Les CPE recrutent à l’étranger

Les Centres de la petite enfance (CPE) de la Montérégie vont à l’étranger pour recruter une main-d’œuvre absente au Québec.

Le Regroupement des centres de la petite enfance de la Montérégie (RCPEM) a effectué du 8 au 16 février 2020 une tournée de recrutement en France et en Belgique avec l’appui de l’Agence de développement économique Montréal international.

« Face à la pénurie sévère de main-d’œuvre pour les CPE, face à la diminution des inscriptions au programme de Technique d’éducation à l’enfance dans les cégeps et considérant l’augmentation des sollicitations, par nos membres, de notre Service de Remplacement Montérégie, le RCPEM a décidé d’organiser une mission internationale pour trouver des ressources afin de pallier ces problèmes », explique la présidente du RCPEM France Bertrand, aussi directrice du CPE Les Copains d’Abord à Saint-Basile-le-Grand.

Avec la responsable du Service de Remplacement Montérégie, Josée Dumoulin, Mme Bertrand s’est rendue à Marseille et à Bruxelles du 8 au 16 février pour rencontrer des candidats, éducateurs en petite enfance, intéressés à venir travailler en Montérégie.

Un accueil excellent

Ce sont 81 dossiers qui ont été traités sur 376 épluchés. Soixante et une personnes ont été retenues, parmi lesquelles 12 disposant de Permis Vacances Travail (PVT), ce qui leur permet de venir rejoindre les CPE de la Montérégie à court terme. Les autres étant admissibles au Processus simplifié du Québec, les démarches devraient très vite être faites pour leur donner la possibilité de venir occuper des emplois de 30 heures par semaine déjà disponibles.

« Cela fait deux ans que nous sommes en pénurie de main-d’œuvre. » – France Bertrand

« Nous avons eu de très belles candidatures. De plus, les personnes rencontrées ont déjà de très belles expériences avec un gros bagage. Nous leur avons indiqué clairement qu’une fois au Québec, c’est un service de remplacement qui leur sera proposé, nous n’avons pas fait de fausses promesses. Il y a un tel besoin, que les personnes choisies sont assurées de ne pas manquer de travail », indique au journal Mme Bertrand.

Rappelons que le Service de Remplacement Montérégie existe depuis plus de 25 ans et comble des remplacements d’éducatrices et de cuisinières dans les CPE de la région. En 2019 seulement, il a comblé deux cent cinquante mille (250 000) heures, sans pour autant satisfaire toutes les demandes qui lui ont été faites.

Le 1avril, une première personne dotée d’un PVT commencera son expérience dans un CPE en Montérégie. Les autres personnes sélectionnées devraient arriver au plus tard dans 10 mois. « C’est aussi très bien qu’elles aient du temps. Elles ont le temps de se former avant d’arriver », précise la présidente du RCPEM.

Une situation dramatique

L’organisme ne se cache pas que la situation des CPE en termes de recrutement est dramatique pour Mme Bertrand : « Cela fait deux ans que nous sommes en pénurie de main-d’œuvre. Depuis plusieurs années, on s’insurge sur des salaires qui ne sont pas au rendez-vous pour attirer les jeunes professionnels, des conditions de travail difficiles… La profession est dévalorisée comme ce l’est pour les infirmières et les enseignants. »

La profession n’attire tellement plus que des cégeps coupent des cohortes et d’autres abandonnent même de donner le programme par manque d’intérêt, soutient Mme Bertrand. C’est sans compter sur le fait que les CPE ont surtout des éducatrices en leur sein. « L’an dernier, j’ai dû trouver une solution au départ de 20 éducatrices en arrêt maternité et 9 en arrêt maladie, et chaque fois pour des choses sérieuses. Il faut dire aussi que j’ai à gérer quatre installations. On ne peut pas continuer comme ça », de souligner la directrice de CPE.

Le RCPEM réaffirme son engagement à contribuer au mieux-être des enfants et à toujours poser des actes tangibles qui permettront, à terme, d’amoindrir la pénurie de main-d’œuvre dans les CPE de son territoire. « C’est également dans cette dynamique que la mission s’est rendue dans un Lycée et dans un Centre de formation en France et en Belgique, pour convaincre les étudiants à s’inscrire dans les cégeps d’ici, au programme de Technique d’éducation à l’enfance et à bénéficier, à la fin, des offres d’emplois disponibles dans le secteur », a fait valoir l’organisme.

L’an prochain, le RCPEM prévoit déjà réitérer l’expérience afin de recruter encore plus à l’étranger.