Les femmes et la politique

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, des élues de Saint-Bruno-de-Montarville et de Saint-Basile-le-Grand témoignent de la vie en politique.

« C’est dommage qu’une personne qui aime son emploi doive se résigner à démissionner car les défis de son travail mettent sa santé en péril », exprime la conseillère du district 4 à Saint-Bruno, Nancy Cormier. 

Au cours des derniers jours, il a beaucoup été question de démissions dans le monde de la politique municipale. Le 22 février, c’était au tour de la mairesse de Gatineau, France Bélisle, d’annoncer son départ. 

Pour l’élue du district 1 à Saint-Bruno, Louise Dion, il est dommage que des politiciens jugent leur situation intenable au point de décider de quitter leurs fonctions pour leur sécurité. Elle déplore « ces comportements malsains » et compatit avec tous les élus. « Les attaques personnelles, les menaces de mort, la discrimination et le manque de respect et de civilité sont des comportements inacceptables et déplorables », plaide Mme Dion. Pour sa part, elle évoque une expérience politique positive. Elle raconte qu’elle n’a pas subi de discrimination ou d’attaques personnelles parce qu’elle est une femme. La population, les employés de la Ville et ses collègues élus sont « dans l’ensemble, respectueux à mon égard ».

La conseillère du district 6 à Saint-Bruno, Hélène Ringuet, avait rencontré la mairesse France Bélisle en mai dernier lors des assises de l’Union des municipalités du Québec. Elle déplore aussi la situation à Gatineau. « Malheureusement, un contexte politique hostile a été décisif dans sa décision de partir pour préserver sa santé et son intégrité. C’est inacceptable et alarmant de constater que nos dirigeants sont confrontés à de tels comportements », soutient Mme Ringuet.

Élue pour un premier mandat en 2021, la conseillère du district 4 à Saint-Basile, Kim Méthot, estime que son travail se déroule bien. « J’ai la chance d’avoir des interactions respectueuses et agréables avec les citoyens, même pour des enjeux complexes ou des irritants. Saint-Basile est une communauté familiale, ouverte et chaleureuse. Ça se ressent dans les interactions avec les élus », résume-t-elle. Toutefois, la vie municipale n’est pas de tout repos, selon Mme Méthot. « Il faut avoir une certaine carapace pour composer avec les débats parfois houleux qui peuvent avoir lieu au sein du conseil. Nous souhaitons ce qu’il y a de mieux pour nos citoyens, mais nous n’avons pas tous la même vision du chemin à prendre pour y arriver. »

Nancy Cormier est d’avis qu’une élue a le même rôle que ses collègues masculins au conseil municipal, soit représenter les intérêts de la population. « J’adore mon expérience, dit-elle. Les citoyens sont respectueux, en général. Les élues exercent autant de responsabilités que leurs confrères. L’occasion d’échanger avec des élus qui ont des expertises différentes est enrichissante, et ce, même si nous ne sommes pas toujours d’accord. »

Louise Dion, qui se dit heureuse en tant que conseillère, rappelle que le rôle d’un élu est un rôle d’écoute et de représentation du peuple. « C’est une fonction publique qui nous expose à la critique, ce qui peut être difficile. Ce rôle exige des compromis, et qui dit » compromis » dit » discussions et débats « . C’est le propre de la politique! »

Enfin, Hélène Ringuet commente son rôle de conseillère municipale depuis 2021. « Mon expérience est heureusement positive. Je n’ai pas subi d’intimidation publique ou de manque de respect jusqu’à présent. J’encourage les citoyens à exprimer leurs opinions et leurs idées dans un environnement respectueux. »

L’élue du district 6 à Saint-Bruno ajoute que la démission de la mairesse de Gatineau est d’autant plus regrettable qu’elle a été annoncée à l’approche de la Journée internationale des droits des femmes. « Cette journée vise à promouvoir les droits des femmes et à mettre en lumière leurs réalisations », rappelle Mme Ringuet. 

Journée internationale des droits des femmes 

Kim Méthot est fière que le conseil municipal compte deux jeunes femmes. Selon elle, la diversité est souhaitable. « Mais il ne faut pas se leurrer. La conciliation travail-famille n’est pas simple pour les parents, la conciliation travail-politique-famille l’est encore moins. Surtout pour les mamans. L’implication politique, bien qu’elle soit souhaitable et faisable pour les jeunes femmes, est très complexe pour les mamans », témoigne la mère de famille, qui n’exclut pas l’idée d’avoir un deuxième enfant.

Aujourd’hui, au Québec, les mamans bénéficient d’un congé de 50 semaines (RQAP). Au municipal, cette pause est réduite à 18 semaines. « C’est peu, estime Mme Méthot. Surtout pour une mère qui choisit d’allaiter. » 

Le Réseau des jeunes mères au Municipal réclame du gouvernement la participation à distance, le vote par procuration et un Fonds national pour l’embauche de soutien temporaire pour les élues absentes.

« Selon moi, c’est un minimum si l’on souhaite que plus de femmes et de mères s’impliquent en politique municipale dans l’avenir », croit Kim Méthot.