La Rabastalière ferme ses portes

Saint-Bruno-de-Montarville

Le journal Les Versants a appris la fermeture prochaine du restaurant La Rabastalière. L’entreprise, qui a pignon sur rue à Saint-Bruno-de-Montarville, devrait cesser ses activités d’ici la fin du mois de juin.

La Rabastalière est l’un des plus vieux restaurants de Saint-Bruno-de-Montarville. L’institution fermera ses portes parce qu’elle a été vendue. « Quelqu’un nous a offert d’acheter le tout et nous avons accepté. Nous n’étions pas à vendre, et si nous n’avions pas reçu d’offre d’achat, nous n’aurions pas vendu. Mais il y a eu cette option sur la table, puis nous l’avons acceptée », explique en entrevue le copropriétaire du restaurant La Rabastalière, Marc Olivier Gavina.

« Je me vois mal servir des gens que nous côtoyons depuis des années avec des gants, un masque, une visière. » – Marc Olivier Gavina

Dans une lettre, dont le journal a obtenu copie, les propriétaires du Rabastalière s’adressent à leurs clients. « Après plus de 40 ans, nous vous disons au revoir. Depuis 1979, nous avons consacré temps et énergie pour que La Rabastalière rime avec gastronomie, détente et savoir-faire. Lors de cette aventure, vous avez fait partie de nos vies et nous des vôtres. […] Il est temps pour nous de relever de nouveaux défis », peut-on lire dans le document rédigé par les Gavina.

Norbert, Marc Olivier et Jean-Philippe Gavina profitent aussi de ce message pour souligner le travail de leurs employés qui ont contribué au succès de l’entreprise depuis les 40 dernières années.

Les dommages collatéraux de la COVID-19

Au téléphone avec Les Versants, Marc Olivier Gavina précise la raison de cette décision familiale : « Les conditions qui s’en viennent pour les restaurants… », laisse-t-il tomber.

Rappelons que les commerces de la restauration du Grand Montréal pourront rouvrir le 22 juin. « Nous voyions mal comment passer à travers notre grosse saison qu’est l’été avec toutes les restrictions qui s’en viennent. La belle saison, c’est notre vache à lait. Pas pouvoir accueillir de mariages, de célébrations, de rassemblements…, ce n’est pas logique. Nous avons reçu une bonne offre; nous n’avions pas intérêt à nous obstiner », poursuit Marc Olivier Gavina.

La décision, mûrie pendant plusieurs semaines, a été prise de concert en famille. « Nous avons pensé intelligemment », dit-il.

Dénaturer la restauration

Selon le copropriétaire du Rabastalière, la COVID-19 va transformer le monde de la restauration. « Je me vois mal servir des gens que nous côtoyons depuis des années avec des gants, un masque, une visière. Cet aspect, dénaturer la restauration, c’est venu aussi peser dans la balance. »

Quand on lui demande quels sont ces nouveaux défis auxquels la lettre adressée aux clients fait référence, Marc Olivier évoque la retraite de son père, Norbert, à 66 ans. De son côté, la suite demeure floue. « Je vais avoir 40 ans à la fin du mois. Il n’y a rien de précis coulé dans le béton. Je vais prendre quelques mois pour prendre du recul, voir les conditions de la restauration. Je souhaite prendre mon temps; je n’envisage pas de retour à court terme. »

Enfin, celui qui est presque né en même temps que le commerce de son père, évoque des souvenirs qui resteront gravés longtemps. « Nous avons vu des enfants être baptisés ici. Aujourd’hui, ces enfants sont parents. Nous avons embauché de jeunes plongeurs de 16 ans qui sont aujourd’hui des dirigeants d’entreprises. Plusieurs générations sont passées par ici. La Rabastalière, ça va au-delà du restaurant; c’est une histoire d’humains qui côtoient d’autres humains. »

D’ici sa fermeture, La Rabastalière demeurera ouvert du jeudi au samedi jusqu’à la fin du mois de juin en proposant des plats pour emporter à ses clients. « Ça nous permettra de voir des visages, de dire au revoir. Je crois que c’est important de terminer avec une date; ça rend la chose plus agréable que de partir sans laisser de traces », conclut le jeune homme de 40 ans.

Une histoire de famille

C’est en 1979 que Norbert Gavina s’installe à Saint-Bruno-de-Montarville pour fonder un des premiers grands restaurants de la Montérégie, La Rabastalière. L’endroit offre d’abord les classiques français de la cuisine. Plus tard, le fils cadet, Marc Olivier se joint à l’aventure en tant que copropriétaire. Grâce à sa vision, jumelée à l’expertise du père, l’entreprise entre dans une nouvelle ère. Les classiques demeurent, mais la cuisine adopte une tangente plus contemporaine et une ambiance plus décontractée.

QUESTION AUX LECTEURS :

Quels souvenirs conserverez-vous du restaurant La Rabastalière?