Martin Murray seul membre élu du Parti Montarvillois

Depuis vendredi, 13 h, Isabelle Bérubé et Vincent Fortier, élus des districts 5 et 2 du Parti montarvillois, siégeront désormais en tant qu’indépendants.

« À la suite de la dissolution du caucus du Parti montarvillois, les conseillers municipaux Isabelle Bérubé et Vincent Fortier agiront désormais à titre d’indépendants. Cette décision a été prise d’un commun accord avec le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Martin Murray. » Voilà ce qu’il était possible de lire dans un communiqué envoyé par les deux élus.

En entrevue, ces derniers ont indiqué faire cela pour ramener « une certaine sérénité au sein du conseil ». Ils souhaitent également que leur prise de parole ne soit pas systématiquement ramenée à celle du Parti montarvillois. « Il s’agit d’un geste ultime pour ramener une certaine harmonie au sein du conseil municipal, déclare Isabelle Bérubé. Ce n’est pas un secret pour personne que le climat actuel est malsain et nous espérons que cette décision amènera les autres membres du conseil à nous voir autrement qu’à travers le prisme d’une formation politique. »

« Nous allons continuer de défendre nos engagements, souligne pour sa part Vincent Fortier. Nous poursuivons notre travail de représentation et de défense du service aux citoyens, de transparence, de consultation citoyenne, de protection de l’environnement et de concrétisation du projet de complexe sportif. Nous allons continuer de respecter le maire, l’homme et sa fonction de premier magistrat de la Municipalité. »

Les deux élus ont indiqué que cela faisait plusieurs semaines qu’ils pensaient à poser ce geste. Cependant, Mme Bérubé a indiqué que la démission du directeur de la Ville « a accéléré notre décision ». Rappelons que Sylvain Brouillette, directeur général de Saint-Bruno jusqu’à la fin novembre, a pointé du doigt le maire Martin Murray comme étant le seul responsable de sa démission.

« Ils ne font que tourner le dos à un parti qui explose. Le vaudeville continue. » – Louise Dion

Réaction du maire
Dans un communiqué, M. Murray a indiqué que l’indépendance des deux élus vis-à-vis le Parti montarvillois est une décision prise en commun pour « leur permettre de jouer pleinement leur rôle de conseiller tout en évitant les très fortes tensions liées au climat politique actuel ». Le maire poursuit en indiquant qu’il se donnait « toute la latitude pour entreprendre les démarches visant à faire toute la lumière sur cette dernière crise entravant le bon fonctionnement de la Municipalité. Au cours des prochaines semaines, je compte rétablir les faits. Il était donc plus que souhaitable que les deux élus de ma formation politique ne soient pas entraînés dans cette tourmente, car ils n’y sont pour rien. »

Alors que le maire est désormais le seul à ne pas être indépendant au conseil municipal de Saint-Bruno, après avoir perdu six conseillers du Parti montarvillois au cours de ses deux mandats, il termine en expliquant qu’il ne démissionnera pas de ses fonctions.

À un an des élections
Pour les six élus déjà indépendants, le sentiment est mitigé en réponse à cette annonce.
« Disons-nous les vraies choses. Mme Bérubé et M. Fortier ‘’quittent’’ le navire non pas parce qu’ils souhaitent une belle dynamique entre nous tous, mais bien parce qu’à 12 mois des prochaines élections, ils doivent se sauver du navire en se dissociant de Martin Murray et sauver leur peau. Qui pourrait les blâmer? Mais de grâce, c’est une chose d’être incapable de dire la vérité, c’en est une autre de jouer avec la vertu (et s’en moquer, même), car depuis trop longtemps, ils ont suivi aveuglément et inconditionnellement cet homme qui a fait en sorte que Saint-Bruno soit devenue la risée dans le monde municipal. M. Fortier souhaite que le conseil travaille ensemble mais du même souffle, il ajoute qu’il défendra bec et ongles le programme de son parti.

Quel paradoxe éloquent! Dans un monde idéal, je souhaite vivement le départ de Martin Murray, à défaut de quoi, la tutelle devient la seule et unique solution », indique Joël Boucher, conseiller indépendant du district 8.

Quant à Ludovic Grisé, conseiller du district 4, il salue « l’initiative de quitter le Parti montarvillois, organisation qui n’a fait qu’alimenter les chicanes depuis trois ans sur ce conseil municipal. Cependant, s’ils sont vraiment prêts à collaborer, un geste fort serait leur démission des commissions d’agglomération. Il faut se rappeler qu’une majorité d’élus a demandé qu’il y ait une alternance sur ces sièges, ce qui a été refusé par ces deux élus jusqu’à maintenant. Pour moi, un geste de la sorte viendrait confirmer leur bonne foi pour la suite. Sinon, on pourra en déduire que leur démission n’est encore qu’un stratagème politique ».

Pour Caroline Cossette, conseillère indépendante du district 3 : « C’est une excellente nouvelle. J’ai hâte de voir comment cette réalité se vivra au quotidien, mais je crois que comme d’autres villes, les conseillers devraient tous devenir indépendants après les élections. »

Pour Jacques Bédard, conseiller indépendant du district 7, « c’est trop peu trop tard. Je suis surtout surpris des raisons pour lesquelles ils ont décidé d’être indépendants. Si c’était pour régler les tensions au sein du conseil municipal, cela aurait été fait il y a un an et demi, quand on leur a demandé de le faire. Aujourd’hui, c’est un calcul politique ».

Louise Dion, conseillère indépendante du district 1, n’est pas surprise. «Ils tentent de se dissocier du maire vu les derniers événements avec un directeur général qui démissionne et qui le pointe du doigt comme en étant la cause. Par contre, je suis surprise qu’ils démissionnent et qu’ils restent loyaux au maire. C’est particulier. C’est trop peu, trop tard. Je vais continuer à collaborer comme avant, mais comment voient-ils, eux, la collaboration? Qu’on pense comme eux? Et tout cela un an avant les élections municipales. Si c’est ça leur stratégie, ils manquent leur coup. Ils restent associés au maire. Ils ne font que tourner le dos à un parti qui explose. Le vaudeville continue. »

Marilou Alarie, conseillère indépendante du district 6, reste sceptique. « À un an des élections municipales, les élus démissionnaires du Parti montarvillois ne souhaitent plus être associés au maire Murray qu’ils considèrent comme un boulet. Leur décision n’est pas surprenante. »

À aucun moment, Mme Bérubé et M. Fortier n’ont regretté avoir été membres du Parti montarvillois ou indiqué d’une quelconque manière qu’ils avaient été en désaccord avec les décisions prises dans le passé. Les deux élus continuent a être favorables à l’existence des partis politiques au sein d’une municipalité. « Les partis politiques favorisent le débat d’idées, donc, restent essentiels au débat démocratique, c’est une évidence. Ne serait-ce que pour la vivacité de notre parti politique, qui est un parti municipal duquel sont membres plusieurs personnes. Pour moi, c’est une évidence que les partis politiques ont leur place et qu’ils doivent demeurer », d’indiquer Mme Bérubé.

Le Parti montarvillois organisera dans deux semaines son assemblée générale pour décider de son avenir. Martine Bousquet, présidente du Parti montarvillois, s’est dite surprise de la décision des deux élus et avoue ne pas connaître pour l’instant l’avenir de son parti. « Je suis surprise, mais pas à 100 %. Je savais bien que dans les prochains mois, des questions de repositionnement allaient se poser. Je suis déçue du timing. Le moment était mal choisi. M. Murray venait d’avoir des allégations du directeur général contre lui. Cette démission vient s’ajouter », d’indiquer celle qui se représentera à la tête du Parti montarvillois à son assemblée générale. Cette dernière précise cependant que le Parti montarvillois appuie toujours le maire « pour se défendre de ses allégations ».