Longueuil dit non

Crise du recyclage

L’agglomération de Longueuil refuse aussi de rouvrir l’entente avec son service de traitement des matières recyclables, Papiers MD.
À l’instar de la Ville de Saint-Basile-le-Grand, l’agglomération de Longueuil ne souhaite pas donner plus d’argent à son service de collecte de matières recyclables, avec qui elle a conclu un contrat il y a quelques mois à peine.
Le contrat, adjugé le 13 février 2018 pour la période du 1 mai 2018 au 30 avril 2021, prévoit le traitement des matières recyclables des cinq villes pour un peu plus de 2,5 millions de dollars.
Or, Papiers MD, suivant la majorité des services de collecte et de tri de la province, a demandé de revoir le contrat à la hausse en raison de la chute de prix des matières attribuable à la fermeture du marché chinois, chose que l’agglomération refuse.

Pas la responsabilité des municipalités

Sylvie Parent, mairesse de Longueuil, en a discuté au conseil d’agglomération de Longueuil le 14 juin dernier : « Nous savons tous que le monde du recyclable connaît actuellement une crise sans précédent. Aujourd’hui […] on voudrait en faire porter le fardeau à nos citoyens. »

« Il faut garder les contrats comme ça. On ne va pas régler la crise en donnant plus d’argent aux centres de tri, mais en les forçant à trouver des solutions durables pour relancer le marché. » – Jean-François Dionne

Elle a réitéré la position officielle de l’agglomération, incluant de ce fait les cinq maires et mairesses : « Mes collègues et moi nous disons non. Cette crise n’est pas municipale, elle est bien internationale. Aujourd’hui, le monde municipal doit être uni et se tenir debout. »
Ne pouvant laisser les villes seules à elles-mêmes pour faire face à ces enjeux, Sylvie Parent demande une intervention gouvernementale concertée : « Je demande au gouvernement du Québec, à Recyc-Québec et à l’Union des municipalités du Québec de se saisir de ce dossier et de soutenir financièrement les villes confrontées à la crise du papier. »
Elle leur demande aussi de prendre des mesures afin d’améliorer la qualité des matières recyclables produites par les centres de tri et de développer des débouchés.
Pour ce qui est de Papiers MD, la mairesse le prie d’honorer son contrat, et de s’asseoir avec les intervenants afin de trouver des solutions durables.

La bonne marche à suivre

Jean-François Dionne, président de Consultation Envirovert, une entreprise spécialisée dans la gestion des matières résiduelles pour les organisations au Québec depuis plus de 10 ans, est d’avis que les municipalités ont raison de refuser de rouvrir les contrats. Pour faire face à la crise, il faudrait repenser le système plutôt que donner plus d’argent. « Il faut garder les contrats comme ça. On ne va pas régler la crise en donnant plus d’argent aux centres de tri, mais en les forçant à trouver des solutions durables pour relancer le marché », de souligner le spécialiste.
Selon lui, le problème à la base de cette crise est la qualité : « Au Québec, on est habitués de tout envoyer pêle-mêle dans le recyclage, ce qui contamine nos matières et diminue leur qualité. On peut la chercher en effectuant comme dans le temps un meilleur tri, autant à la maison, quitte à avoir plus de bacs, qu’au sein des industries. »
Il dit aussi avoir remarqué un virage vert chez les entreprises et les municipalités, qui cherchent des procédés plus écoresponsables : « Elles sont portées à modifier leurs habitudes parce que c’est aussi plus économique. C’est maintenant aux services de collecte et de tri de revoir leurs pratiques, on sait qu’on est capables de faire quelque chose. »
Il ne faudrait donc pas regarder le système des matières résiduelles comme une « business », mais plus comme un mouvement.