Que penser du plan de santé?

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé le 29 mars dernier son plan pour réformer et moderniser le système de la santé, grâce à 50 priorités. Le journal Les Versants a contacté des infirmières pour connaître leur avis sur la réforme en santé de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Le ministre Christian Dubé se donne jusqu’à 2025 pour réussir son plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé.

Mélanie* est infirmière auxiliaire depuis une dizaine d’années. Selon elle, une carence importante en santé n’est pas abordée dans les priorités du gouvernement. « J’ai lu la réforme du ministre Dubé. Le plus gros problème n’est pas abordé », dit-elle.

50
C’est le nombre de priorités qui composent le plan du ministre Dubé.

Cette cause d’échec, d’après elle, est dans le ratio patients/préposé et patients/infirmière. « Pour moi, c’est ça, le gros problème. La réforme ne dit rien là-dessus. Je suis très déçue, pour ma part! », commente Mélanie.

Puis d’ajouter : « De belles promesses, de beaux murs tout neufs, mais pas de personnel. Ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas de disponible, mais parce qu’il est usé à la corde à force d’être sur la corde raide! »

Pour sa part, Diana* estime qu’il y a des aspects intéressants à ce nouveau plan. « En y jetant un coup œil, [on constate des priorités pour] plus de personnel, plus de lits, favoriser la rétention du personnel… Ce sont tous de bons points, en théorie. Les mettre en application, c’est une autre chose. Pour faire ça, les travailleurs de la santé devront encore travailler plus fort. Orienter les nouvelles infirmières, c’est un job en plus de ta charge de travail habituelle, parfois très épuisante », évoque celle qui est éducatrice en développement professionnel des soins infirmiers.

Selon Diana, la population vieillissante force l’ajout de nouveaux lits, « mais pas avant d’avoir le personnel ».

Elle rappelle que la pandémie a forcé le système de santé à opérer différemment (rendez-vous virtuels, prescriptions sur portail médical, hausse des soins à domicile…). Pour elle, c’est primordial de conserver ces mesures pour désengorger le réseau.

Enfin, elle poursuit : « C’est encourageant de lire les améliorations. Je souhaite seulement que ses conseillers iront chercher leurs idées auprès de ceux qui y travaillent quotidiennement, ceux qui font face aux défis aberrants. Que ce ne sont pas des idées non fondées. Le changement, c’est difficile à implanter sur une petite échelle. M. Dubé a un beau contrat devant lui pour arriver avec son plan de match dans trois ans. »

Le plan du gouvernement québécois propose une série de changements qui concernent notamment le personnel (pour une organisation de travail plus humaine), l’accès aux données (pour une information juste et accessible), les technologies de l’information (pour un rattrapage), la première ligne, les urgences et les soins spécialisés (pour l’accessibilité), les aînés et les personnes vulnérables (pour un virage vers le soutien à domicile), la santé mentale (pour un bien-être global), la lutte aux épidémies (pour être prêt la prochaine fois) et bien davantage.

* Nos intervenantes ont préféré demeurer anonymes. Mélanie et Diana sont des prénoms fictifs.

 

QUESTION AUX LECTEURS :

Que pensez-vous de la réforme en santé présentée par le ministre Christian Dubé?