Centre-ville de Saint-Bruno: Moins de stationnement pour plus de vélos?

La disparition de certaines cases de stationnement au profit de pistes cyclables pourrait revitaliser le centre-ville de Saint-Bruno, aux prises avec plusieurs locaux vides, estime le directeur général de la Chambre de commerce locale.

« Ça pourrait être une bonne nouvelle, parce qu’on est dans une aire de transport actif. Donc, quels sont les gens qui viendraient davantage au centre-ville si c’était plus facilement accessible, si c’était plus sécuritaire? », a indiqué en entrevue aux Versants Marcel Aubin, directeur général de la Chambre de commerce Mont-Saint-Bruno.

Le journal Les Versants a appris que la Ville de Saint-Bruno avait récemment offert un contrat d’environ 25 000 $ à l’entreprise WSP Canada pour réaliser une étude sur le réseau cyclable de la ville et son « arrimage au réseau routier ».

« Si on dynamise le centre-ville, nos commerces de proximité vont mieux vivre et on pourra combler les locaux vides. » – Marcel Aubin

Selon des sources proches du dossier, cette étude analysera notamment la possibilité de retirer des cases de stationnement au centre-ville afin de permettre la mise en place de pistes cyclables. Les rues Montarville et Roberval seraient notamment visées.

Si historiquement les commerçants s’opposent à la disparition d’espaces de stationnement – on n’a qu’à penser aux propriétaires des commerces du Plateau-Mont-Royal –, M. Aubin refuse de se braquer devant cette éventualité. Il explique : « Pour les commerçants, quand on réduit l’accès facile à leur commerce, c’est sûr que ça ne fait pas le bonheur. Mais moi, je crois que c’est important de mettre aussi dans la balance l’accès à nos commerces par une autre clientèle. »

Dynamiser

L’entrepreneur avance même que de faciliter l’accès aux cyclistes pourrait redonner vie au centre-ville montarvillois, où les pancartes « à louer » ou « à vendre » décorent trop de vitrines. « Si on dynamise le centre-ville, nos commerces de proximité vont mieux vivre et on pourra combler les locaux vides. »

Toujours selon lui, les décideurs doivent créer un sentiment communauté au centre-ville, qu’il sera agréable de fréquenter, un peu comme « jadis, on rencontrait les gens sur le parvis de l’église ».

« Pourquoi aller acheter au bout du monde quand tu peux avoir le même produit ici, même s’il sera peut-être un peu plus cher? Je pense qu’on doit miser sur l’esprit de communauté », insiste-t-il.

Y retourner plus souvent

Selon Magali Brebonne, chargée de programme à Vélo-Québec, il est d’ailleurs faux de croire que d’éliminer du stationnement au profit du transport actif nuit aux affaires. Au contraire, même. « Oui, un client à pied ou à vélo transporte peut-être moins de choses à la fois, mais par contre, c’est un client qui va revenir plus souvent, parce qu’il est plus captif de ces commerces locaux. Son rayon d’action est restreint. »

Au bout d’une année, donc, le client à vélo ou à pied dépenserait davantage dans les commerces locaux que celui en voiture. Et d’ajouter Mme Brebonne : « Il y a également une chose qui ressort de tous ces débats sur le stationnement, c’est que les commerçants ont tendance à surestimer la proportion de leurs clients qui arrivent en auto, et de sous-estimer le nombre qui viennent à pied, en vélo ou en transports en commun. »

Des parcomètres au centre-ville?

Si la croyance générale veut que les parcomètres nuisent aux commerçants, il en serait tout autre en réalité, fait remarquer la porte-parole de Vélo-Québec. Il y aurait même des endroits en Amérique où certains commerçants demandent que soit installé un tel système de tarification. « Là où le stationnement est facile et gratuit, il sert à des gens qui y laissent leur voiture toute la journée. Ce qu’on a tendance à oublier, c’est que les parcomètres assurent une rotation devant les commerces», soutient-elle.

Question aux lecteurs : Êtes-vous prêts à sacrifier des espaces de stationnement au centre-ville pour mieux accueillir les cyclistes?