Le SPAL veut aider les victimes d'exploitation sexuelle à s'en sortir

Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) met en place un nouveau projet pour contrer l’exploitation sexuelle.
Le SPAL présentait aujourd’hui la nouvelle Équipe intégrée d’intervention et de soutien aux victimes d’exploitation sexuelle afin d’aider les jeunes femmes à sortir de ce milieu.
Cette équipe, constituée de Joëlle Safadi, coordonnatrice pour le volet psychosocial, et de l’agente Fanny Perras, permettra au service de police de maximiser les stratégies de sortie du milieu de la prostitution des victimes d’exploitation sexuelle et pourvoir à leur mise en charge.
Pour le SPAL, on parle ici de « changement de culture » puisque l’approche sera beaucoup plus humaine qu’auparavant. « On préconise des interventions plus sociales, basées sur les besoins des victimes », dit l’agent Ghyslain Vallières.
Le projet vise à venir en aide aux victimes de 17 ans à 25 ans, puisqu’il s’agit de la transition à l’âge adulte et elles n’ont plus accès à certaines formes d’aide. « Au moment charnière où les victimes d’exploitation sexuelle atteignent leur majorité, peu ou pas de services s’offrent à elles, comme par exemple les Centres jeunesse elles sont trop souvent laissées à elles-mêmes », explique-t-on.
Cette tranche d’âge correspond aussi à un plus gros volume de victimes dans le milieu de la prostitution.
Mme Safadi sera responsable d’assurer un suivi psychosocial des victimes adultes, et d’établir un premier contact après des jeunes filles mineures qui ont déjà fait l’objet d’un dossier d’exploitation sexuelle.

108
C’est le nombre de personne qui seraient exploitées sexuellement ou à risque d’être exploitées dans l’agglomération

Aide du gouvernement fédéral
Pour mener à bien cette mission, le SPAL a obtenu un soutien financier de 852 102 $ du Fonds d’action en prévention du crime (FAPC). Selon Fady Dagher, les fonds permettront de libérer ces jeunes femmes des principales chaînes qui les maintiennent dans la prostitution, c’est-à-dire le besoin d’argent pour se procurer de la nourriture, un logement, etc. ainsi que la pression des proxénètes.
Les différents partenaires du projet, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) Montérégie-Est et Montérégie-Ouest, la CLES (Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle) et l’organisme 2159 procureront tout ce dont les victimes ont besoin pour s’en sortir.
L’aspect légal est donc secondaire, ce n’est qu’une fois réintégrée et si tel est le désir de la victime, que la police pourra aborder la question judiciaire et policière. Le SPAL soutient toutefois qu’il maintient la pression sur les proxénètes et les clients du milieu.
Les fonds permettront également de mieux former les policiers dans les types d’intervention, notamment grâce à l’intervenante psychosociale. « Grâce à la contamination de l’expertise de Mme Safadi nous allons mieux savoir comment s’adresser à ces femmes. Dès qu’on adopte le langage du milieu, c’est le début de quelque chose qui n’existait pas. »
Quelques données
Selon les données de l’année 2018 divulgués par l’inspecteur Simon Crépeau, il y aurait environ 108 personnes prises dans le milieu de l’exploitation sexuelle dans l’agglomération. Pour la durée du projet, cinq ans, le SPAL estime atteindre 375 femmes et hommes.
On compte également environ 37 proxénètes, dont 26 agiraient directement sur le territoire.
Selon le directeur Fady Dagher, le monde de l’exploitation sexuelle a beaucoup changé depuis quelques années. Alors que la station de métro Longueuil-Université-de-Sherbrooke était un endroit de prédilection, la prostitution serait aujourd’hui beaucoup plus mobile, grâce aux réseaux sociaux et aux nouvelles technologies.
Il assure également que la plupart des victimes sont déjà connues des partenaires et du service de police lui-même. « Nous avons des listes, nous savons on peut approcher et on sera là pour les aider lorsqu’elle seront prêtes, on ne forcera personne.
Ce projet vient de voir le jour après plus de trois ans de travaux et de recherche sur des réalisations similaires partout dans le monde. Ce sont l’inspecteur Simon Crépeau et l’agent Ghyslain Vallières qui en sont à l’origine.