Le #metoo des joueurs de hockey

Entraîneurs abusifs

Les entraîneurs au hockey sont sous les projecteurs depuis quelques semaines. Qu’en pensent Hockey Québec et les associations de hockey mineur de la région?

Depuis la semaine dernière, le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) demande l’aide du public afin d’entrer en contact avec toutes personnes qui pourraient avoir été victimes de François Lamarre, un ex-entraîneur de hockey mineur. Arrêté le 3 décembre, le résidant de Greenfield Park est accusé d’infractions d’ordre sexuel, allant de la grossière indécence à l’agression sexuelle complète à l’endroit de jeunes garçons âgés de 9 à 16 ans. Un autre entraîneur de hockey mineur, Samuel Beaugé-Malenfant, fait face à une trentaine de chefs d’accusation pour une série de délits à caractère sexuel (voyeurisme, production de pornographie juvénile, contacts sexuels sur des enfants âgés de moins de 16 ans…). Il a été arrêté le 4 novembre à Boucherville.

Association du hockey mineur de Saint-Bruno

« Personnellement, je trouve ça assez dégueulasse, insiste le président de l’Association du hockey mineur de Saint-Bruno-de-Montarville, Daniel Rousseau. À l’Association, on vérifie nos bénévoles le plus souvent possible. Tous les trois ans, tous ceux qui pourraient avoir un lien avec les joueurs sont filtrés à la police, pièce d’identité à l’appui. »

Néanmoins, Daniel Rousseau affirme qu’il est très rare que des incidents soient survenus depuis son entrée en poste, il y a 15 ans. Or, il se souvient de quelques situations. Une fois avec un entraîneur, et à deux reprises avec des parents, où le président de l’organisme sportif a dû intervenir et rencontrer ces personnes. « C’étaient des cas de colère, observe-t-il. L’instructeur, notamment, avait “pété une coche” dans le vestiaire. Pour des comportements semblables, il faut intervenir rapidement pour ne pas que ça devienne une habitude. »

Par contre, il n’a jamais entendu parler ou vu des situations d’abus sexuels auprès des joueurs de l’Association. Des précautions sont toutefois prises au sein de ces organisations, rappelle-t-il. « Il y a toujours trois ou quatre entraîneurs dans une formation sportive, un gérant aussi. Et les parents sont proches. Un “coach” ne reste jamais seul dans le vestiaire avec les joueurs. »

« Les vieilles méthodes de chantage psychologique pour performer, c’est du passé. » – Daniel Rousseau

Daniel Rousseau compare aussi les époques, entre celle des années 80-90, et celle des années 2000. D’après lui, les gens sont plus conscients de ces histoires aujourd’hui. « Les vieilles méthodes de chantage psychologique pour performer, c’est du passé. De nos jours, les jeunes sont assez réveillés et plus au fait que moi je pouvais l’être lorsque je chaussais les patins. Un entraîneur qui crie après quelqu’un, ce n’est pas normal pour eux », de noter Daniel Rousseau.

Association du hockey mineur de Saint-Basile

Questionné par Les Versants, Laurent Lemieux, président de l’Association du hockey mineur de Saint-Basile-le-Grand, abonde dans le même sens. « On essaie de demeurer le plus vigilant possible. » Les entraîneurs sont rencontrés en début de saison, question de souligner l’importance d’être au moins deux en présence des athlètes. « C’est une méthode qui protège autant les enfants que les instructeurs », mentionne Laurent Lemieux.

Pour sa part, l’Association du hockey mineur de Saint-Basile collabore avec la police pour des enquêtes annuelles. Entraîneur, gérant, administrateur… tous ceux qui sont associés de près ou de loin aux enfants dans l’organisme doivent se plier à l’enquête. « Dans mon historique, je n’ai jamais été confronté à une telle situation. Je me croise les doigts pour que ça n’arrive pas », observe-t-il.

Lors des rencontres annuelles avec les parents, l’Association rappelle aussi l’importance de laisser les enfants s’exprimer et de se montrer ouverts.

Hockey Québec

Du côté de Hockey Québec, la directrice des communications, Marie-Joël Desaulniers, répond que la priorité est de s’assurer que les jeunes soient en sécurité et d’éviter les débordements. « Évidemment, Hockey Québec n’est jamais heureux de ces histoires. On ne se réjouit pas de ça. On veut éviter ces situations. »

Pour prévenir de tels incidents, Hockey Québec se réfère à sa Politique d’abus et de harcèlement, mise à jour en septembre dernier, de même qu’à son Code d’éthique. Il y a aussi une formation obligatoire, « Respect et sport », sur laquelle l’entité sportive mise. « Les entraîneurs sont au fait de cette formation. Ils apprennent comment interagir auprès des jeunes, les comportements à adopter dans diverses situations, incluant le harcèlement », de poursuivre Marie-Joël Desaulniers, qui salue la collaboration du gouvernement et de la ministre à l’Éducation, au Loisir et au Sport, Isabelle Charest. Rappelons que la ministre a présenté en février dernier le « Guide de gestion de cas au hockey concernant les comportements inacceptables impliquant les parents ».

Dans la LNH

Le congédiement de Mike Babcock, l’entraîneur-chef des Leafs de Toronto dans la Ligue nationale de hockey (LNH), survenu en novembre, a fait débouler une série de révélations.

D’abord concernant Babcock lui-même. Après son licenciement, d’anciens protégés de l’instructeur ont soutenu avoir subi des comportements jugés abusifs de sa part. C’est le cas de Johan Franzen, Mike Commodore ainsi que l’attaquant vedette actuel des Leafs, Mitch Marner. L’entraîneur-chef des Flames de Calgary, Bill Peters, a remis sa démission à l’organisation canadienne de la LNH après les révélations d’un ancien joueur. Akim Aliu l’accuse d’avoir utilisé des propos racistes il y a plus de 10 ans. L’incident se serait produit dans le club-école de Chicago. Une enquête a été menée aussi au sein des Blackhawks de Chicago pour le cas de l’entraîneur adjoint Marc Crawford. Celui-ci aurait asséné un coup de pied à Sean Avery au moment de leur séjour avec les Kings de Los Angeles. Enfin, l’entraîneur des Stars de Dallas, Jim Montgomery, a été limogé hier pour conduite jugée inappropriée.

QUESTION AUX LECTEURS :

Avez-vous déjà été témoins de comportements jugés inacceptables dans le sport mineur?