Le débat s’allonge

Il va sans dire que le boisé des Tilleuls et le développement immobilier qui le menace, le projet Riopel, demeurent un enjeu central dans la campagne électorale actuelle. Mais ce projet est aussi au cœur des débats au sein du conseil municipal de Saint-Bruno depuis quelques mois. On en a eu l’exemple à la séance de lundi dernier, où les conseillers ont débattu sur une suite de propositions impulsives pendant plus d’une heure.

Alors que le sujet ne figurait pas à l’ordre du jour au début de la séance, la conseillère municipale Marilou Alarie a réclamé un suivi concernant la demande de Plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) du projet Riopel.

Selon Mme Alarie, l’objectif était de s’assurer que les citoyens obtiennent des réponses à leurs questions de la séance d’avril, mais aussi de faire bouger les choses. Dans cette optique, son homologue du Parti montarvillois, Isabelle Bérubé, a proposé de mandater le Service d’urbanisme de la Ville à déposer diverses études. « Je veux une caractérisation environnementale du milieu, je veux avoir toutes les informations sur la bande riveraine, a-t-elle soulevé. Je veux savoir où sera le parc des Tilleuls, si le parc ne va pas là, où on va le faire. Je veux toutes les études dont nous avons besoin pour prendre une décision. » À cela se serait également ajoutée une étude de circulation après que plusieurs citoyens se sont dits inquiets de l’augmentation de trafic qu’il y aurait.

Ses collègues se sont montrés d’accord avec l’idée. « Ça va nous permettre de recevoir une quantité impressionnante d’informations », a soutenu Vincent Fortier.

Toutefois, des membres de la nouvelle majorité trouvaient que suffisamment d’études sont déjà à la disposition de la Ville « La caractérisation du boisé a été faite en 2016 lorsque toute la caractérisation des boisés et des milieux humides a été faite à Saint-Bruno et Mme Bérubé ne l’a pas considérée comme intéressante à conserver », de démontrer Jacques Bédard, quoiqu’Isabelle Bérubé n’était pas d’accord.

Un mandat pour l’acquisition

La demande d’études a finalement été battue une fois que Caroline Cossette a rappelé le caractère trop spontané de la chose, en mentionnant que, pour un point qui n’était même pas à l’ordre du jour, plusieurs propositions possiblement coûteuses étaient soulevées. « On s’apprête à voter sur un ensemble d’études et on n’a aucune idée combien ça coûte et dans quoi on s’embarque », a-t-elle fait réaliser.

Pour Marilou Alarie, cette demande pour des études complémentaires cachait une tentative afin de gagner du temps. « Je ne crois pas vraiment que de recevoir des études de circulation et de caractérisation va faire en sorte qu’on ne voudra plus protéger ce milieu-là. Je pense que l’intention première, c’est de le conserver, alors qu’est-ce qu’on fait pour le protéger? C’est l’acquisition, il n’y a pas 50 façons. »

« Je souhaite la protection du parc, mais ce n’est pas comme ça que je veux m’y prendre. »

– Isabelle Bérubé

La conseillère a alors proposé de mandater le directeur général de préparer et soumettre une offre d’acquisition de gré à gré et négocier une indemnité à être versée au propriétaire du terrain. Cette approche vise la même fin que la méthode proposée par Isabelle Bérubé le mois dernier, qui avait proposé un avis de dépôt d’une réserve foncière aux fins de parc public, suggérant l’expropriation via la création de ladite réserve.

La suggestion était toutefois jugée comme imprudente par le parti du maire. « Je trouve qu’elle est prématurée, c’est imprudent de la part du conseil de faire un tel mandat, il faut être plus prudent dans la gestion de fonds publics, a dénoncé Isabelle Bérubé. Je souhaite la protection du parc, mais ce n’est pas comme ça que je veux m’y prendre. »

Le directeur général par intérim, Roger Robitaille, a alors suggéré comme première étape de chercher une évaluation du terrain avec le Service d’évaluation de l’agglomération de Longueuil, puisque d’aller négocier avec le promoteur engagerait trop la Ville. Finalement, c’est cette proposition qui a été adoptée par tous les membres du conseil municipal.

Marilou Alarie se disait satisfaite de l’impact qu’a eu son intervention : « On voit que ça a fait avancer un peu le dossier, j’étais partie pour faire juste un suivi et le point s’est terminé par une résolution, ce n’est quand même pas rien, on a mandaté le DG de faire une évaluation. », conclut-elle.

Une photo du projet

Durant les échanges, Marilou Alarie a demandé au maire de projeter une image du projet Riopel qu’elle a obtenue aurpès du promoteur.

Celle-ci disait vouloir montrer aux citoyens que le promoteur prévoit un espace vert à côté de son projet: « Il ne faut pas masquer la réalité, il faut que les citoyens sachent qu’il y a un parc autour du projet, il n’est jute pas encore aménagé pour qu’il soit accessible. »

Pour le maire, ce geste est inacceptable, puisque l’image n’a pas été soumise à la Ville. « Je suis estomaqué, c’est la première fois que je vois un conseiller municipal interférer auprès d’un promoteur pour présenter des images qui n’ont pas été soumises à la Ville », s’est-il emporté. «Si ça avait été moi on aurait exigé ma démission. »

Marilou Alarie a donc décidé de publier l’image sur sa page Facebook de conseillère municipale.