Pas d’unifolié pour le nouveau député de Montarville

La première mesure de Stéphane Bergeron, nouveau député fédéral bloquiste dans la circonscription de Montarville, aura été d’enlever le drapeau du Canada pour identifier son bureau de circonscription à Saint-Bruno-de-Montarville, afin de le remplacer par celui du Québec.

« Ce n’est pas le premier geste que je pose en tant que député. Je suis allé à la rencontre des citoyens de la circonscription et nous recherchons activement de nouveaux bureaux et du personnel. Quant au drapeau canadien, oui, il n’est plus là sur le mât ni dans mon bureau. Une partie de mon électorat souhaite faire du Québec un pays, c’est ainsi un geste rassembleur signifiant pour tous les citoyens », avance M. Bergeron au journal.

Bien qu’il ait déjà souligné qu’il souhaitait quitter les locaux de son prédécesseur libéral, M. Bergeron n’a pas tardé à remplacer la feuille d’érable par le fleurdelisé. La plaque accrochée à l’entrée du bâtiment indiquant le bureau de Michel Picard avec l’unifolié a été enlevée peu de temps après que l’on ait appelé à ce sujet le cabinet du nouveau député. Pourquoi ce dernier souhaite-t-il quitter ce bureau à Saint-Bruno? « Ce n’est pas seulement pour des raisons de coûts, c’est aussi pour des raisons d’accessibilité dans tous les sens du terme. »

Manque de respect
Pour l’ancien député fédéral libéral de Montarville, Michel Picard, « c’est un manque de respect fondamental à l’encontre de beaucoup de citoyens. Plusieurs personnes m’ont dit qu’elles avaient été gênées de ce geste. Lors du jour du Souvenir, M. Bergeron représentait le gouvernement du Canada, il me semble. Le drapeau canadien n’est en rien opposé à ce qu’on puisse porter fièrement notre identité québécoise. »

« En parlant de manque de respect, je crois que M. Picard est très mal placé. Je suis arrivé dans un bureau vide. Tous les dossiers des demandes des citoyens avaient disparu. C’est un manque de respect le plus élémentaire pour les citoyens. Quand j’ai quitté mon siège de député à l’Assemblée nationale, j’avais fait la demande à mes citoyens s’ils souhaitaient que je remette leur dossier à la députée où que je leur remette à eux. J’en avais par la suite avisé la députée. »

« En effet, j’ai déposé la couronne du gouvernement du Canada et je l’ai fait en représentant les citoyens souverainistes et fédéralistes de la province. » – Stéphane Bergeron

Dimanche, à la cérémonie du jour du Souvenir, les deux drapeaux étaient présents au cénotaphe de Saint-Bruno. Nathalie Roy, députée de Montarville et ministre de la Culture, représentait le gouvernement du Québec, et Stéphane Bergeron, le gouvernement du Canada. « En effet, j’ai déposé la couronne du gouvernement du Canada et je l’ai fait en représentant les citoyens souverainistes et fédéralistes de la province. Je ne suis pas allergique au drapeau du Canada, je suis d’ailleurs chargé des Affaires étrangères au sein de ma formation », a précisé au journal M. Bergeron.

En toute légalité
Le mât sur lequel flotte le drapeau québécois n’est pas la propriété de la Chambre des communes. Officiellement, Ottawa n’a donc aucun droit sur le drapeau qui doit y être hissé.

La directrice des communications de la Chambre des communes, Heather Bradley, a indiqué aux Versants que « les députés peuvent gérer leurs bureaux et communiquer avec leurs électeurs comme ils le souhaitent, à condition qu’ils respectent les directives établies par le Bureau de régie interne. Il n’existe aucune directive particulière relative à l’utilisation du drapeau. »

M. Bergeron rappelle que depuis les années 90, « les députés du Bloc n’ont pas utilisé le drapeau du Canada et moi non plus ».

Même volonté au provincial
La volonté de faire disparaître l’unifolié des partis politiques souverainistes ne date pas d’hier. Rappelons-nous qu’à l’Assemblée nationale, lors de l’assermentation des députés péquistes à Québec, le Parti québécois a retiré à plusieurs reprises le drapeau canadien de la salle du Conseil législatif de l’Assemblée nationale.

Même le gouvernement de Pauline Marois avait tenté de retirer définitivement la feuille d’érable du Salon rouge en 2012. L’ensemble des élus de l’Assemblée nationale avait voté contre la volonté du gouvernement péquiste. L’actuel premier ministre du Québec, François Legault, avait voté contre, comme l’ensemble des élus libéraux et caquistes qui formait alors la majorité.