Pénurie de médicaments

Les tablettes de médicaments pour enfants sont vides dans les pharmacies de la région. 

L’image rappelle les rayons vides de masques de protection et de désinfectant pour les mains vus en janvier et en février 2020, alors que la COVID-19 s’immisçait à peine au Québec. Puis les tablettes dépouillées de rouleaux de papier hygiénique en mars 2020, quand la province amorçait son confinement. Cette fois, ce sont les médicaments pour enfants qui manquent à l’appel. Les pharmacies sont concernées. « Cette pénurie dure depuis un bon petit bout de temps, plus d’un mois, je dirais », affirme, sous le couvert de l’anonymat, une femme travaillant au Uniprix Roxane St-Jean de Saint-Bruno-de-Montarville. Le Tylenol et l’Advil en solution liquide, surtout. 

Une situation assez particulière que les pharmaciens s’expliquent difficilement. « Nous n’en savons pas plus. Nous lisons les nouvelles, comme tout le monde », ajoute-t-elle.

» La demande de la clientèle est plus forte que l’offre des compagnies. »  – Jennifer Farrah

La pharmacienne en chef de la succursale Familiprix – Christian DeBlois, à Saint-Bruno-de-Montarville, Jennifer Farrah, a le même constat. « Toutes les pharmacies sont touchées par ces pénuries. Il manque plusieurs médicaments pour enfants, Advil, Tylenol et autres médicaments contre la fièvre se font rares sur les tablettes. »

On parle notamment des comprimés croquables, de même que les sirops pour nourrissons et pour enfants. 

Quand on lui demande ce qui explique cette rareté, Mme Farrah évoque une très grande demande de l’acétaminophène et de l’ibuprofène pour enfants à travers les provinces du pays. La pharmacienne ajoute que « Ce n’est pas une pénurie de production, ni une pénurie de la molécule, ni de la matière. »

Une pénurie contradictoire

Les grandes entreprises s’expliquent mal la pénurie. Johnson & Johnson, distributeur de Tylenol, mentionne au journal qu’elle fait face à une demande accrue des consommateurs avec certains produits et marchés. « Nous prenons toutes les mesures possibles pour assurer la disponibilité des produits », indique l’industrie. Le géant du marché souligne que son site de fabrication canadien fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et que les produits sont expédiés à travers le pays tous les jours. Le problème ne réside donc pas dans la matière première. Il est causé par l’augmentation de la demande. 

C’est d’ailleurs ce que confirme Jennifer Farrah. « C’est que la demande est trop forte. La demande de la clientèle est plus forte que l’offre des compagnies. »

Les virus

Si cette demande est considérable, c’est entre autres à cause d’une multitude de virus qui se propagent simultanément. La COVID-19, toujours en circulation, mais aussi l’influenza et le virus respiratoire syncytial (VRS), arrivés plus tôt cette année. « Il y a une grande demande en analgésiques », ajoute Mme Farrah, qui évoque un taux d’absentéisme de 25 % dans les écoles.  Selon elle, la pénurie de médicaments pour enfants s’est amorcée au cours de la saison estivale. Or, c’est pire depuis les dernières semaines. « Le phénomène s’accentue depuis l’apparition de virus en circulation. »

Une autre pharmacienne de la région, qui n’a pas souhaité être citée, corrobore la pénurie de médicaments pour les petits. Les produits manquants varient d’une semaine à l’autre. « Oui, comme tout le monde, nous sommes touchés par cette pénurie. Mais nous avons la chance d’en avoir un peu. La population fait attention et, de notre côté, nous faisons de notre mieux pour aider la clientèle », se limite-t-elle à déclarer. 

Des solutions

Le Tylenol, l’Advil, le Tempra et autres médicaments pour enfants sont offerts en quantités limitées. Mais il y a d’autres options, comme le souligne Jennifer Farrah. « Il y a différents dispositifs mis en place. Nous avons des solutions pour soulager comme nous pouvons les enfants », fait-elle savoir. 

Notamment, la coupe de comprimés pour adultes afin de les administrer à l’enfant plus âgé. « Le pharmacien calcule la dose nécessaire d’un comprimé adulte qui peut convenir à l’enfant, soit en le séparant de moitié, soit en l’écrasant. Il suffit de trouver le bon dosage. C’est selon le poids. Pour le nourrisson, le choix est plus limité. Les suppositoires peuvent convenir », précise Jennifer Farrah. Le mieux est de parler à votre pharmacien. « Ça fait partie de notre travail, de répondre et de venir en aide à la population », conclut-elle.