L’art de faire parler les objets connectés

Ne cherchez pas ce que signifie Motsai, il n’y a aucune explication particulière à ce nom d’enseigne qui, en toute discrétion, confectionne à Saint-Bruno-de-Montarville notre futur.
Réalité virtuelle, téléphone intelligent, écran tactile, vêtement connecté … voilà le champ de compétences de Jean-Samuel Chenard, président de Motsai. Doctorant à Mc Gill en microélectronique, ce Montarvillois a commencé à travailler de chez lui en 2003. « Dans mon garage, pendant mes études, nous faisions de la vente en ligne de produits électroniques. En 2009, lorsque nous sommes arrivés à Saint-Bruno, j’ai continué mon commerce dans le sous-sol de ma maison. Depuis 18 mois, nous occupons ce local à Saint-Bruno, car de 2003 à aujourd’hui, nous sommes passés de ma femme et moi dans l’entreprise à 10 employés », explique M. Chenard. Et l’entreprise prévoit d’ici un an créer cinq nouveaux postes.
Motsai est une firme de fabrication et de consultation dans le domaine des capteurs à basse consommation énergétique qui intègrent la capture de mouvement et d’orientation, l’analyse des données sur puce et la communication sans fil. Leur principal champ d’activité est dans le domaine de l’électronique « wearable », des systèmes d’Internet des objets et des capteurs industriels intégrants.

« Depuis 18 mois, nous occupons ce local à Saint-Bruno, car de 2003 à aujourd’hui, nous sommes passés de ma femme et moi dans l’entreprise à 10 employés. » – Jean-Samuel Chenard

En gros, Motsai tente de faire parler les objets de notre quotidien. Motsai grandit aussi vite que ses puces électroniques se miniaturisent. Depuis leur local sur la rue Marie-Victorin, l’ancienne usine d’assemblage de l’entreprise automobile française Renault, ingénieurs en électronique, en physique, en programmation se triturent les méninges pour trouver des applications industrielles à leur ingéniosité.
« Notre spécialité est d’étudier le mouvement des objets. Dans une rondelle de hockey, par exemple, avec la technologie que nous développons, il est possible de mesurer la performance d’un lancer pour l’améliorer. Nous pouvons récolter toutes les données qui indiquent la manière à laquelle la rondelle se déplace dans l’espace après un frappé. La même chose pour le football. Il est possible d’équiper le ballon pour mesurer plusieurs critères comme le temps de vol, sa trajectoire toujours dans l’objectif de s’améliorer », indique M. Chenard.
Les compétences de Motsai sont aussi applicables au concept de ville intelligente ou connectée. Déjà, plusieurs municipalités en font un cheval de bataille, comme Montréal, qui utilise l’électronique pour gérer les utilisations du vélo en libre-service Bixi par exemple, pour optimiser le stationnement ou encore pour permettre un meilleur service de déneigement du domaine public. De plus en plus d’objets sont connectés et ce n’est qu’un début.

L’objectif industriel

Dans un tout petit circuit électronique, plusieurs données peuvent être transmises à distance. De plus en plus d’industriels souhaitent connaître l’utilisation de leur bien afin d’optimiser leurs produits, ou connaître les besoins et les habitudes de leurs clientèles afin de les satisfaire. C’est là que Motsai entre en jeu. « Il y a beaucoup d’informations dans le mouvement qui sont assez lourdes à traiter. Nous proposons de faire une synthèse des données collectées pour le client. Cependant, il y a le Conseil canadien des normes qui encadre de manière très rigoureuse ce qu’il est possible de faire en termes d’objets connectés. Les données recueillies sont cryptées », précise le président de l’entreprise.
L’entreprise a des clients prestigieux en Amérique du Nord et plusieurs autour de Montréal et de la Rive-Sud. « Il y a beaucoup de technologie qui indirectement va être vendue aux États-Unis. Nous avons été présents au CES cette année pour présenter ce que nous faisions en termes de réalité virtuelle. (NDLR : Le Consumer Electronics Show, ou CES, est le plus important salon consacré à l’innovation). Nous travaillons aussi sur la texture que nous tentons de reproduire dans une réalité virtuelle. La technologie a d’ailleurs été inventée à l’Université McGill et nous en avons acquis les droits pour l’améliorer. »

Un travail de collaboration

Motsai collabore beaucoup avec les universités québécoises et profite parfois de leurs installations afin de tester leurs produits à plus grande échelle. L’entreprise reçoit également la collaboration d’IVÉO, un technopôle sur les transports durables et intelligents mis en place per Développement économique Longueuil (DEL) dans l’agglomération de Longueuil.
Le technopôle IVÉO agit comme un centre de réflexion proposé aux entreprises et aux municipalités afin de développer de nouvelles technologies pour améliorer la fluidité de la circulation.