Le maire se dit victime d’intimidation

Au dernier conseil municipal, le 13 mai dernier, le maire de Saint-Bruno a profité de sa tribune lors de la période d’intervention des élus à la fin de la séance pour dénoncer le fait qu’il est victime d’intimidation.

Martin Murray affirme subir la hargne des conseillers de la nouvelle majorité depuis quelques mois. En entrevue avec le journal Les Versants, le maire a accepté de donner plus de détails sur le type d’intimidation dont il serait la victime : « Depuis janvier, les choses ont perdu le contrôle. Je suis victime de violence verbale et de harcèlement psychologique de la part de certains conseillers. »

Il cite en exemple une fois où un conseiller aurait dit « le bâton va s’allonger chaque mois pour frapper plus fort afin d’amener le maire à démissionner » lors d’une séance plénière entre élus en avril. « Ce n’est pas compliqué, à chaque séance plénière, on subit des attaques. »

Le conseiller municipal Vincent Fortier est d’accord avec ce que le maire avance : « Ça va trop loin les insultes, le rabaissement, le harcèlement, etc. Ces gens sont prêts à n’importe quoi pour avoir la peau du maire. Dans n’importe quel environnement de travail, ça ne passerait pas. »

Du côté des élus indépendants, la conseillère municipale Marilou Alarie souhaite diluer les allégations. « M. Murray essaie de mettre la faute sur les autres, il joue carrément à la victime. Je pense que la responsabilité va dans les deux sens, et que s’il y a du harcèlement et de la violence verbale, il n’est pas le seul. »

Elle ajoute : « Je suis prête à demander que les assemblées plénières soient publiques, enregistrées, pour qu’on cesse de faire ce genre de propagande selon laquelle il y aurait des abus et de porter des accusations gratuites. De toute façon, je pense que ce qu’on voit en public, ça donne quand même une petite idée de ce qui se pourrait se passer. »

Elle dénonce également la manière de faire du maire qui profite de sa tribune à la fin de la séance pour lancer des accusations et faire des règlements de compte, alors que personne ne peut répliquer.

« Ce n’est pas compliqué, à chaque réunion plénière, on subit des attaques. »

– Martin Murray

Poursuite en voiture
Le maire dit ne plus être capable d’accepter cette situation, surtout depuis le 29 avril dernier, où une élue l’aurait suivi en voiture après la séance extraordinaire. Le maire en a fait mention aussi lundi dernier, toutefois sans nommer la personne. Il s’agirait ici de Marilou Alarie. « Je devais me rendre au il Martini pour mon souper d’anniversaire, mais j’ai vu qu’une voiture semblait m’attendre en sortant du stationnement de l’hôtel de ville et me suivait, raconte-t-il. J’ai essayé de voir si on me suivait en faisant un détour, je me suis rendu jusqu’à l’hôtel de ville de Longueuil et on me suivait encore, jusqu’à ce que j’entre dans le stationnement. »

Martin Murray dit avoir appelé Vincent Fortier en chemin, chose que ce dernier confirme : « Il m’a appelé en panique pour me dire qu’il pensait qu’il était suivi, alors j’ai appelé la police et je lui ai dit de faire de même. » Une fois arrivée sur les lieux, la police serait allée dans la direction pointée par le maire vers le véhicule en question pour découvrir qu’il s’agissait de la conseillère municipale.

Questionnée par le journal Les Versants, celle-ci réfute l’accusation du maire, et donne sa version des faits: M. Murray et moi avons quitté l’hôtel de ville en même temps le soir du 29 avril. Il dit s’être senti suivi entre l’hôtel de ville et le restaurant, c’est moi qui était derrière lui. Il dit ensuite avoir emprunté plusieurs rues dans Saint-Bruno et il était toujours suivi par moi. »

Selon elle, cette histoire de poursuite ne tient pas la route. « C’est complètement faux, de mon côté, j’ai quitté l’hôtel de ville pour me rendre directement à Longueuil. Est-ce que M. Murray était au courant que j’allais à Longueuil ce soir là? C’est la question que je me pose. »

Le journal Les Versants a tenté de vérifier l’exactitude des faits avec le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), toutefois ce dernier dit être dans l’impossibilité de fournir quelconque information.

Marilou croit que cette histoire s’agit d’une diversion: « Il y a un dossier qui fait couler beaucoup d’encre, c’est celui du Riopel et on est en pleine élection. Je vois que c’est une façon pour lui de faire diversion, et tout ce que j’ajouterai, c’est que les rues de Saint-Bruno et de Longueuil ne lui appartiennent pas et ça se peut que je les emprunte moi aussi. »

Martin Murray aurait fait une déposition aux agents de police le soir du 29 avril. Toutefois, selon lui, cette plainte n’aura pas de suite.

Le maire prétend alors ne plus tolérer les « écarts de conduite » depuis ces événements : « Je n’accepterai plus aucun comportement comme ça qui nuit à mon intégrité ou celle des élus. Je ne laisserai rien passer. »

Rappelons qu’en ce moment, le conseil municipal est dans un exercice de consolidation avec une firme externe afin de régler la crise.