nouvelle malgré les nombreuses mises en demeure et les messages qui leur sont adressés ».

Annuler une inscription

L’Office de la protection du consommateur déclare qu’il est possible de mettre fin en tout temps à une inscription à un camp en respectant certaines conditions. « Vous devrez payer une pénalité uniquement si votre enfant a commencé à fréquenter le camp. Que vous ayez conclu votre contrat en personne, par téléphone ou par Internet, les règles sont les mêmes », précise l’OPC. L’organisation gouvernementale ajoute qu’il est possible d’annuler un contrat avant le début du camp. « Comme les services n’ont pas commencé à être fournis, l’annulation n’entraîne ni frais ni pénalité », confirme-t-elle. Il est aussi possible d’annuler le contrat au cours du séjour. Dans ce cas, l’utilisateur devrait payer le coût des services déjà reçus. Le commerçant qui offre le camp pourrait aussi exiger une pénalité.

Dans la fiche d’inscription du Sunset Ranch que remplissent les parents, il est écrit sur le document que les paiements ne sont pas remboursables. « En général, si le camp ne peut pas rendre le service, le consommateur devrait être remboursé », résume Charles Tanguay, porte-parole de l’OPC. Il invite les gens à contacter l’Office pour porter plainte, chose que certains parents ont déjà faite dans ce cas. « Toute stipulation qui va à l’encontre de la Loi sur la protection du consommateur est interdite et sans effet. C’est une loi d’ordre public, donc, nul ne peut s’y soustraire », complète Charles Tanguay.

Fausse programmation

D’autres mamans s’ajoutent au groupe de parents du recours collectif et dénoncent la « fausse programmation et les services médiocres offerts par ce camp de jour ». Elles rapportent que certaines journées, leurs enfants n’ont fait que très peu d’équitation. « Dans les jours de pluie, il n’y avait rien à faire, elles devaient rester dans la véranda. Dans ses communications, la propriétaire avait mentionné qu’il y avait un programme pour les jours de pluie. »

Des mères citent leurs enfants après leur semaine : « C’était très plate, nous faisions des activités comme de la baignade, dans une piscine si brouillée que l’on ne voit pas le fond, et des modules de jeux. »

Les parents impliqués avouent s’être « laissés berner par l’image » que le ranch projette sur les réseaux sociaux et son site Internet. « Nous sommes extrêmement déçus de la semaine passée à ce camp. La propreté des lieux, la qualité et la quantité de nourriture et les activités ne respectaient pas ce qui avait été annoncé préalablement. Le camp est bien différent de ce que la propriétaire raconte », concluent-ils à l’unisson.

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) est allé inspecter les lieux. Le MAPAQ a toutefois refusé de transmettre le rapport d’inspection au journal.

La propriétaire du Sunset Ranch n’a pas retourné les multiples messages du journal. Le ranch est actuellement mis en vente sur Centris.ca. Il est annoncé à près de 1,3 M$.

Certification Cheval Québec

Le Sunset Ranch n’est pas certifié par Cheval Québec. Le Programme de certification des établissements équestres a été développé dans le but de permettre aux consommateurs de choisir un établissement équestre qui respecte les normes de sécurité des installations, de bien-être des chevaux et de compétence des intervenants. Le système prévoit une catégorisation des établissements ainsi qu’une appréciation de la qualité des services offerts. Ce programme, développé par Cheval Québec, est reconnu par le gouvernement du Québec. 

Du point de vue de la clientèle, le Programme de certification des établissements équestres de Cheval Québec vise à : offrir à la clientèle une liste d’établissements vérifiés dont les pratiques ont été évaluées et jugées conformes par l’organisme de régie; offrir une liste d’établissements fiables et de confiance ayant de bonnes et saines pratiques; permettre aux clients de faire un choix éclairé au moment de déterminer avec quel établissement ils feront affaire. Parallèlement, le Sunset Ranch n’est ni membre de l’Association des camps du Québec, ni certifié par celle-ci.