Police et maisons d’hébergement contre la violence conjugale

Le projet VCI en 360º est unique au Québec et sera mené par la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saut-Laurent (RIPRSL). Une intervenante de proximité représentera les trois maisons d’hébergement sur le territoire de la Régie.

C’est une première au Québec qui inspire déjà plusieurs autres services de police.

Le projet VCI en 360º, annoncé le 12 septembre par la RIPRSL, a été reconnu par l’Association des directeurs de police du Québec en mai 2023.

La RIPRSL lutte activement contre la violence conjugale et intrafamiliale sur son territoire. Après avoir accueilli, au sein même de ses équipes policières, des intervenants désignés pour représenter le CISSS (santé mentale), le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et l’organisme Entraide pour hommes, la Régie poursuit son ouverture en invitant les maisons d’hébergement à se joindre au projet VCI en 360º.

« En 2021, nous avons eu une réflexion dans un séminaire de policiers. L’idée d’amener tous les intervenants du secteur à collaborer avec la police a eu un succès monstre », d’indiquer au journal Francis Lepage, capitaine au sein de la Régie et porteur du projet VCI en 360º. M. Lepage explique qu’avant cette entente, la question était posée à la victime à savoir si elle voulait de l’aide ou pas. « Si elle répondait non, nous ne pouvions pas aller plus loin. Aujourd’hui, nous ne demandons plus à la victime de se prononcer immédiatement. Nous nous référons à une intervenante de proximité qui, plus tard, appellera la victime pour lui proposer les services qui peuvent lui être offerts. »

Protocole d’entente

« La violence conjugale et les crimes intrafamiliaux se combattent sur le terrain et grâce aux partenariats que nous établissons avec les intervenants de proximité. En incluant les travailleurs du milieu et divers intervenants à même nos équipes, nous offrons aux victimes et aux agresseurs une aide rapide et soutenue à la suite de tout acte de violence ou de contrôle coercitif », d’indiquer le directeur de la RIPRSL, Marco Carrier.

Pour France Racicot, coordonnatrice à la Maison Simonne-Monet-Chartrand, un des trois centres d’hébergement concernés sur le territoire de la Régie, « Avec ce projet, tous les acteurs seront dans le dossier immédiatement. La victime sera prise en charge, comme les hommes violents le seront avec Entraide pour hommes. L’intervenante de proximité, qui représente les trois maisons d’hébergement au sein de la Régie, s’occupera exclusivement des femmes ».

L’établissement de Chambly collaborait déjà avec la police avant cette entente, « mais nous travaillions chacun de notre côté. L’information ne circulait pas rapidement. Les personnes hébergées à la Maison Simonne-Monet-Chartrand ne viennent pas que de notre secteur. Donc, nous collaborons aussi avec d’autres services de police », précise Mme Racicot, qui a signé le protocole d’entente avec la Régie en présence de Marco Carrier, Francis Lepage, Marie-Christine Plante, du Carrefour pour Elle, et Valérie Grégoire, de la Clé sur la porte. (Voir photo)

Le protocole prévoit l’échange d’informations nécessaires à la réalisation du mandat, un engagement de confidentialité à l’égard des renseignements divulgués et la formation d’un comité, composé de l’intervenante de proximité, des trois responsables des maisons d’hébergement, de leurs répondants et des responsables de la Régie.

Hausse de féminicides

Le projet VCI en 360º est une réponse à la hausse significative des cas de féminicides et de violence intrafamiliale survenus dans les dernières années. « Nous sommes très préoccupés des chiffres recensés ces dernières années. Sur le territoire de la RIPRSL, en 2021, nous avons recensé 685 dossiers de violence conjugale et intrafamiliale. En 2022, ce sont 773 dossiers qui étaient ouverts. Rien que pour la période allant de janvier à août 2023, déjà, nous avons eu 482 situations de violence conjugale  », explique le capitaine Lepage.

Pour Mme Racicot, la mission des centres d’hébergement est malheureusement de plus en plus indispensable. « À la Maison, nous avons 16 places accueillant les femmes et leurs enfants. Ces 16 places sont régulièrement occupées. Nous aimerions pouvoir fermer notre centre, ce qui voudrait dire qu’il n’y a plus de violence conjugale, mais il semble que l’on n’en prenne pas la direction, malheureusement », conclut-elle.