Québec vient en aide aux médias écrits

Les hebdos régionaux et locaux, dont le groupe Les Versants du Mont-Bruno, vont respirer un peu mieux après l’annonce faite par la ministre de la Culture et des Communications, Marie Montpetit, d’octroyer 36,4 millions de dollars pour aider les médias écrits à migrer vers le digital.
La somme d’argent étalée sur cinq ans comprend un montant de 19,2 millions pour soutenir la presse écrite dans sa transformation vers le numérique. Ces médias sont invités à soumettre des projets qui « devront s’articuler autour de deux volets. Un premier volet visera à documenter les forces et les faiblesses d’un média pour poser un diagnostic d’entreprise et réaliser une étude de positionnement. Le second volet s’attardera plus spécialement à élaborer des projets novateurs en permettant l’éclosion de nouvelles approches de création et de diffusion de contenus journalistiques », peut-on lire dans un communiqué.
Gilber Paquette, directeur général à Hebdos Québec, accueille favorablement l’annonce faite par la ministre. « Un pas dans la bonne direction », souligne-t-il en entrevue.
Hebdos Québec va déposer au nom de ses 44 membres un projet commun de virage numérique, lequel se décline en une plateforme Internet munie d’une plateforme de gestion de contenu, ainsi qu’une application mobile. « Les membres n’auront pas à remplir une demande d’aide et le fournisseur va facturer un montant X, duquel on va soustraire le montant de subvention. Le solde va être redistribué aux journaux », a expliqué Gilber Paquette.
L’emprise de Google et Facebook
Le directeur général d’Hebdos Québec se dit conscient que cette aide « ne règle pas tous les problèmes que les journaux vivent ». Et de citer les revenus que siphonnent Facebook et Google et qui vont directement aux États-Unis. Les annonceurs, poursuit-il, « vont là où c’est moins cher » et les journaux « n’arrivent pas à les concurrencer ».
Le président de la Fédération des journalistes professionnels du Québec (FPJQ), Stéphane Giroux, observe lui aussi l’emprise des deux géants sur la publicité numérique : « Le problème, c’est que le digital n’est pas nécessairement la solution passe-partout pour tous les médias, surtout écrits. Pourquoi? Parce que 90 % du marché publicitaire en ligne est accaparé par Google et Facebook. »

« Au Québec, de 2009 à 2015, le journalisme écrit a perdu 43 % de ses emplois » – Stéphane Giroux

Stéphane Giroux n’hésite pas à parler d’« une crise assez dramatique » que subit le journalisme. « Au Québec, de 2009 à 2015, le journalisme écrit a perdu 43 % de ses emplois », a-t-il rapporté en qualifiant ces chiffres de « menaces à court et moyen terme pour la survie même du journalisme écrit ». Et si celui-ci est en danger, « il n’y aura personne pour combler le vide, surtout dans les médias régionaux qui sont souvent les seuls à couvrir l’actualité ».
Un point de vue que partage l’éditeur du groupe Les Versants du Mont-Bruno, Philippe Clair. « Si on ne fait pas ce travail de couvrir les séances du conseil, la campagne électorale, la vie communautaire et sportive, il n’y a personne qui va le faire. Les réseaux sociaux ne sont pas capables, jusqu’à preuve du contraire, de démontrer assez de discipline et d’éthique pour livrer la nouvelle. »
La migration vers le numérique, aux yeux de Philippe Clair, va conduire les hebdos locaux et régionaux à devenir encore plus performants. « On croit à la force du nombre et à la synergie qui va se dégager avec ces nouveaux outils numériques », fait observer l’éditeur.
Tout comme le président de la FPJQ, Philippe Clair interpelle le gouvernement fédéral pour taxer Google et Facebook et soutenir les médias écrits en leur offrant des subventions afin de maintenir les emplois. L’éditeur ajoute que cette aide devrait être la même que celle offerte pour le cinéma, la radio et la télévision.
Question :
Lisez-vous encore des journaux en papier?