Quand l’art unit la communauté

D’habitude, ce sont les citoyens qui vont à la rencontre des artistes en se déplaçant dans des vernissages, des expositions, etc. Toutefois, la Ville de Saint-Bruno a voulu inverser les choses, en encourageant les artistes à aller vers leur public.
Ce n’est qu’à la mi-décembre que la Ville a partagé les résultats d’un projet lancé par la Division culture et patrimoine, pour le moins original, qui a eu lieu en octobre, dans le cadre des Journées de la culture.
Plusieurs artistes montarvillois ont été approchés afin de leur donner la possibilité d’offrir une œuvre d’art en cadeau aux citoyens qui circulaient au parc du lac du Village. En plus de vouloir créer un lien entre les artistes et leur public, ce projet de médiation culturelle avait pour but de faire la promotion du talent artistique à Saint-Bruno.

« […] J’ai tout de suite accepté parce que je considérais que c’était presque un acte d’amour vis-à-vis des arts. Je pense que dans notre milieu, les gens apprécient beaucoup l’art. » – Micheline Legaré

Cinq artistes ont accepté l’invitation de la ville : Micheline Legaré, Louise Jalbert, Lydia Schüfer, Philippe Quesnel et Johanna Griffith. Ils ont tous fait don d’une œuvre qui a été emballée comme un cadeau, puis déposée quelque part autour du lac du Village, que ce soit au pied d’un arbre, sur un banc, etc.

Des réactions plutôt drôles

Le tout était filmé et le résultat prend la forme d’un documentaire réalisé par le photographe Jean-Michael Seminaro. On y voit les passants surpris par les cadeaux et faire preuve de précaution lorsqu’ils en ramassent un, ça prend des allures d’émission de caméra cachée.
Daniel Mulcair, un Montarvillois qui a pris l’œuvre de Louise Jalbert, raconte dans le documentaire son expérience : « Je n’ai pas pris la pièce tout de suite, je l’ai regardée pendant trois ou quatre minutes et un coup qu’elle était dans mes mains, je voyais mieux l’art, les profondeurs et la couleur qui me plaisaient beaucoup, mais je n’étais pas à l’aise pantoute de partir avec la pièce ! » Une autre citoyenne, Ginette Goyer, qui a pris celle de Johanna Griffith, était elle aussi hésitante. « De prime abord, c’était un peu gênant, est-ce que c’était vraiment un cadeau ? J’ai parlé avec d’autres amis qui avaient fait le tour, mais qui n’osaient pas; cependant, ça a été une très belle surprise », raconte-t-elle.

Des artistes comblés

Il n’y a pas que les citoyens qui étaient contents de partir de leur marche autour du lac avec une nouvelle œuvre, les artistes étaient également ravis. « Quand le projet m’a été présenté, j’ai tout de suite accepté parce que je considérais que c’était presque un acte d’amour vis-à-vis des arts, développe Micheline Legaré. Je pense que dans notre milieu, les gens apprécient beaucoup l’art. »
D’autres étaient un peu hésitants, comme l’artiste Louise Jalbert : « L’acte de donner et de partager, c’est sûr que ça m’interpelle et j’étais heureuse de participer. Comme artiste, la valeur de mon œuvre, c’est quelque chose que je bâtis depuis une trentaine d’années et là, ça m’a donné un peu un choc de me dire : ‘’Est-ce que je ne suis pas en train d’envoyer un message qui dévalorise mon travail?’’, mais je suis très heureuse d’avoir rencontré M. Mulcair et du lien que ça crée. »
Une fois l’œuvre découverte par les citoyens, les artistes sont allés à leur rencontre afin de recueillir leur témoignage, échanger et ont ainsi développé un lien particulier.