La conduite au 3e âge

Dans un contexte où la population est de plus en plus vieillissante, la Fondation CAA-Québec a décidé de venir en aide aux personnes âgées afin qu’elles continuent de conduire en toute sécurité.
En 2016, la Montérégie a observé une augmentation de 21 % du nombre de victimes de la route chez les personnes âgées par rapport aux cinq dernières années. La fondation a donc fait la tournée « La bonne conduite n’a pas d’âge » dans plusieurs résidences de personnes âgées au Québec, dont deux en Montérégie, soit au Domaine Harmonie Chartwell à Boucherville et au Manoir Brossard.
Les employés de CAA-Québec ont réalisé plusieurs ateliers sur les positions de conduite ergonomique, les bonnes habitudes de conduite, la sécurité routière et sur ce qui se passe lorsqu’on révoque le permis de conduire. Les résidants ont pu tester leurs connaissances et leurs réflexes dans un simulateur de conduite qui recréait diverses situations routières.

« […] Des fois, les personnes sont assez en santé pour utiliser leur auto, mais elles ne devraient pas quand même parce qu’elles ont peur. Ça pourrait les aider à avoir moins peur et prendre des trucs. » – Un résidant du Manoir Saint-Bruno

Les habitudes de conduite évoluent avec l’âge

Les réactions étaient unanimes, tous les participants étaient épatés par les simulations, même si certains les ont trouvées difficiles. Une résidante qui devait effectuer un stationnement parallèle a avoué avoir des difficultés et se disait stressée. Avec les explications de l’instructeur et la simulation, elle s’est rassurée. L’objectif de la campagne n’est pas de dire aux aînés qu’il faut jeter la serviette quand ils sont rendus à un certain âge, mais bien de se rappeler et de pratiquer les notions de base.
Selon Daniel Fortier, parfois quelques ajustements du siège et des rétroviseurs font toute la différence. « Plus on vieillit, plus nos mouvements sont limités, comme ceux du cou. Une personne âgée qui ne peut plus tourner la tête comme avant a de la difficulté à faire ses angles morts, donc on lui apprend à positionner son siège et ses miroirs pour compenser cette limitation », explique-t-il.

Identifier ses limites

La plupart des participants ont également affirmé que ce sont plus les facteurs extérieurs, comme les piétons et les autres usagers de la route, qui les stressent. « Même dans le simulateur les autres autos me stressaient et dans la vraie vie, je n’aime pas ça non plus parce que ça va trop vite », développe une résidante du Domaine Harmonie Chartwell.
Par contre, chaque situation est différente. Au Manoir Saint-Bruno, un résidant âgé de 91 ans a toujours son permis de conduire après avoir passé les tests demandés par le gouvernement. Cet homme, qui a conduit toute sa vie pour le travail, n’a pas peur de prendre le volant aujourd’hui. « J’aime ça sortir mon auto pour faire mes petites commissions et j’espère continuer longtemps, raconte le résidant. Je sais qu’un jour je vais devoir redonner mon permis, mais pour l’instant, je n’ai aucun problème. »
Selon lui, certaines personnes sont capables de reconnaître leurs limites et cessent de conduire de manière volontaire, mais ce n’est pas toujours le cas. « Mon opinion, c’est que ceux qui veulent conduire une auto doivent être en bonne santé, explique-t-il. Il y en a ici qui ont eu des restrictions et qui ont dû donner leur permis : ils se sont fâchés contre le gouvernement, ils ne peuvent pas accepter ça, ce n’est vraiment pas facile. »
Lorsqu’informé de l’initiative de CAA Québec, le résidant est d’avis que cela pourrait bénéficier à la communauté. « C’est bien, parce que des fois, les personnes sont assez en santé pour utiliser leur auto, mais elles ne devraient pas quand même parce qu’elles ont peur. Ça pourrait les aider à avoir moins peur et prendre des trucs », poursuit-il.
La directrice générale du Manoir Saint-Bruno Angela Parent est également de cet avis, elle s’est même dite ouverte à faire des séances similaires auprès des résidants. « C’est sûr que les aînés pensent au jour où il va falloir cesser de conduire, car c’est un deuil quand même important, dit-elle. Toutefois, généralement, ils sont capables de voir leurs limites, mais on aimerait les aider là-dedans. »