Où sont les autobus ?

La voie d’accotement de l’autoroute 30 est accessible pour les autobus depuis le 4 septembre. Or, peu utilisent la voie réservée.
Malgré ces travaux, n’importe quel habitué de l’autoroute 30 remarquerait que les voitures et les camions de transport y sont toujours majoritaires et les autobus, pratiquement absents.
Suzanne Roy, représentante de la Coalition A-30 et mairesse de Sainte-Julie, acquiesce qu’il n’y a pas beaucoup d’autobus qui circulent sur la nouvelle voie. « Il y en a peu, mais il y en a quand même. Tous les bus de Sainte-Julie passent sur la 30 », précise-t-elle.
La porte-parole veut rassurer les sceptiques en promettant qu’il ne s’agit que d’un premier pas et que ces travaux n’auront pas été faits en vain. « C’est comme une première étape. Tout ça est fait dans la perspective du REM (Réseau électrique métropolitain) qui s’en vient, dit-elle. Avec le REM, il y aura de plus en plus de transport collectif et ce n’est pas rendu là qu’il faudra élargir la voie, c’est maintenant. »
Mais ce ne sera pas avant l’arrivée du REM que les autobus s’aventureront sur l’autoroute. « Actuellement, personne n’a envie d’envoyer ses autobus sur la 30, même avec la voie d’accotement, estime Suzanne Roy. La deuxième étape, ça va être de redessiner la desserte pour que ce soit avantageux pour Saint-Bruno, Longueuil et les autres villes de devoir passer par la 30. »

« Avec le REM, il y aura de plus en plus de transport collectif et ce n’est pas rendu là qu’il faudra élargir la voie, c’est maintenant. » – Suzanne Roy

Toutefois, les autobus qui roulent en ce moment sur l’autoroute 30 n’utilisent pas tous ladite voie. Ce serait parce que les chauffeurs ne sont pas tous formés, comme l’avait promis le ministre des Transports, André Fortin : « On nous dit que d’ici la fin du mois, tout le monde le sera, ils vont systématiquement l’utiliser. »
Une voie pas si facile
René, un chauffeur d’autobus qui a suivi ladite formation pour utiliser la voie réservée a fait savoir aux Versants pourquoi cette voie était peu utilisée.
Tout d’abord, comme la vitesse de la voie réservée est limitée à 50 km/h, les autobus ne peuvent pas l’emprunter si le traffic roule à plus de 50 km/h.
Les chauffeurs doivent également dégager les bretelles d’autoroute, ils doivent donc réintégrer la voie régulière à chaque entrée et sortie de l’autoroute 30. « Si on pouvait toujours utiliser l’accotement, même vis-à-vis les sorties, il y aurait beaucoup plus d’autobus » dit-il. Selon lui, plusieurs voies réservées pour les autobus pouvant immerger dans les sorties et les entrées d’autoroute existent déjà, notamment sur la 132 direction Ouest, sur l’autoroute 20 direction Ouest après la sortie De Mortagne, etc,
Il fait également savoir que l’accotement n’est pas suffisamment large à plusieurs endroits et que les véhicules roulent pratiquement dans le gravier.
René explique aussi que sur l’autoroute 30 en direction de l’autoroute 10, les autobus ne peuvent s’engager sur la voie réservée seulement après la sortie Grande-Allée, « ce qui implique parfois plus de 10 minutes d’attente, un non-sens pour un autobus rempli de passagers ». Les chauffeurs choisissent souvent d’utiliser un autre chemin pour rejoindre l’autoroute 30 en cas de congestion.
Il conclut sur ce point : « Lors de congestion, on préconise les routes avec voie réservée optimale, ce qui n’est pas encore le cas sur l’autoroute 30. »