Le télescope James Webb est en orbite

James Webb a atteint son orbite finale, près d’un mois après son lancement, le 25 décembre dernier. L’observatoire spatial se trouve maintenant au point de Lagrange L2, à 1,5 million de km de la planète bleue.

Le télescope James Webb s’apprête à entamer sa mission : scruter les confins de l’univers et la formation des premières galaxies.

Le parcours pour se rendre à cette destination, au fil d’arrivée, n’a quand même pas été de tout repos pour l’engin. « Plusieurs grandes étapes ont été accomplies, rappelle le directeur du développement de l’exploration spatiale au sein de l’Agence spatiale canadienne, Erick Dupuis, contacté cette semaine par Les Versants. Les plus risquées étaient tous les déploiements requis pour déplier Webb dans sa configuration finale. »

« On ne parle pas seulement de découvertes scientifiques, mais de grandes découvertes à l’échelle de la civilisation. » – Erick Dupuis

Lors d’une précédente entrevue accordée au journal, quelques jours avant le lancement du 25 décembre, M. Dupuis avait évoqué que le déploiement des différents éléments du télescope (bouclier solaire, les trois sections du miroir…) était risqué. « Une série de mécanismes et d’opérations »; un véritable « ballet acrobatique » de quelque 345 points de défaillance potentiels.

« L’arrivée au point de Lagrange L2 signifie qu’on peut maintenant commencer la mise en service. Ces étapes ressemblent plus ce à quoi nous sommes habitués lors de la mise en service de satellites. Nous allons allumer les instruments canadiens pour la première fois [ce vendredi] 28 janvier. Dans les prochaines semaines, nous allons commencer les tests pour nous assurer de leur bon fonctionnement, les calibrer et commencer à utiliser le système de guidage pour pointer le télescope », répond le Montarvillois.

Le télescope James Webb est le fruit d’une collaboration internationale entre la NASA, l’Agence spatiale canadienne, basée à Saint-Hubert et à quelques minutes de Saint-Bruno-de-Montarville, ainsi que l’Agence spatiale européenne.

Le Canada fournit au télescope un instrument scientifique et un détecteur de guidage, deux éléments importants. Le détecteur de guidage de précision permettra au télescope de cibler les objets d’intérêt et de faire la mise au point. « Il faut comprendre qu’une infime erreur de partage de cet instrument devient une erreur gigantesque à l’autre bout », partage Erick Dupuis, qui compare la mesure à l’équivalent d’un cheveu de bébé vu à un kilomètre de distance.

L’imageur dans le proche infrarouge et spectrographe sans fente (NIRISS) aidera à étudier plusieurs types de corps célestes tels des exoplanètes et des galaxies lointaines.

Les premières images que le télescope observera devraient être partagées par la NASA d’ici le mois de juin. Grâce à sa contribution, le Canada a acquis un temps d’observation équivalent à 5 %.

Quand on lui demande s’il y a une image qu’il souhaite voir plus rapidement que les autres, le directeur du développement de l’exploration spatiale répond que c’est comme demander à des parents qui est votre enfant préféré. « N’importe qu’elle découverte fera notre bonheur! Personnellement, ce qui m’intéresse davantage, c’est l’analyse des exoplanètes et les environnements habitables », ajoute Erick Dupuis.

Car James Webb, dans sa mission d’observatoire spatial, va étudier différentes phases de l’histoire de l’univers. James Webb est une machine à voyager dans le temps. Elle pourrait percer les grands mystères de l’univers. Comment l’univers a-t-il été créée? Existe-t-il d’autres vies ailleurs? Ce genre de questionnements, qui habitent les hommes depuis des millénaires. « On ne parle pas seulement de découvertes scientifiques, mais de grandes découvertes à l’échelle de la civilisation. S’il fallait trouver de la vie ailleurs dans l’univers, ne serait-ce que des microbes, ce serait énorme! Cela remettrait en question les fondements même de la religion et de la sociologie. Ça remettrait en cause nos valeurs », insiste Erick Dupuis.

Difficile de choisir le mystère de l’univers le plus intrigant, encore moins de deviner quelle question fondamentale de l’univers James Webb réussira à résoudre en premier lieu. « Difficile à dire, admet M. Dupuis. Car je n’ai pas encore le calendrier des observations planifiées sous les yeux. De plus, ça va dépendre de la complexité des analyses associées à chacune des observations et du temps que ça prendra aux équipes scientifiques pour analyser les données. »

James Webb est l’aboutissement de plus de 20 ans d’efforts; le télescope spatial le plus puissant et le plus complexe de tous les temps. Son lancement permet de scruter les confins de l’univers, « d’observer un passé lointain pour mieux comprendre la formation de l’univers, des galaxies, des étoiles… ».

C’est le digne successeur de Hubble, en fonction depuis 1990. D’ailleurs, ce dernier est toujours fonctionnel. « Pour l’instant, commente Erick Dupuis. Il continue son petit bonhomme de chemin, jusqu’à sa fin de vie éventuelle… »

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