L’étau se resserre : Travailleurs étrangers temporaires

Dès le 1er mai 2024, l’accès au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) sera réduit.

Les permis de travail pour les travailleurs étrangers temporaires seront valides pour six mois au lieu de douze. Les entreprises pourront avoir 20 % de travailleurs étrangers temporaires (TET) et non 30 %, sauf en construction et en santé. Les travailleurs mexicains auront besoin d’un visa pour œuvrer au Canada. Ce sont quelques-unes des nouvelles directives du gouvernement fédéral.

Paysagement

L’entreprise grandbasiloise Services paysagers Dominique Filion échappe à cette contrainte puisqu’elle œuvre dans le domaine de la construction. « Ça nous touche moins, malgré que c’est embêtant pour ce qui est des délais au niveau de l’immigration », explique Catherine Filion, directrice générale adjointe des Services paysagers Dominique Filion.

L’entreprise embauche principalement des travailleurs guatémaltèques. « Pour une raison que j’ignore, leurs dossiers passent par l’ambassade mexicaine. Ça devient un problème, puisque les Mexicains devront obtenir un visa maintenant pour venir travailler au Canada, ce qui augmentera les demandes à l’ambassade mexicaine et les délais augmenteront. »

Il y a 17 ans, Catherine Filion faisait elle-même les demandes pour obtenir de la main-d’œuvre étrangère. Les délais d’attente se situaient entre quatre et six semaines. Aujourd’hui, l’entreprise grandbasiloise doit faire affaire avec une firme spécialisée en immigration pour remplir les demandes, étant donné leur complexité. Aujourd’hui, les délais d’attente sont d’environ 12 mois. « Le processus est de plus en plus complexe et long. Chaque année, c’est un stress. On se demande toujours si la main-d’œuvre arrivera à temps pour le début de la saison », déplore Mme Filion. 

Stéphane Masson, propriétaire des Services paysagers S. Masson, embauche trois travailleurs étrangers mexicains depuis l’année dernière. « C’est difficile de trouver de la main-d’œuvre locale pour ce type de travail. Après la pandémie, la main-d’œuvre a disparu. On n’a pas le choix de se tourner vers les travailleurs étrangers, explique M. Masson. Avec les nouvelles directives du gouvernement fédéral, on a été pris de court. Les travailleurs devraient arriver un plus tard que prévu à cause des visas qui sont maintenant obligatoires. »

Restauration

Chantal Bédard, propriétaire de restaurants McDonald’s, dont celui situé à Saint-Bruno-de-Montarville, a recruté des travailleurs étrangers l’année dernière. Même si elle comprend la décision du gouvernement, elle admet que cela amènera son lot de défis. « Nous essayons de moins engager à l’international afin de pallier les postes manquants dans nos restaurants, mais encore aujourd’hui, malgré le nombre croissant de candidatures, ça demeure difficile. Soit les candidats ne se présentent pas aux entrevues, soit ils ne restent pas à l’emploi très longtemps, ce qui fait augmenter le taux de roulement et le coût en formation de nos établissements. »

« De plus, le fait de réduire, de 30 % à 20 %, le taux de main-d’œuvre étrangère aura une incidence sur la stabilité et la productivité. Réduire les permis de douze à six mois n’est pas une solution intéressante dans plusieurs domaines, puisque la formation prend à peu près six mois avant qu’un employé commence à bien maîtriser son emploi », confie la restauratrice.

Johanne Houle et son fils Jordan Myall sont propriétaires du Cafellini à Saint-Bruno. Ceux-ci ont embauché un travailleur étranger, l’année dernière, venant du Maroc. Son permis est valide pendant trois ans. Les propriétaires de l’établissement déplorent la réduction de la durée des permis établie par le gouvernement fédéral. « Six mois, c’est à peine le temps de s’adapter à son nouvel environnement. Ça n’a pas de sens », explique Jordan Myall. « De plus, c’est beaucoup de travail et d’argent de faire venir de la main-d’œuvre étrangère. Ça vaut la peine, parce que c’est une main-d’œuvre qui nous assure une stabilité et c’est une main-d’œuvre de qualité. Je suis ouverte à embaucher d’autres travailleurs étrangers, mais pas pour six mois », mentionne Mme Houle.