Plainte contre le président du conseil d’agglomération de Longueuil

La dernière séance du conseil d’agglomération de Longueuil, le 14 novembre, n’a pas fini de faire parler d’elle. Plusieurs citoyens, voulant alerter le conseil des désagréments de l’aéroport Saint-Hubert de Longueuil, se sont vu restreindre leur droit à la parole. L’un des intervenants a décidé de porter plainte auprès du ministère des Affaires municipales et de l’AHAbitation (MAMH).

Après une période de questions houleuses, où plusieurs citoyens se sont sentis intimidés par le président du conseil Éric Beaulieu, une plainte au code d’éthique et de déontologie a été déposée à l’encontre de ce dernier par un citoyen.

« J’avais des questions et on ne m’a pas laissé le temps de les poser. Est-ce qu’on est dans un pays qui bafoue la liberté d’expression? Il serait temps que l’agglomération de Longueuil améliore son écoute et le droit de parole aux citoyens », explique au journal Stéphane Réhel, un citoyen de Saint-Hubert travaillant à Saint-Bruno-de-Montarville à l’origine de la plainte.

Il n’est pas le seul à ne pas avoir pu poser sa question sans être interrompu par celui qui présidait la séance. Une citoyenne de Saint-Bruno, venue pour la première fois au conseil d’agglomération, s’est trouvée, elle aussi, bousculée par le déroulement de la séance. « C’est la première fois que j’assistais au conseil d’agglomération. Je ne sais pas si c’est toujours comme ça, mais j’ai trouvé l’accueil très intimidant, très froid. On sentait tout de suite que la période de questions était obligatoire, selon les règlements municipaux, et qu’on s’empressait de passer à travers. Dès qu’un citoyen essayait même de se présenter, M. Beaulieu demandait d’un ton plutôt agressif de poser la question. Les échanges n’étant pas permis, il semblait que les questions posées ne donneraient rien de toute façon. »

Tous les citoyens s’étaient préparés à poser leurs questions en écrivant le plus souvent leurs interventions sur une feuille. « J’avais préparé quatre minutes de présentation structurée, contenant des constats réels et quelques questions. J’ai dû laisser tomber, car je ne crois pas que M. Beaulieu m’aurait laissé parler plus d’une minute. J’ai été déçue de l’absence de droit de parole réel et d’une absence totale d’un semblant d’empathie. La mairesse de Longueuil laissait ses conseillers intervenir en son nom, pendant qu’elle regardait son téléphone! Personnellement, j’ai trouvé son attitude désolante pour les citoyens », d’indiquer l’une des intervenantes au micro, Sonia Simard.

« Je demande des excuses publiques et par écrit. » – Stéphane Réhel

Même son de cloche pour M. Réhel. « Je trouve ça dommage que la mairesse de Longueuil se cache derrière le président de la séance du conseil d’agglomération, un membre de l’équipe de la mairesse et un ancien administrateur de DASH-L, ce qui, selon moi, met M. Beaulieu en conflit d’intérêts. »

Mme Simard nous explique qu’il n’est pas toujours évident pour les citoyens de se présenter au micro : « La séance pourrait être plus cordiale, je crois, sans perdre en efficacité. Enfin, ce n’est pas du tout la sensation qu’on a lorsqu’on va à nos séances de conseil de la ville de Saint-Bruno. Nous sommes gâtés, en comparaison! Bien sûr, le soutien de M. Murray fut salutaire et a permis de changer un peu le ton. Il mérite d’être félicité, étant le seul à s’être tenu debout et aussi, à avoir rempli son rôle d’élu en représentant les citoyens. »

M. Réhel porte plainte contre M. Beaulieu « pour son manque de respect envers moi pour m’avoir enlevé mon droit de liberté d’expression sans raison justifiable. Je demande des excuses publiques et par écrit. »

Rappel des événements

M. Beaulieu a expulsé plusieurs citoyens de la séance de l’agglomération de Longueuil venus poser des questions sur leurs craintes de voir l’aéroport Saint-Hubert de Longueuil se développer. Martin Murray a été le seul des cinq maires à répondre à l’intervention des citoyens, qu’il trouvait légitime.

Le président a par la suite coupé de nouveau le micro à une citoyenne après quelques secondes d’intervention. C’est alors la mairesse de Brossard, Doreen Assaad, qui s’est permis d’intervenir auprès du président : « Ce n’est pas ma place de dire comment faire, mais trois minutes pour écouter, ça ne fait pas de mal, honnêtement. »

À la fin de la séance, le maire de Saint-Bruno et le maire de Boucherville, Jean Martel, se sont désolés du fait qu’on n’a pas laissé la parole aux citoyens. « Cela a été une séance houleuse et en même temps, je crois que les citoyens étaient venus pour les bonnes raisons. Il faut se mettre à l’écoute de nos citoyens », a indiqué M. Murray. De manière très mesurée, M. Martel a fait de même lors de son temps de parole : « Je pense qu’être à l’écoute des citoyens, c’est important. C’est une des valeurs à laquelle j’adhère. Il y a eu un certain malaise aujourd’hui, c’est dommage quand ça arrive. »

À la fin de la séance, M. Beaulieu a justifié ses agissements en expliquant qu’il allait « continuer à agir de cette façon en respectant les lois et les règlements ».

Éric Beaulieu n’a pas retourné notre demande d’entretien.

(Séance du conseil du 14 novembre : https://www.yotube.com/watch?v=aGc9SaLfNhQ)