Le virus du Nil bien présent au Québec

Le virus du Nil, un virus que l’on croit lointain, est bien implanté dans les régions québécoises. Parlez-en à Carole Prud’homme. Cette résidante de Saint-Basile-le-Grand mène une lutte de tous les jours depuis neuf mois pour retrouver une vie normale.

Une piqûre de maringouin! Rien de plus banal au Québec. Une tape sur le bras, des démangeaisons pendant quelques jours et on pense que le problème est résolu. C’est sans penser au virus du Nil qui est bel et bien présent partout au Québec.

« J’étais dans mon jardin, à profiter de ma retraite acquise quelques mois auparavant quand je me suis fait piquer par un moustique. Quatorze jours plus tard, le 13 septembre 2018, je me levais paralysée d’un côté. » C’est le cauchemar qu’a vécu Mme Prud’homme l’an dernier alors qu’elle planifiait faire un tour du monde avec son conjoint.

Le virus, appelé virus du Nil occidental (VNO), a été découvert dans les années 30 en Afrique. Aujourd’hui, il est répandu un peu partout dans le monde, comme aux États-Unis et au Canada.

Le virus est surtout transmis à l’homme par le moustique. Il a été identifié pour la première fois au Québec en 2002. Il est maintenant présent dans plusieurs régions, en particulier dans le sud de la province, comme il est possible de lire sur le site des services gouvernementaux pour la santé québécoise.

« Dans la majorité des cas (80 %), les personnes infectées par le VNO ne présentent aucun symptôme. Certaines peuvent avoir des symptômes, mais moins de 1 % des personnes infectées vont développer une forme grave de maladie entraînant des troubles neurologiques pouvant provoquer la paralysie. C’est ce que j’ai eu. »

Voyant sa conjointe paralysée d’un côté, Gaétan Vanier l’a conduite au département de neurologie au Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM). « Je suis resté pendant un mois au CHUM sans savoir ce que j’avais. Au début, je pensais que j’avais fait un accident vasculaire cérébral (AVC), puis les médecins sont passés par toutes sortes de diagnostics avant d’avoir les résultats de la prise de sang indiquant que j’avais contracté le virus du Nil. »

L’évolution du virus est encore mal connue et pourtant, il progresse au Québec. En 2018, on a même constaté une année record dans les cas signalés. On peut croire que les données du ministère de la Santé sont proches de la réalité, car au Québec, l’infection au VNO est une maladie à déclaration obligatoire (MADO). Les dirigeants des laboratoires et les médecins qui détectent un cas d’infection au VNO ont donc l’obligation d’en informer les autorités de santé publique. Cependant, il est à rappeler que 80 % des personnes infectées par le VNO ne présentent aucun symptôme. Il y a fort à penser que le virus est donc bien plus implanté encore.

« S’il n’y a qu’un seul message à faire passer, c’est celui de mettre du chasse-moustiques et de se protéger des maringouins. » – Gaétan Vanier

En 2018, ce sont 201 personnes qui ont été infectées par le virus après avoir été piquées par un moustique. C’est un pic depuis que le gouvernement dénombre les cas, ce qui a commencé en 2002. Quinze décès ont été constatés en 2018.

C’est avec un manque d’information criant sur la maladie que les médecins ont indiqué à Mme Prud’homme qu’elle aurait des séquelles irréversibles. Même si Carole a vu dans le lit voisin une personne mourir après trois jours d’hospitalisation pour le même virus, elle a choisi de ne pas baisser les bras.

Un mois au CHUM, un mois dans un centre de réadaptation à Saint-Hyacinthe, pour finalement trouver une place au Centre montérégien de réadaptation (CMR) à Saint-Bruno le 21 novembre 2018, proche de chez elle.

Carole et Gaétan n’ont jamais baissé les bras, même si les deux avouent qu’il y a eu des moments difficiles à traverser. Avant sa retraite, le couple œuvrait dans le milieu de la santé, ce qui l’a aidé à garder espoir dans le rétablissement de Carole en y mettant tous les efforts requis.

« Cela a été beaucoup une question de volonté. » Aujourd’hui, neuf mois après, elle peut marcher à l’aide d’une canne, mais elle n’en a pas fini avec sa volonté de faire des progrès. « J’ai de la physio trois fois par semaine, de l’ergothérapie deux fois, je fais des exercices en piscine et j’ai acheté des électros stimulateurs. »

Maintenant que l’objectif de remarcher a été atteint par Carole, et vu qu’elle voit des progrès se réaliser encore tous les jours, elle veut regarder aujourd’hui plus loin : « Je souhaite maintenant récupérer mon permis de conduire. Et lorsque je serai capable de marcher un kilomètre, nous partons au Kenya et en Tanzanie. »

Se protéger

Ce couple de Saint-Basile-le-Grand a accepté de témoigner juste pour montrer comment une simple petite piqûre peut changer la vie d’une famille. « S’il n’y a qu’un seul message à faire passer, c’est celui de mettre du chasse-moustiques et de se protéger des maringouins », conclut le couple.

Même si Carole est aujourd’hui immunisée du virus du Nil, elle ne prend pas de risque. Elle et son conjoint ont investi dans du matériel chasse-moustiques connecté en permanence dans leur jardin.

Précautions

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) recommande aux gens de ne pas prendre de risque et de se protéger contre les piqûres. Il leur est recommandé de se servir de chasse-moustiques et de porter des vêtements longs et clairs, surtout au lever et à la tombée du jour, lorsque ces insectes sont plus actifs. Les gens sont aussi incités à bien entretenir leurs moustiquaires et à se débarrasser des eaux dormantes dans leurs cours, comme celle qui stagne dans les pots de fleurs et les bains d’oiseaux, là où les moustiques aiment bien se reproduire.