La bibliothèque de Saint-Bruno jette des livres par dizaines

Le journal a constaté ce matin que plusieurs bacs de recyclage affiliés à la bibliothèque étaient remplis de livres.

Le jeudi à Saint-Bruno-de-Montarville, c’est la journée du ramassage des bacs bleus. Aujourd’hui, devant la bibliothèque municipale, le recyclage était beaucoup plus lourd que d’habitude.

Des dizaines de livres en bon état, identifiés comme appartenant à la bibliothèque, occupaient au moins deux des contenants présents sur la dizaine qui attendaient à être ramassés.

« J’espère que la bibliothèque, avant de jeter les livres, a cherché à les offrir à des personnes ou des organismes. » – Vincent Fortier

Comme la bibliothèque jouxte l’École De Montarville, ce matin, des centaines d’élèves du primaire, accompagnés de leurs parents, devaient emprunter un chemin passant devant des conteneurs ouverts montrant les ouvrages en bon état, prêts à être déchiquetés.

Rencontré sur les lieux, le conseiller municipal Vincent Fortier, également professeur en philosophie, a été surpris de constater la même chose que le journal. « C’est sûr que les livres, c’est précieux. Ce n’est pas une image que l’on aime voir. Je sais que la bibliothèque procède de temps en temps à l’élagage d’ouvrages qui sont moins d’intérêt et il y a une mise en vente pour des sommes modiques. J’espère que la bibliothèque, avant de jeter les livres, a cherché à les offrir à des personnes ou des organismes. Et si ce n’est pas le cas, je vais vouloir m’assurer qu’à l’avenir, ce soit fait. »

Sans trop chercher dans le bac de recyclage, il a été possible de voir un classique de la littérature sur le dessus de la pile avec L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux de Nocholas Evans, ou encore des ouvrages datant de 2013 comme Anonymous de Mary Louise Kelly, ou encore Souvenance de Pauline Delpech.

Des organismes non contactés

Tous les organismes que le journal a pu contacter aujourd’hui nous ont indiqué que la bibliothèque de Saint-Bruno ne leur avait rien proposé récemment ou même que cette démarche n’avait jamais été entreprise. Nous en avons joint plusieurs, à Saint-Bruno, qui ont une bibliothèque et qui proposent à leurs membres une expérience de lecture.

La Maison des jeunes nous a dit clairement que la bibliothèque ne leur a jamais proposé des livres. « C’est dommage, car nous avons une bibliothèque à la Maison des jeunes », nous a relaté la coordonnatrice de la Maison, Caroline Gauthier.

Le Club de l’âge d’or de Saint-Bruno, affilié à la FADOQ, nous a informés de la même manière que la bibliothèque ne lui proposait pas de livres. « Jamais la bibliothèque ne nous a proposé de livres. Ce sont les gens qui nous les apportent. Actuellement, nous n’en avons pas besoin, mais nous serions ouverts à ce que la bibliothèque nous propose à l’occasion des livres », nous rapporte la présidente, Diane Aubin.

La Société d’histoire de Montarville a déclaré au journal qu’elle « n’aurait pas la place pour recevoir des livres, mais on ne nous en a jamais proposé de la part de la bibliothèque ».

Au Centre d’action bénévole Les p’tits bonheurs, il a été difficile de nous confirmer si oui ou non la bibliothèque proposait des livres en ces lieux. « La personne qui s’occupait de la chose n’est plus avec nous depuis novembre. Mais je sais que nous ne prenons pas dans notre boutique les livres publiés avant 2000. Ceux que nous recevons, nous les envoyons à une fondation à Montréal », a soutenu Louise Fleischman, présidente du CAB.

L’École De Montarville a également été contactée pour savoir si la municipalité proposait des livres de temps en temps à l’établissement et cela ne semble pas être le cas non plus.

Pour la commission scolaire des Patriotes elle nous indique qu’ « il arrive que certaines bibliothèques municipales approchent nos écoles pour faire des dons de livres. Lorsque c’est le cas, nos bibliothécaires évaluent la pertinence de ces livres et font une sélection pour s’assurer que ces derniers répondent aux besoins pédagogiques de nos élèves. Toutefois, rien n’est recensé à la commission scolaire et chaque école gère ce genre de demande de leur côté. »

La Ville de Saint-Bruno a indiqué dans un courriel que » Lorsque la bibliothèque a besoin d’élaguer ses livres, elles les offrent en priorité à des organismes. Elle peut aussi les vendre aux usagers à des prix très abordables. » Cependant la municipalité ne nous a pas indiqué les organismes qui étaient sollicités. La Ville a précisé quant aux livres dans les bacs bleus observés qu’ils » ont soit des moisissures, ont été mouillés,  endommagés,  tâchés, ont été refusés par les organismes sollicités ou sont demeurés invendus pendant des mois. La bibliothèque ne met pas des livres qui pourraient avoir une deuxième vie à la récupération, ils sont offerts aux organismes, utilisés pour les croque-livres ou la vente de livres. «