Plus de 200 marcheurs au sommet de Ski Saint-Bruno

Malgré le temps incertain, ils étaient nombreux à avoir répondu à l’invitation du Défi chaîne de vie, en se rendant au sommet de Ski Saint-Bruno, le 6 octobre. Cette marche de 4 km où plus de 200 personnes, seules ou en équipe, ont atteint les 134 m de hauteur menant au fil d’arrivée avait un double objectif : amasser des fonds et sensibiliser la population à l’importance de discuter du don d’organes et de tissus avec leurs proches.

Un texte de David Penven

Saint-Bruno n’était pas seule pour l’occasion. Ailleurs dans la province, durant cette même journée, quelque 1000 participants, répartis sur quatorze montagnes, ont relevé le même défi pour cette 5 édition, sauf au mont Royal. Dans ce cas-ci, l’activité qui donnait le coup d’envoi de la campagne avait lieu la veille.

« C’est moins de 1 % de la population qui peut être des donneurs [lorsque survient le décès]. Dans cette perspective, chaque don revêt son importance. Et un quart des familles en deuil vont refuser de consentir au prélèvement d’organes. Ce refus survient parce qu’il n’y a pas eu avant de discussion sur le sujet entre le donneur et sa famille », explique aux Versants Sophie Allard, responsable des communications au Défi chaîne de vie.

Aucun objectif financier n’a été officiellement fixé dans le cadre de cette collecte de fonds. « En moyenne, chaque année, on arrive à amasser 100 000 $ », mentionne Mme Allard.

Les sommes réunies permettront à l’organisme de poursuivre sa mission, à savoir d’éduquer les jeunes de 15 à 17 ans sur l’importance du don d’organes par leur école. En effet, le Défi chaîne de vie propose aux institutions scolaires qui le désirent une trousse de vulgarisation sur le sujet.

Témoignages

Avant de prendre le départ, plusieurs personnes directement concernées par le don d’organes ont pris la parole sur la tribune.

Sylvie Charbonneau, porte-étendard du défi Chaîne de vie, a donné en 2012 un rein à son fils Benoit, 27 ans, atteint d’une maladie rénale dégénérative. « Comme maman, je peux vous parler pendant très longtemps des avantages du don d’organes et à quel point cela change la vie de quelqu’un. La promotion du don d’organes devient de plus en plus forte grâce à l’implication des jeunes à travers le Défi chaîne de vie », a-t-elle déclaré.

Mme Charbonneau a rappelé que cette année, 800 personnes au Québec sont en attente d’une greffe d’organes et que certaines d’entre elles décéderont, faute de donneurs.

Autre moment émouvant lorsque Jocelyne Yelle et Gérald Pelletier, de Saint-Bruno, se sont adressés aux participants. Leur fils Alexis, décédé lors d’un accident de travail survenu en décembre 2015, a permis de redonner espoir à quatre personnes en attente de greffe. Leur histoire avait été rapportée à l’époque par Les Versants. « Merci Alexis. En laissant ta trace, tu contribues à un monde meilleur. Les receveurs de tes organes et de tes tissus peuvent continuer à célébrer la vie. Aujourd’hui, tes poumons continuent à respirer, ton cœur ne cesse d’aimer, tes reins de purifier, ta peau de protéger, et tes yeux d’admirer les beautés de la vie. Pour nous, voir que des gens poursuivent leurs rêves grâce à notre fils adoucit notre deuil », témoigne la maman.

Des personnalités étaient présentes, dont, entre autres, le maire de Saint-Bruno, Martin Murray, la présidente de la Commission scolaire des Patriotes, Hélène Roberge, et le Dr Olivier Diec, médecin spécialiste des maladies du rein à l’Hôpital Charles-Le Moyne. « Je côtoie les gens avec la maladie rénale. Ils sont fragilisés, mais grâce à votre soutien, ils sont plus forts, plus résilients. Au nom de mes patients et en mon nom, je vous dis merci d’embrasser cette cause », de souligner le Dr Diec.

Le Défi chaîne de vie à Saint-Bruno a pu compter sur divers partenaires, dont la Caisse du Mont-Saint-Bruno Desjardins, qui a remis un chèque de 1000 $.

Jocelyne Yelle et Gérald Pelletier, de Saint-Bruno, ont rappelé que le décès accidentel de leur fils avait permis de redonner espoir à quatre personnes en attente de greffes. (Photo : David Penven – Les Versants)

Un hommage émouvant a été rendu à l’alpiniste Serge Dessureault, qui a trouvé tragiquement la mort en juillet 2018 lors de l’ascension du sommet du K2 dans le nord du Pakistan. Une plaque commémorative a été apposée sur une pierre au sommet de l’une des pentes du Centre Ski Saint-Bruno où le Montarvillois avait l’habitude de s’entraîner entre deux expéditions. L’événement a eu lieu le 6 octobre dans le cadre de l’activité Chaîne de vie (voir autre texte).

« Serge était notre porte-étendard. Il devait hisser le drapeau Chaîne de vie au sommet. Quelques semaines plus tard, une équipe a retrouvé son drapeau et nous l’a remis. En mai dernier, Gabriel Filippi, alpiniste, a hissé notre drapeau au sommet du mont Everest», a rappelé Sophie Allard, responsable des communications à Chaîne de vie.

Marie-Josée Normand, conjointe de M. Dessureault, et leurs deux filles, Frédérique et Catherine, étaient présentes pour le dévoilement de la plaque sur laquelle on peut lire : « Vivre intensément, semer le bonheur, partager tes passions, c’était toi. »

« Mon père était un homme qui croyait aux bonnes choses de la vie. Il avait énormément d’amour et de temps à donner », a déclaré Frédérique. Sa sœur Catherine s’est dite heureuse de voir que son père continuera à « vivre sur sa montagne ». « J’ai le sentiment du devoir accompli. C’est un homme de cœur. Il est maintenant en haut de la montagne et il pourra veiller sur tout », a mentionné par la suite aux Versants Mme Normand, leur mère.

En plus de la plaque, un sapin bleu a été planté aux abords de la pierre. (DP)