Legault à Boucherville : clause dérogatoire, légalisation du cannabis et immigration

Politique

Les députés de Borduas et de Louis-Hébert, Simon Jolin-Barrette et Geneviève Guilbault ont abordé les dossiers chauds qui concernent déjà le nouveau gouvernement lors du rassemblement caquiste à l’hôtel Mortagne à Boucherville ce matin.
Le nouveau premier ministre François Legault et l’ensemble de ses candidats, élus ou défaits, étaient présents. « D’une manière décisive, les Québécois ont placé leur confiance en François Legault, dit d’emblée Geneviève Guilbault. On va devoir rester très près des préoccupations des Québécois, nos priorités restent les mêmes. »
Une de ces priorités est notamment la légalisation du cannabis qui sera effective le 17 octobre. La CAQ s’était engagée à repousser l’âge légal à consommer le cannabis à 21 ans et à interdire la consommation dans les lieux publics dans l’ensemble du Québec.
Il y a toutefois un hic, à savoir que la CAQ compte appliquer son nouveau règlement partout sur le territoire, alors que certaines municipalités ont adopté des règlements afin de permettre la consommation du cannabis dans les lieux publics, ce qui pourrait créer une confusion au niveau de l’application de la loi.
De plus, les élus n’auront pas le choix de tolérer pendant un certain temps que les 18 ans et plus puissent consommer dans les lieux publics et que les succursales de la Société québécoise du cannabis ouvrent dans deux semaines.
« On est arrivé en poste le 1er octobre, la conjonction des dates fait en sorte qu’on doit appliquer légalement la loi qui a été adoptée par le gouvernement précédent, déplore Geneviève Guilbault. Il y aura une période de transition entre les deux où il nous est légalement impossible de modifier la loi parce qu’il nous faut siéger à l’Assemblée nationale. »
Utilisation de la clause dérogatoire
Le gouvernement de Legault est également ferme sur la question de la laïcité. Celui-ci a l’intention d’adopter une loi sur la laïcité, qui interdirait notamment le port de signes religieux pour les employés de l’État exerçant un pouvoir coercitif, tels que les gardiens de prison, les policiers, et même les enseignants.
Le député de Borduas, Simon Jolin-Barrette, a confirmé que, hypothétiquement, le gouvernement pourrait avoir recours à la clause dérogatoire si il y avait des contestations juridiques sur cette loi. « On est convaincus que notre projet de loi va respecter la constitution canadienne et s’il y avait une certaine contestation on pourrait avoir recours à la clause dérogatoire, mais ce n’est pas envisagé d’entrée de jeu. »
La CAQ estime qu’il y a un consensus parmi les Québécois pour mettre de l’avant une telle loi. « Les Québécois nous ont mandaté pour s’assurer que la laïcité de l’État soit présente et qu’on se dote d’un cadre juridique pour clairement établir ça », poursuit-il.
Geneviève Guilbault a fait savoir que les employés actuels de l’État devront faire un choix, entre respecter la future loi ou se faire « relocaliser dans un poste qui ne sera pas dans une situation d’autorité », après une période de transition et de sensibilisation.
Racisme et immigration
La CAQ se fait déjà reprocher sa vision un peu plus restrictive quant à l’immigration. Certains groupes l’accusent déjà de racisme, ce que Simon Jolin-Barrette a tenu à rejeter : «Il n’est aucunement question de racisme, on démontre une grande ouverture à travers les différentes politiques qu’on va établir. »
Les félicitations de Marine Le Pen, politicienne de la droite française n’ont d’ailleurs pas été acceptées. « La CAQ et le Québec sont accueillants. On rejette toute comparaison avec Mme Le Pen et on n’accepte aucunement ses commentaires », ajoute-t-il.
La députée de Louis-Hébert a également glissé un commentaire sur la nouvelle entente qui a été conclue entre le Canada, les États-Unis et le Mexique et son impact sur les producteurs agricoles québécois. « Le premier ministre a parlé avec Mme Freeland et se sont entretenus sur cet accord, notamment sur la question des compensations, assure-t-elle. On est encore au stade de la cueillette d’information, mais on va tout faire pour protéger les producteurs agricoles. »
Même si François Legault ne s’est pas adressé aux médias, les députés ont essayé de convaincre ceux-ci que le prochain gouvernement sera « très accessible et très visible » et qu’il souhaitait adopter une stratégie de communication axée sur la transparence.