Les premières images captées par James Webb dévoilées

La NASA dévoilait mardi les premières images captées par le télescope James Webb. Entrevue avec le directeur du développement de l’exploration spatiale au sein de l’Agence spatiale canadienne, Erick Dupuis.

« Nous avons vu des images époustouflantes, commente d’entrée de jeu le Montarvillois Erick Dupuis. James Webb nous présente le meilleur de la NASA, de l’Agence spatiale canadienne et de l’Agence spatiale européenne. »

Le télescope James Webb est le fruit d’une collaboration internationale entre la NASA, l’Agence spatiale canadienne (basée à Saint-Hubert et à quelques minutes de Saint-Bruno), et l’Agence spatiale européenne.

« Ce sont des images qui frappent l’imaginaire collectif. » – Erick Dupuis

Mardi matin, quatre clichés ont été dévoilés au monde pendant un direct d’une heure.

Une jeune pouponnière d’étoiles, NGC 3324, située dans la nébuleuse du Carène. Elle s’apparente à des « falaises cosmiques ». Saisie dans l’infrarouge par James Webb, l’image révèle des zones de formation stellaire auparavant inobservables.

Une comparaison côte à côte des observations du télescope James Webb de la nébuleuse de l’Anneau austral, dans le proche infrarouge, à gauche, et dans l’infrarouge moyen, à droite.

Le quintette de Stephan, un groupe de galaxies localisé dans la constellation de Pégasse. Quatre de ces galaxies interagissent, deux sont en train de fusionner. Le cliché contient aussi un trou noir, qui ne se voit pas, mais qui se devine par la matière qu’il aspire. Cette mosaïque est la plus grande image à ce jour de Webb.

La première spectroscopie de l’observatoire spatial, celle de l’exoplanète WASP-96 b, a aussi été révélée mardi. Une exoplanète est une planète en orbite autour d’une autre étoile que le Soleil. Son image n’a pas été dévoilée, plutôt son analyse par spectroscopie, un procédé utilisé pour déterminer la composition chimique d’un objet lointain.

En soirée lundi, une toute première photo a été divulguée en présence du président américain, Joe Biden, qui a évoqué un moment « historique ». L’image, la plus profonde prise de l’Univers à ce jour, illustre l’amas de galaxies SMACS 0723, formées quelques centaines de millions d’années après le Big Bang, soit il y a près de 13,1 milliards d’années.

« Ce qui nous a été montré mardi, ce n’est pas juste un show de boucane. Ce sont des images qui frappent l’imaginaire collectif. C’est un comité quasiment secret qui a sélectionné les clichés qui ont été révélés », mentionne Erick Dupuis.

Le directeur du développement de l’exploration spatiale au sein de l’Agence spatiale canadienne souligne que la NASA désirait, avec ces images, démontrer la capacité des instruments de James Webb et couvrir tous les spectres de la science. « La naissance et la mort d’une étoile, une nébuleuse stellaire; on a vu aussi des galaxies qui interagissent et l’image la plus lointaine de l’Univers. Ils ont balayé très large avec leurs photos », de poursuivre M. Dupuis.

Le Canada fournit au télescope un instrument scientifique et un détecteur de guidage, deux éléments importants. Le détecteur de guidage de précision permettra au télescope de cibler les objets d’intérêt et de faire la mise au point dessus.

Pour la collaboration canadienne au projet, de nombreux scientifiques du pays seront parmi les premiers à étudier les données recueillies avec cet observatoire révolutionnaire. Grâce à son implication dans le projet d’envergure, le Canada est allé chercher un temps d’observation équivalent à 5 %. « La mise en service de Webb est terminée. Maintenant, Webb va passer en opération scientifique. On va commencer à faire de la science. Les images qui seront recueillies vont mener à des découvertes étonnantes. »

Pour Erick Dupuis, trouver une planète rocheuse dans une zone habitable ou des traces de vie ailleurs dans l’Univers serait « très intéressant ». Ce qu’il qualifie de « science de civilisation ». Il précise : « Ça remettrait en question tous nos fondements. Ça remettrait en cause tout ce que l’on sait sur notre civilisation, nos croyances, notre philosophie. Ce serait un coup de pied dans nos fondations. Cela va au-delà de la découverte scientifique. »

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