Le site d’Expo 67 imaginé à Saint-Bruno

Le choix du site d’Expo 67 conçu à Saint-Bruno

Il y aurait une saveur montarvilloise dans le choix du site de l’Expo 67. C’est ce que souhaite partager le Montarvillois et enseignant d’histoire, Raymond Bédard.
Raymond Bédard évoque ce fait dans un long texte publié dans la revue de la Société des professeurs d’histoire du Québec, Traces. L’élément déclencheur de son travail : une rencontre avec l’auteur Luc Désilets ce printemps, à la sortie de son bouquin Les 50 ans d’Expo 67, et dont le chapitre, Une idée volée, aborde l’histoire de M. Bédard.
Le site de l’Expo 67 a été imaginé et étudié, dès 1962, par la firme d’architectes Bédard (Bruno), Charbonneau (Charles-Émile) et Langlois (Jacques-Yves). Hors, celle-ci avait pignon sur rue à Saint-Bruno-de-Montarville. « Tout ce que je souhaite, c’est que la population sache que le concept de ce qui est devenu Terre des Hommes a été réfléchi par des concepteurs qui travaillaient à Saint-Bruno-de-Montarville. J’aimerais qu’on reconnaisse leur participation, qu’on leur rende hommage », mentionne au journal Les Versants Raymond Bédard.
Dans son article, intitulé L’histoire méconnue du site de l’Expo 67, Raymond Bédard débute avec les paroles de la chanson-thème de l’événement : « Nous te ferons la fête, sur une île inventée, Sortie de notre tête, toute aux couleurs de l’été ». Et il se demande en amorce : « Inventée… mais par qui au juste? De quelle tête a bien pu sortir cette idée enchanteresse? »

« Tout ce que je souhaite, c’est que la population sache que le concept de ce qui est devenu Terre des Hommes a été réfléchi par des concepteurs qui travaillaient à Saint-Bruno-de-Montarville. » – Raymond Bédard

Pendant six pages, dans ce qu’il appelle le « fruit d’un travail d’enquête sur l’histoire méconnue du site de l’exposition universelle de Montréal de 1967 », le professeur d’histoire de l’École d’éducation internationale de McMasterville explique avec moult détails et références médiatiques comment son oncle (car le Bédard du nom de la firme d’architectes est le même que celui de Raymond Bédard) en est venu à proposer l’endroit. « Mon oncle demeurait sur le boulevard Gouin à Montréal, et travaillait sur la Rive-Sud. Tous les jours, il empruntait Jacques-Cartier et traversait le fleuve. Il a imaginé les îles… et c’est ainsi que l’idée du projet est née », relate-t-il.
Selon lui, c’est donc aux architectes de la firme montarvilloise qu’il faut attribuer la paternité du site en question, et non pas au directeur du port de Montréal de l’époque, Guy Beaudet. Pourtant, c’est ce que le maire Jean Drapeau annonce en conférence de presse le soir du 28 mars 1963. Et ce, malgré qu’il était au courant du travail des architectes.
C’est à partir de 1962 que les étapes déboulent pour la firme. En effet, au cours de l’été 1962, elle étudie et prépare son dossier du site d’Expo 67 avec le concours de la firme d’ingénieurs Lalonde, Girouard, Letendre. Le coût de ce travail : 40 000 $. Le 27 septembre, les architectes envoient deux lettres accompagnées des résultats de l’étude approfondie du site proposé au cœur même du fleuve au ministre associé à la défense nationale, Pierre Sévigny, et au maire de Montréal, Jean Drapeau.

1963, l’année des preuves

Le 26 janvier 1963, la firme montarvilloise décide de sortir publiquement et de présenter son projet : au congrès de l’Association des architectes du Québec, ainsi qu’aux médias (le 28 janvier, articles de Jacques Guay dans La Presse et un autre dans The Gazette). En présence de plusieurs journalistes, ils exposent leur projet lors d’une conférence de presse tenue le 8 février. Quatre jours plus tard, Bruno Bédard est en entrevue avec Charles Dussault à Métro-Magazine sur Radio-Canada (http://ici.radio-canada.ca/premiere/premiereplus/societe/p/119023/expo-67-creer-son-ile). Et le lendemain, L’Écho de la Rive-Sud renseigne ses lecteurs du projet. Le 23 mars, c’est au tour de La Presse (http://collections.banq.qc.ca/lapresse/src/cahiers/1963/03/23/82812_1963-03-23.pdf) de publier un papier avec carte à l’appui pour illustrer l’idée derrière la tête des architectes œuvrant à Saint-Bruno. Pierre Nadeau, à l’émission Aujourd’hui de Radio-Canada, reçoit Bruno Bédard. Alban Flamand, animateur à l’émission Trois milliards d’hommes et vous, l’interroge également. Le Devoir publie un papier sur le projet le 25 mars et enfin, le 27 mars, M. Bédard (l’oncle) prend part à nouveau à Métro-Magazine.
« Les preuves sont là. Des entrevues ont été réalisées. Ce qui me choque dans cette histoire, c’est que la légende urbaine soit plus forte que les faits historiques et que Montréal ne réagisse pas davantage, depuis toutes ces années », poursuit M. Bédard, qui souhaite uniquement une reconnaissance au travail de la firme d’architectes.

Exposition chez Michel Picard

Tout au long du mois d’octobre, une exposition, Les origines d’Expo 67, se tiendra dans les locaux du député fédéral dans Montarville, Michel Picard (1428, rue Montarville). « J’ai été étonné et surpris d’apprendre que le format d’Expo 67 a pris naissance dans la tête de travailleurs de Saint-Bruno. Nous allons rendre hommage au travail de ces gens, car c’est tout en leur honneur », d’indiquer Michel Picard. Un 5 à 7 a lieu ce soir pour souligner l’événement.