Le développement de l’aéroport Montréal – Saint-Hubert soumis à une consultation publique

La mairesse Catherine Fournier et le député Denis Trudel s’unissent pour la tenue d’une consultation publique concernant le développement de l’Aéroport Montréal – Saint-Hubert Longueuil. Une initiative soutenue par le maire de Saint-Bruno-de Montarville. L’aéroport s’agace d’une consultation que les gestionnaires disent déjà faire.

En avril 2021, le plan de l’aéroport Montréal – Saint-Hubert Longueuil était clair et était appuyé par la mairesse de Longueuil du moment, Sylvie Parents. La vision à long terme de l’administration aéroportuaire est de faire de Longueuil une ville dotée d’un aéroport international. À la dernière phase du projet en avril 2021, Charles Vaillancourt, président de l’aéroport, envisageait « un million de passagers par année. C’est 3 % du volume projeté à Dorval en 2030. Cela représenterait 50 vols par semaine. L’aéroport deviendra le plus accessible au grand public ».

Une consultation plus large
C’était sans compter sur l’élection de novembre dernier à la Ville de Longueuil, qui a vu Catherine Fournier prendre le siège de Mme Parent. Cette semaine, Mme Fournier a annoncé vouloir une vision plus claire de l’acceptabilité sociale entourant le projet d’un agrandissement de l’aéroport. En parallèle à la consultation menée par Développement Aéroport Saint-Hubert Longueuil (DASH-L), la mairesse souhaite mettre en place une consultation publique indépendante plus large. « En février prochain, l’Office de participation publique de Longueuil (OPPL) sera officiellement créé et le premier mandat qui lui sera confié sera de se joindre aux démarches entamées par mon collègue Denis Trudel, député du Bloc Québécois de la circonscription fédérale de Longueuil—Saint-Hubert, afin de mener une consultation concernant le développement de l’aéroport », a indiqué dans un communiqué la mairesse.

Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Ludovic Grisé Farand s’est « réjouit qu’il y ait des consultations pour des enjeux aussi sensibles que cela. Plus on consulte, mieux c’est. On travaillera main dans la main avec DASH-L. » Rappelons que la proximité de l’aéroport avec la Ville de Saint-Bruno cause bien des tracas à plusieurs résidents qui se plaignent du bruit. C’est également le cas à Sainte-Julie et à Longueuil. « Même si une réunion à ce sujet est prévu avec les maires de l’agglomération de Longueuil en février, je ne suis pas surpris de cette volonté de consulter la population. Mme Fournier l’avait déjà indiqué lors de sa campagne », précise M. Grisé qui voit cette annonce d’un bon œil.

Réaction de l’aéroport
Très rapidement, l’aéroport a réagi à son tour par un communiqué indiquant « sa surprise », quant à cette annonce de Longueuil, montrant son agacement et précisant que Longueuil n’a aucune compétence sur ses installations.

« Depuis plusieurs années maintenant, DASH-L travaille activement à développer ses installations aéroportuaires tout en conciliant le mieux possible les impératifs de sécurité  aérienne, sociaux, environnementaux et  économiques propres à un développement durable, et ce, dans le respect de l’encadrement légal qui relève de la compétence exclusive du gouvernement fédéral. »

Pour M. Vallancourt, qui est aussi résident de Saint-Bruno-de-Montarville « c’était clair dans la plateforme électorale de Mme Fournier. C’est pour cela que je ne suis pas étonné qu’elle propose cette consultation. C’est important de consulter la population, mais c’est ce qu’on fait déjà. On l’a fait une première fois en 2020 pour l’implantation de notre programme de développement et nous avons mis en place une deuxième consultation citoyennes sur notre site qui prendra fin le 10 février. » Il est possible de s’y inscrire à YHU participations citoyenne (https://yhu-participation-citoyenne.com/)

« Par contre je suis un peu surpris que la Ville ne nous ai pas contacté avant d’annoncer cette consultation en plein milieu de la nôtre. On pourraît croire que Longueuil pense qu’on ne prend pas en compte l’opinion des citoyens. »

Consultation indépendante
La mairesse de Longueuil reconnaît leaconsultation menée par DASH-L, même si elle remet en cause son indépendance. « La consultation que nous proposons est complémentaire à la consultation en ligne de DASH-L qui manque d’indépendance et de transparence. Leur consultation est très nichée. Mais ce n’est pas forcément de la responsabilité de DASH-L de mener une consultation plus large que celle qu’elle a mené. C’est à nous de le faire. Il faut pouvoir suggérer des modifications aux différentes questions concernant le développement de l’aéroport portant sur l’environnement, le bruit ou encore l’économie. Il y a eu des rencontres à plusieurs reprises avec DASH-L. Je ne pense pas qu’il y ait de surprise que j’aille de l’avant avec l’OPPL et je compte bien travailler en collaboration avec eux. »

Acceptabilité sociale
Quant à la compétence fédérale à gérer un aéroport, M. Farand Grisé et Mme Fournier s’entendent pour dire qu’ils ont leur mot à dire. « Le gouvernement fédéral n’appuiera pas un projet sans le soutien des municipalités. Il y a également les députés fédéraux de la région qui seront là pour relayer notre message. Au mois de février, nous parlerons de cette consultation à la table des élus de l’agglomération de Longueuil afin d’impliquer les autres maires. Je sais que les Villes de Saint-Bruno-de-Montarville et Sainte-Julie sont concernées par l’aéroport de Longueuil, comme Greenfield Park à Longueuil», de préciser Mme Fournier.

Pour M. Grisé Farand « oui les aéroports sont de compétence fédérale, mais le gouvernement du Canada s’attend à ce qu’il y ait derrière chaque projet une acceptabilité sociale. Connaissant la mairesse de Longueuil, toutes les personnes qui voudront participer à cette consultation le pourront. »

Des visions différentes
Pour M. Vaillancourt « il y a des citoyens très actifs contre le bruit de l’aéroport, mais pour l’instant la population qui s’est exprimée pour améliorer l’offre de service de l’aéroport afin de proposer des vols à bas coût à l’aéroport et beaucoup plus nombreuses. »

Pour Mme Fournier, « il faut trouver un moyen d’améliorer le vivre-ensemble entre l’aéroport et la population de la Rive-Sud, particulièrement chez nous à Longueuil. Cet aéroport a une valeur symbolique importante pour notre communauté. Il s’agit du tout premier aéroport au Canada et nous pouvons en être fiers. L’histoire et le patrimoine qu’il représente doivent être davantage mis en valeur. Il y a toutefois un équilibre délicat à respecter dans le contrat social avec la population et en tant que mairesse, je dois mettre avant tout l’acceptabilité sociale comme condition aux projets de développement. »

Rappel
Rappelons que DASH-L a dévoilé l’an dernier les grandes lignes de son plan de développement qui propose la bonification de vols régionaux et à destination d’autres villes canadiennes, mais aussi des vols internationaux offerts par des transporteurs au rabais vers les États-Unis, le Mexique et les Caraïbes. Selon DASH-L, ce plan pourrait créer 5 000 emplois, attirer un million de passagers par année et entraîner des retombées économiques d’un milliard de dollars d’ici 2037.