Les abeilles à Saint-Bruno résistent

En 2015, Saint-Bruno-de-Montarville a implanté ses premières ruches dans le parc du Frère-Marcel-Alary, proche de la montagne. Quatre ans plus tard, les abeilles semblent bien se porter, malgré une hécatombe au pays pour l’insecte.

Retrouver des abeilles mortes dans une ruche, c’est tous les jours que cela se passe. « Une reine pond 2000 œufs et il y a 1000 naissances. La durée de vie d’une abeille est de 35 à 45 jours; forcément, il y a en partant chaque jour un millier d’abeilles qui meurent », d’indiquer Jean-François Larouche, un consultant en analyse chimique. Il y a aussi les parasites et l’hiver. « On a tendance à oublier qu’il n’y a pas d’abeilles qui viennent du Québec. Elles ont été importées d’autres pays plus chauds et se sont acclimatées aux températures d’ici. » Le varroa, « le pou de l’abeille », est l’une des causes de la diminution du nombre de ces insectes. C’est plus inquiétant, pour M. Larouche, que les pesticides à Saint-Bruno. « La Ville a interdit l’utilisation des néonicotinoïdes; de plus, en milieu urbain, il y a moins d’utilisation de pesticides. Sans compter que les ruches sont situées proches du parc national du Mont-Saint-Bruno. »

Alors, les abeilles de M. Larouche se portent bien, contrairement à ce qui se passe ailleurs au Canada. Les apiculteurs du Québec et un peu partout au Canada ont enregistré cette année de lourdes pertes. La Fédération des apiculteurs québécois en appelle même au ministre de l’Agriculture André Lamontagne, dans l’espoir d’obtenir une aide financière reliée à une mortalité d’abeilles importante. Les apiculteurs de l’Ontario vivent les mêmes problèmes.

Pour M. Larouche, il est évident que les pesticides employés dans certaines cultures sont la cause d’une très grande mortalité d’abeilles. « Mais pas pour nos ruches à Saint-Bruno. » Le consultant explique cependant qu’il y aura toujours des traces de pesticides, même dans son miel. « Les abeilles peuvent parcourir jusqu’à 5 km pour récolter le nectar des fleurs. J’ai déjà analysé le miel produit, c’est ma profession, et j’ai retrouvé des petites traces de pesticides. Ça ne peut pas être autrement. »

« On a tendance à oublier qu’il n’y a pas d’abeilles qui viennent du Québec. Elles ont été importées d’autres pays plus chauds et se sont acclimatées aux températures d’ici. » – M. Larouche.

Des ruches pour l’esprit entrepreneurial

Miel Larüche, l’entreprise montarvilloise qui veille depuis cette année sur les butineuses du parc du Frère-Marcel-Alary, est une entreprise créée par pure passion et « pour développer chez mes enfants l’esprit d’entrepreneur. Mes deux garçons de 17 ans et 13 ans aiment ça et moi, cela me permet un moment d’évasion de mon travail, qui est demandant. » Miel Larüche, c’est donc l’entreprise de ses enfants qui se rendront au marché public de Saint-Bruno-de-Montarville pour vendre leurs pots de miel.

Avec une ruche, ce sont 30 kilos de miel qui seront récoltés et donc vendus aux gens du marché.

Au moment de rencontrer M. Larouche sur le site, il devait faire la manœuvre d’insérer une reine dans l’une des ruches qui l’avait perdue. « Le printemps qu’on a eu, avec des températures froides longtemps, a fait que nous avons perdu une des trois récoltes de miel. Les pissenlits ont mis du temps à ouvrir. J’espère que la température va collaborer pour le tilleul et le trèfle pour cet été. Le miel d’automne, c’est plutôt avec la verge d’or. »

Peut de temps après, le Journal a eu la bonne nouvelle que la reine avait été acceptée par les abeilles et qu’elle avait déjà commencé à pondre.

Tout un commerce

Les abeilles sont les championnes du monde de la fertilisation des arbres fruitiers, ou d’un grand nombre de cultures. Pas d’abeilles, et les bleuets, les canneberges et autres fruits estivaux auraient beaucoup de difficulté à s’offrir aux gourmands. « Il y a un commerce de ruches nucléées au Québec. Ce sont des ruchettes en carton où se trouvent trois cadres d’abeilles avec une reine et beaucoup de couvain. Ces abeilles peuvent s’acheter au Québec. Il existe aussi des sacs d’abeilles que l’on peut acheter à l’étranger, mais ces derniers ne possèdent pas de reine, qu’il faut acheter séparément. »

Lors de notre passage, plusieurs enfants d’une garderie ont eu la chance de goûter au miel.

Le 15 septembre, M. Larouche proposera avec la Ville une animation autour des ruches. Il sera même possible de goûter au miel du moment.

Le projet de ruche urbaine à Saint-Bruno est une initiative de la Tribune Jeunesse.