L’infatigable scarabée japonais

Les Montarvillois ne savent plus où donner de la tête dans leur lutte face aux scarabées japonais. Cet insecte envahisseur ravage les plantes et les astuces pour s’en débarrasser sèment la controverse. Comment s’en sortir?

Un texte de Cybèle Olivier

Cela fait une quinzaine d’années que le scarabée japonais est implanté dans la région de Montréal, mais plus récemment, la Montérégie est ravagée. L’insecte à la carapace cuivrée donne des maux de tête aux Montarvillois qui tentent de cultiver en paix leur beau jardin.

« Ce qui rend ce combat difficile, c’est que le scarabée japonais va attaquer les cultures tant au stade larvaire qu’en étant adulte. Les adultes mangent les feuilles et les larves mangent les racines. » – Étienne Normandin

Introduit vers 1910 aux États-Unis par mégarde, ce scarabée poursuit toujours son avancée dans le Québec. L’espèce exotique originaire du Japon est très difficile à contrer, puisqu’elle se retrouve partout dans l’environnement.

Particulièrement gourmand, l’insecte cuivré peut se nourrir de 300 espèces de plantes et d’arbres, laissant peu de plantations intactes. « C’est un insecte qui aime beaucoup la vigne et les plantes herbacées. Il va s’attaquer aux petits fruits, aux pommiers et à d’autres productions », a expliqué en entrevue l’entomologiste coordonnateur de la collection d’insectes de l’Université de Montréal, Étienne Normandin.

« Ce qui rend ce combat difficile, c’est que le scarabée japonais va attaquer les cultures tant au stade larvaire qu’en étant adulte. Les adultes mangent les feuilles et les larves mangent les racines », a ajouté l’expert.

L’arme de guerre

C’est ici que les choses se corsent. Qui a le meilleur truc pour se débarrasser des ravageurs colossaux? Faut-il les écraser, les aspirer, les asperger? Selon les experts, il faut plutôt utiliser des nématodes entomopathogènes. Il s’agit d’un organisme qui viendra parasiter les larves pour les éliminer. On les retrouve surtout sous forme de produit liquide qu’on peut mélanger avec de l’eau pour l’appliquer dans le sol et atteindre les larves à leur état le plus fragile.

La deuxième solution, la plus répandue, est le piège de phéromones; ce petit abri de plastique jaune que vous avez peut-être remarqué. « Extrêmement efficace, le piège dégage des phéromones sexuelles et florales qui sont très attrayantes pour les insectes. On peut facilement capturer entre 800 et 1000 scarabées par semaine. »

Malgré son efficacité, ce piège fait objet de controverse. Déjà, un piège de ce genre dans la cour attire une quantité monstre de scarabées. « Les mâles se concentrent à un endroit et une grande partie restera aux alentours », a renchéri Étienne Normandin. Selon certains, ce piège inviterait plus de voraces au même endroit que lorsqu’il est absent. Des recherches sont en cours pour prouver son efficacité. Si vous souhaitez l’utiliser, l’expert recommande que le piège soit placé à « un bon 100 mètres de vos plantations ». Mais la question est : qui a une cour assez grande pour se permettre une telle distance?

L’avis d’Étienne Normandin est clair : c’est le rôle des municipalités de déployer ces pièges et de les mettre dans des endroits stratégiques, comme les parcs, mentionnait-il.

Justement questionnée à cet effet, la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville n’a pas divulgué d’informations sur un quelconque plan de lutte envers cet insecte, le fléau des plates-bandes.

Les recherches IRDA

À Saint-Bruno-de-Montarville, c’est l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) qui se penche sérieusement sur le problème. Il mène actuellement deux missions qui lui serviront à comprendre comment réduire les populations de scarabées en étudiant leur cycle de vie et en testant divers outils qui aideront les agriculteurs à neutraliser l’insecte au bon cycle de croissance. D’ici 2021, nous comprendrons mieux comment vaincre ce coléoptère cuirassé.

QUESTION AUX LECTEURS : Êtes-vous victimes du scarabée japonais?