Les cerfs de Virginie dans le mont Saint-Bruno, un sujet qui polarise

Avant que la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) annonce, la semaine dernière, son intention d’éliminer une centaine de cerfs de Virginie dans le parc national du Mont-Saint-Bruno, le sujet faisait déjà polémique depuis quelque temps.

Rappelons que la Sépaq concevra d’ici les prochains mois un plan d’intervention pour la préservation des milieux naturels afin de protéger les écosystèmes contre la surabondance de cet animal.

Une partie du cheptel de cerfs de Virginie du parc national des Îles-de-Boucherville sera aussi ciblée dans ce plan d’intervention.

Un sujet en assemblée du conseil

Le sujet du cerf de Virginie avait été évoqué quelques jours plus tôt, lors de l’assemblée du conseil municipal de Saint-Basile-le-Grand.

Un citoyen s’inquiète de la présence de cerfs sur le territoire, plutôt que dans la montagne, alors qu’ils se nourrissent de cèdres et de conifères sur des terrains privés, notamment. Une « gestion régionale de la problématique des cerfs de Virginie » a été mentionnée au cours de l’assemblée, diffusée sur la chaîne YouTube de la Ville de Saint-Basile-le-Grand. « Éventuellement, des propositions seront faites pour pallier cette problématique. Parce qu’au-delà du dommage dans les villes et chez les citoyens, c’est la montagne qui se meurt, actuellement », de déclarer le conseiller municipal du district 3, Denis Vézina.

Selon lui, si rien n’est fait d’ici 25 ans, il pourrait ne plus y avoir d’arbres dans la montagne.

M. Vézina siège aussi à la Table d’harmonisation du parc national du Mont-Saint-Bruno. Questionné par Les Versants à propos de la décision de la Sépaq, il indique : « Personnellement, je salue cette initiative, car nous assistons à une dégradation sans précédent de notre patrimoine naturel et de la biodiversité de nos parcs nationaux. On parle ici d’un contrôle de la population du cerf de Virginie et non de son extermination. »

« Cette photo cache un drame. » – Richard Laberge

En octobre 2014, un projet pilote de chasse contrôlée avait été mis en place sur l’île aux Hérons, à Montréal. Les cerfs de Virginie envahissaient l’endroit, une menace pour l’écosystème de l’île. « C’est une formule qui avait bien fonctionné », commente Denis Vézina.

Une demande électorale

Lors des plus récentes élections municipales, en automne, la Fondation du Mont-Saint-Bruno a énoncé aux élus les différents enjeux qu’elle voulait mettre de l’avant durant les prochaines années. Parmi eux, on comptait la surpopulation des cerfs de Virginie.
La présidente de l’organisme, Tanya Handa, indiquait au journal que « la population est à trois fois la capacité de charge du milieu et l’on témoigne d’une dégradation de la végétation du sous-bois ».

Selon Mme Handa, la timidité des cerfs vis-à-vis les visiteurs humains a diminué. Ce qui amène des risques pour la sécurité, lorsque des skieurs dévalent les pentes à la station de Ski Saint-Bruno ou lorsque des cyclistes se déplacent à vélo sur la montagne. « On témoigne des vélos ou des skieurs qui descendent des pentes à haute vitesse et les cerfs, qui, normalement, devraient fuir un humain qui s’approche rapidement, ne bougent plus. »

« Un drame »

Il y a quelques semaines, un résidant de Saint-Bruno envoyait à la rédaction du journal une photo prise au parc des Bouleaux, à l’angle des boulevards De Boucherville et Seigneurial. On y aperçoit près d’une dizaine de chevreuils. « Cette photo cache un drame, nous écrit M. Laberge. Il ne reste plus rien à manger pour les chevreuils dans le mont Saint-Bruno, ce qui explique leur recherche de nourriture à 1 km du parc. Par conséquent, il n’y aura plus de nouvelles repousses dans le parc et ce dernier finira tôt ou tard par vieillir et se déboiser. »

Selon ce Montarvillois, la présence des cerfs de Virginie hors du parc national représente un « problème grandissant ». Il ajoute : « Il faut commencer à préparer la population, nos élus et la Sépaq au problème de surpopulation des chevreuils, des dommages inhérents et des solutions responsables pour y remédier. Il me semble que le contrôle de la population de chevreuils au mont Saint-Bruno et les répercussions pour le parc national et les villes avoisinantes représentent un sujet susceptible de soulever de l’intérêt de la part des [citoyens], sinon des passions, et pour une bonne période de temps. »

Enfin, il y aurait eu, selon les chiffres fournis par la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ), 151 collisions avec des cerfs, entre 2015 et 2020, à Saint-Bruno-de-Montarville, Saint-Basile-le-Grand et Sainte-Julie.

QUESTION AUX LECTEURS :

Avez-vous constaté une prolifération du cerf de Virginie à l’extérieur du parc national?