Les Libanais d’ici touchés en plein cœur

Explosions à Beyrouth

Les explosions qui ont secoué la ville de Beyrouth, au Liban, la semaine dernière, a des répercussions jusqu’ici. Des citoyens de la région aux racines libanaises se disent touchés par la tragédie.

C’est le cas d’Amine Hachem, PDG de l’entreprise Hachem, dont l’une des succursales a pignon sur rue à Saint-Bruno-de-Montarville. « Sincèrement, c’est une catastrophe! Dans ma famille, nous sommes tous touchés, même si ça fait près de 40 ans que nous sommes partis », commente Amine Hachem, lorsque joint par le journal Les Versants.

Le mardi 4 août, deux explosions dans le port de Beyrouth ont secoué la capitale du Liban. Au moment d’écrire ces lignes, 149 personnes ont perdu la vie, alors que 5000 autres ont été blessées par les déflagrations. Des survivants sont recherchés dans les décombres pendant qu’on estime à 300 000 le nombre de sans-abris; « un chiffre qui fait peur », selon Amine Hachem. La tragédie a été causée par l’explosion de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium entreposées dans un entrepôt du port.

« C’est une catastrophe! » – Amine Hachem

Un bilan qui aurait pu être encore plus lourd, croit Amine Hachem, puisque le début du mois d’août correspond normalement à la haute saison touristique au Liban. « La majorité des Libanais du monde reviennent au pays à ce temps-ci de l’année, dont mes parents. Sans la COVID, on parlerait d’un événement beaucoup plus catastrophique. »

Un événement d’autant plus choquant qu’il aurait pu être évité, selon le principal intéressé. En effet, des autorités douanières, les dirigeants du port, le service de sécurité savaient qu’il y avait des risques liés au nitrate d’ammonium entreposé ainsi depuis six ans. Or, personne n’a levé le petit doigt. « Pourtant, des gens avaient déjà levé le flag pour ce hangar rempli de cette matière dangereuse », raconte l’entrepreneur.

Quelques minutes après l’événement, Amine Hachem recevait un message d’un cousin résidant au Liban et qui était situé non loin du lieu d’origine de l’explosion. C’est ainsi qu’il a appris la nouvelle. Bien que la majorité de sa famille ait quitté le Liban depuis les dernières années, il reste néanmoins des oncles, des tantes, des cousins et d’autres membres éloignés de sa famille qui sont toujours dans ce pays du Proche-Orient. « L’une de mes cousines demeurent dans une tour à condos à plusieurs kilomètres de l’endroit où il y a eu les explosions. Mais tout de même, ses fenêtres ont explosé et un mur de l’immeuble est tombé. Ça témoigne de la force de la déflagration », note-t-il.

Amine Hachem explique qu’une crise économique et des problèmes majeurs de corruption affectaient le pays depuis longtemps, avant même l’arrivée de la COVID-19. Puis le coronavirus s’est pointé dans cette région de la planète, entraînant son lot de difficultés. « Le pays est endetté. Les têtes dirigeantes prennent l’argent du peuple. La COVID n’a pas aidé. Il y a maintenant une pénurie de nourriture. Et maintenant, il y a cette catastrophe qui vient s’ajouter à tout ça. C’est choquant. Je vous en parle, et j’ai des frissons. Le peuple en général sera affecté pour les prochaines années », mentionne Amine Hachem.

Puis il ajoute : « Mon opinion personnelle, je souhaite que ça change maintenant. J’espère que cette tragédie vienne changer les choses dans le pays. Ça doit changer. »

Pendant que certains évoquent un « chaos », d’autres parlent d’« apocalypse » ou encore « d’un autre coup dur ». En attendant, l’aide internationale se mobilise, dont celle du Canada.
« C’est encourageant, c’est positif. Par contre, je souhaite que l’argent envoyé là-bas sera bien géré ou ne tombera pas entre de mauvaises mains », avance celui qui se dit très touché par la générosité et la solidarité de toute la communauté.

Quand on lui demande ce qu’il y a de positif avec son pays d’origine, Amine Hachem répond qu’il s’agit d’un peuple qui subit beaucoup de l’intérieur, mais qui arrive à reprendre le dessus.
« Des personnes au grand cœur. Un peuple dont la joie de vivre et le vouloir vivre sont reconnus, ainsi qu’aux valeurs familiales importantes. Le peuple libanais se relèvera. »

La famille Waked

Le journal a aussi contacté Simon Waked, le père d’Antoine et Gabriel, deux jeunes athlètes connus pour leurs carrières au hockey. Le gardien de but de la famille, Gabriel Waked, a d’ailleurs déjà endossé l’uniforme de l’équipe nationale du Liban. C’était en novembre 2017. Le Montarvillois participait alors au tournoi de hockey Coupe du président d’Abu Dhabi, dans les Émirats arabes unis. Gabriel Waked avait été sélectionné en tant que gardien de but partant pour la formation nationale du Liban, le pays d’origine de ses grands-parents paternels.

Au téléphone, Simon Waked souligne que plusieurs personnes les ont contactés à propos de la catastrophe survenue à Beyrouth. Or, l’homme n’est pas né au Liban, mais ici. « Avant tout, c’est d’une tristesse ce qui est arrivé, mais personnellement, je ne me sens pas bien positionné pour en témoigner. Je crois que ce serait manqué de respect au peuple libanais », répond-il.

Tout de même, M. Waked croit que ce désastre fera mal au pays. « Ce ne sera pas facile pour le tourisme et l’économie du Liban. Le peuple n’avait pas besoin de ça en plus avec tout ce qui se passe dernièrement. »

Les parents de Simon Waked sont arrivés à un très jeune âge au pays. Ils se sont rencontrés pour la première fois au Québec, au début des années 60, alors que lui avait 18 ans, elle en avait 16. Son père est aujourd’hui décédé ainsi que ses grands-parents paternels. Sa mère, cependant, demeure ici sur la Rive-Sud (Montréal).

Par ailleurs, Simon Waked souhaitait organiser depuis quelques années un périple au Liban avec la famille. Or, en raison du hockey et du travail de chacun, c’est un rêve qui n’avait pas encore pris forme, jusqu’à cette année. Or… il y a eu la COVID-19. « C’était le moment parfait. Les enfants sont plus vieux, les gars étaient libres tout l’été, sans hockey. Tout avait été planifié pour partir. À cause du virus, il a fallu remettre nos plans à plus tard. Avec ce qui vient d’arriver, on ne risque pas d’y retourner avant l’année prochaine », déplore le père de famille.