Nathalie Roy blâme la gestion faite par Québec

La députée provinciale de Montarville Nathalie Roy veut s’assurer du bon déroulement des activités au premier centre d’accueil pour les demandeurs d’asile à Boucherville et croit que le gouvernement provincial aurait dû mieux se préparer afin de faire face à cette vague migratoire.
Ouvert depuis plus d’une semaine, le refuge établi dans la résidence pour personnes âgées Havre Providence – qui était inoccupée – accueille environ 180 migrants, dont la plupart sont des Haïtiens. La capacité du lieu est de 300 personnes et devra permettre à ces demandeurs d’asile d’y rester pour environ cinq semaines, précise-t-on sur le site du CISSS de la Montérégie-Est.

« On laisse miroiter aux gens qu’on va régulariser leur situation. Pour nous, c’est déplorable et indigne d’un premier ministre. » – Nathalie Roy

La députée caquiste déplore avoir été avertie de cette décision à la dernière minute. « J’ai contacté les autorités, car je voulais m’assurer que tout se passe bien. Le centre est dans un quartier résidentiel et les gens ont été mis devant le fait accompli », d’affirmer l’élue.
Elle considère que le gouvernement Couillard nage dans l’improvisation, alors que les migrants commençaient déjà à être plus nombreux à affluer à la frontière. « Ç’a été fait de façon précipitée, il n’y avait pas de plan. Il aurait déjà fallu identifier des endroits et cibler des villes au lieu de chercher en catastrophe », avance-t-elle.
Consciente de l’obligation du gouvernement d’accueillir les demandeurs d’asile en vertu de la Convention de Genève, Mme Roy estime qu’il est important de les mettre en garde sur le processus d’immigration au Canada : « On laisse miroiter aux gens qu’on va régulariser leur situation. Pour nous, c’est déplorable et indigne d’un premier ministre. Il faut donner l’heure juste aux gens. »
Une préoccupation partagée par Francine Dupuis, PDG du Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA), qui gère notamment le centre d’accueil à Boucherville. « Les migrants devront réussir à prouver qu’ils sont en situation de risque dans leur pays. S’ils veulent améliorer leur niveau de vie, ce n’est pas la bonne filière pour y parvenir », souligne-t-elle.

Réactions

L’ouverture du refuge a d’ailleurs suscité beaucoup de réactions sur la page Facebook de la Ville de Boucherville, la semaine dernière. La Ville avait publié cette précision : « Le choix du site et sa coordination sont sous l’entière responsabilité du CISSS. La Ville n’a pas été consultée quant au choix du site. Les dépenses afférentes à la prise en charge des demandeurs d’asile haïtiens sont entièrement assumées par les autorités provinciale et fédérale. Rappelons que la résidence Havre Providence est un bâtiment privé. »
De nombreux messages racistes ont dû été retirés, rapporte le quotidien La Presse. Encore aujourd’hui, on peut apercevoir une centaine de commentaires, dont plusieurs sont en désaccord avec l’accueil des demandeurs d’asile. Pour sa part, Mme Roy dit ne pas avoir reçu de commentaires déplacés à l’égard de ces personnes : « J’ai eu un seul appel plutôt désobligeant. Sinon, je pense que les gens comprennent que c’est temporaire et qu’il y a des normes pour le contrôle de la sécurité. »
Selon la GRC, près de 8000 demandeurs d’asile – dont 85 % sont d’origine haïtienne – ont traversé illégalement la frontière en passant par le chemin Roxham, à Hemmingford, depuis le début du mois de juin.